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Le Royaume-Uni censure le porno en ligne « non conventionnel »

Dans le cadre du projet de loi numérique, et pour protéger ses jeunes ouailles des contenus choquants, le Royaume-Uni entend soumettre la pornographie en ligne à ses règles de conformité, sous peine d’être interdit.

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American Pie

Le royaume de Sa Majesté entend s’immiscer dans la vie privée de ses concitoyens d’une bien étonnante manière. Désormais, certains contenus pornographiques proposés en ligne n’auront plus droit de cité, car considérés comme non conformes aux scènes autorisées par le British Board of Film Classification (BBFC), l’organisme qui évalue la classification des films, de la télévision et des jeux vidéo rapporte The Guardian.

La section du projet de loi numérique, Digital Economy Bill, relatif à la protection des mineurs face à l’exposition à des contenus pornographiques a été modifié en ce sens a annoncé la secrétaire à la culture Karen Bradley.
Les FAI auront ainsi l’obligation de bloquer l’accès à des sites jugés inappropriés par le BBFC ou qui ne mettraient pas en place une vérification stricte de l’âge des internautes pouvant accéder à leur contenu. Les contrevenants risquent d’être bloqués sur l’ensemble du territoire.

Un porno conventionnel ou rien

Les citoyens britanniques ne pourront plus accéder à des sites web proposant des vidéos de fessées, de coup de fouet, ou toute scène sadomasochiste, violente, d’urophilie, mais aussi de menstruation et d’éjaculation féminine ou encore des scènes de sexe en public. Autrement dit, tout ce que le régulateur n’a pas autorisé dans sa classification (vidéos à la location ou à la vente) depuis 1984.

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Nymphomaniac

Le ministère de la Culture explique ainsi vouloir transposer les mêmes « règles et garde-fous » du monde réel au monde en ligne.

Pour les défenseurs de la liberté d’expression et sexuelle, cette initiative est une ingérence dans la vie sexuelle des gens, d’autant que certaines scènes n’ont rien d’illégal et relèvent des goûts de chacun.

Le Royaume-Uni est pro-actif sur la censure

« Bien qu’elle soit officiellement conçue pour renforcer les directives [de l’Obscene Publications Act de 1959, loi britannique relative à l’obscénité], dans la pratique elle trace des lignes bien plus restrictives, et pour beaucoup d’entre elles inexplicables. L’interdiction de l’éjaculation féminine en est un exemple particulièrement étrange », estime ainsi Jerry Barnett, militant de la liberté d’expression et auteur de Porn Panic!, un livre qui revient que le mouvement de censure du sexe et de la pornographique au Royaume-Uni.

Ce n’est donc pas la première fois que l’État sépare le bon grain de l’ivraie, ce type de réglementation a abouti à des « ententes bizarres » entre les producteurs et le régulateur, explique Barnett, comme la « règle des 4 doigts » qui, comme son nom l’indique, limite à 4 le nombre de doigts qui peuvent être insérés dans un orifice pour provoquer une stimulation sexuelle…

Si le Guardian rappelle qu’il n’existe aucune liste définitive des actes sexuels interdits par la BBFC, nombre de producteurs de films X expliquent avoir été forcés de couper des scènes jugés non conformes par le régulateur.

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18 commentaires
  1. Le conventionnel des uns n’est pas forcément le conventionnel des autres. Censure à la con sérieux … Et il vont faire quoi ? Bloquer youporn ?

    1. Où comment avoir tort..
      Déjà en 2014 le parlement avait légiféré sur le sujet.
      Et qui était 1er ministre? Notre ami David Cameron..
      David Cameron? Un facho du brexit?
      Certainement pour cela qu’il a démissionné lorsque le royaume-uni a quitté l’UE logique…

      1. Non : tout ce qui vise à imposer sa “normalité” aux autres est facho !
        Bientôt une liste des positions acceptables : missionnaire, levrette et lotus ; le reste sera interdit…
        Sérieux, c’est quoi leur problème avec les menstruations ?? si c’est pas complètement misogyne ça…

        1. Bonne mise au point !… Par ailleurs, le fascisme rampant de l’ex-empire brit depuis les années 50 a été dénoncé à bien des reprises !… La période des “Teddy Boys” ( traduit en France par “Blousons Noirs” ! ) fut celle de véritables “escadrons” paramilitaires de voyous, chargés d’agresser les meetings “communistes” ( protégés par la police ) . Comme en France, le mouvement de la Jeunesse , avec les Beatles comme “portes-paroles” , fut une révolte face aux réacs de la censure !… ( Chez nous, ce furent “Salut les Copains” et la mode “Yé-Yé” qui s’éclatèrent en Mai 68 ….) . Aujourd’hui, à peine la loi d’espionnage est promulguée que les fachos se jettent à la curée …

        2. Ne somme nous pas tous le facho d’un autre?
          Admettons que ma “normalité” soit la zoophilie. Cette pratique est interdite, car dans la “normalité” de ceux qui ont voté cette loi ce n’est pas une pratique acceptable. Ils ont la imposé leur “normalité” sont-ils des fachos?

          Ce que ne dit pas l’article c’est qu’il en va aussi de la SECURITE POUR LES MINEURS (du moins ce sont aussi des raisons avancées par la ministre de la culture). Notamment l’accès tellement simple et non contrôlé sur internet.
          Si tu ne peux combattre internet et son accès libre, beh tu combats les mœurs, peut-être est-ce là leur méthode?

          Quand j’étais jeune le porno était plus soft la sodomie était une pratique “hard” maintenant c’est la “norme” ou du moins banale.

          Pour rappel les premières images porno sont, en moyenne, visionnées entre 10-13 ans.
          Si j’avais des enfants et qu’ils regardaient du porno chose très difficile à controler. Je préférerai que ce soit un porno “acceptable” plutôt qu’un fistfucking.
          Car quand vous allez sur un site porno une vidéo type “soft Brigitte Lahaie”
          (grosso modo) est possiblement juste à coté d’une vidéo BDSM.

          C’est plus complexe, je pense, que ” oh c d facho il veule kon bése kan micionère”

          1. La protection de l’enfance est une question importante, mais c’est différent de décider quel porno est conventionnel. Des outils de contrôle parental sont développés et rendus accessibles. Quand j’étais plus jeune il y avait des solutions payantes et assez pénibles; maintenant, ces outils sont natifs et faciles à mettre en place (après, que le gamin réussisse à le craquer parce qu’il est malin, c’est une autre histoire).

            Ainsi, dans le cas de la protection de l’enfance face à des contenus pornographiques (quelle qu’en soit la nature), peut-être que l’action efficace se trouverait dans la sensibilisation des parents à ces questions et à l’existence de systèmes de contrôle privée (c’est-à-dire au sein des foyer) plutôt que public (on coupe certains contenus pour tout le monde : on est en plein dans le combat contre l’accès libre à internet), et aussi peut-être au contrôle de ce qui est affiché dans la rue (on s’est plaint des images montrant deux homos se faire un câlin dans la dernière campagne de sensibilisation contre le SIDA, alors qu’on ne moufte pas devant les images hyper érotisées de femmes pour vendre parfums et lingerie, et ce sur l’espace public).

            La question de la zoophilie pose surtout problème parce qu’elle concerne un autre être vivant manifestement non consentant, et peut mettre en danger la vie de la personne qui la pratique.

            Entends-moi: je ne défends pas le porno bec et ongle. Mais si on commence à bloquer ce genre de contenus parce que ça n’est pas “conventionnel” (terme relatif s’il en est), ou qu’on commence à bloquer les sites djihadistes parce qu’ils sont “suspects”, on peut très facilement (à terme) tordre la loi pour bloquer certains contenus pour des raisons politiques : sites de contestation, blogs féministes, pages facebook pour une manifestation, etc.
            Alors que si on donne aux citoyens le moyen de se protéger ou de protéger leurs enfants de certains contenus qui ne leur sont pas destinés (ce qui est le problème, en effet, d’internet), on donne à chacun le moyen de réagir à un phénomène qu’on sait gérer parce qu’on le comprend mieux.

      2. Ouais, comme “Tout ce que je ne comprends pas n’est pas conventionnel donc interdit.”

        En attendant, je n’ai pas l’impression que les gang bang et autres vidéos qui entretiennent la culture du viol soient visées par ces mesures salutaires pour la bonne morale.
        Edit: ah tiens, selon le Huffington Post la question du consentement entre en compte, c’est déjà ça.

        1. si tu vas par là, des femmes aiment aussi les gang bang, rien à voir avec la culture du viol…
          (corrige moi après si j’ai mal compris le sens de ta phrase mais j’ai compris gang bang= entretien de la culture du viol; ce qui à mon avis n’est pas le cas puisque les femmes qui le pratique sont consentantes)

          1. Il faut éviter de faire des généralités en effet. J’imagine (j’espère) que les actrices et les femmes qui s’adonnent à cette pratique sont consentantes et font cela parce que ça leur plaît.
            Cependant, c’est plus complexe, et je vais essayer d’y aller par étapes.
            – Comme la grande majorité des pornos (y compris lesbiens), il s’agit de films pensés pour satisfaire un désir masculin. L’orgasme féminin est calqué sur celui masculin (atteinte d’un climax et puis plus rien), et la logique du film est celle d’un homme prenant une femme.
            – Une bonne partie des scénarios de pornos vont plus loin car ils mettent la femme dans une position d’infériorité, voire de faiblesse. En effet beaucoup de films commencent par un viol auquel la victime finit par prendre plaisir. Ce qui donne au spectateur l’impression que à force d’insister, ça finira par plaire)
            [Le viol est d’ailleurs un fantasme, que ce soit chez l’homme ou chez la femme. Il y a sans doute des études là-dessus mais il faut que je les retrouve]
            – Aussi esthétisé qu’il puisse être, le gang bang met en scène une situation de viol collectif (aussi dans son nom qui en accentue à la fois la violence et la dimension de rapport de force) et ce même s’il y a consentement initial: le rapport de la femme qui est soumise à un groupe d’hommes participe de la dimension excitante de la vidéo.
            Je rappelle qu’on parle de films pornos, faites par des acteurs et des actrices, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Il ne s’agit donc pas d’analyser la réalité mais de voir ce que ces films nous disent en termes de représentations et, par conséquent, ce qu’ils impriment chez nous comme système de pensée dans la manière de voir le rapport hommes-femmes.
            – Tous ces éléments (la dimension androcentrée du porno, la forte présence du thème du viol dans le scénario des films ainsi que sa résolution dans le plaisir qu’en tire la victime, et la violence physique et symbolique que suggère un gang bang [on pourrait d’ailleurs parler d’autres types de films, bien sûr]) tendent à banaliser le viol en le rendant sans conséquence et, ainsi, contribuent à entretenir la culture du viol. Sans compter l’inversion des rôles à laquelle on assiste très souvent dans les cas de viol collectif: la femme devient celle qui a provoqué (“elle l’a cherché”, etc.) la libido de personnes qui n’ont pas pu se contrôler : la victime devient coupable.

            Voilà, j’espère avoir été clair. J’ajoute que je ne détiens sûrement pas la vérité mais que de nombreuses études féministes ont mis le doigt sur cette question et l’ont étudiée mieux que moi.
            J’ajouterai que ma conclusion n’a pas pour but de contester la pornographie (il ne s’agit pas de l’interdire) et qu’il est normal de trouver ces pratiques qui, dans ce contexte, permettent au spectateur d’assouvir un fantasme sans y participer (ce qui est plus généralement le but d’un film porno). Le problème est la surreprésentation de ce schéma de domination, qui confirme et renforce le schéma de domination dans lequel notre société s’inscrit.

            Cela étant, je suis ouvert à la discussion, donc n’hésite pas !

          2. c’est rare de voir quelqu’un argumenter comme ça; c’est plus intéressant que les coms habituels; personnellement je ne suis pas fan de ce genre de films et des pornos en général je suis d’accord avec toi sur le fait qu’ils ne représentes en rien la vie réel et sont le plus souvent bas de plafond, stigmatise les femmes,etc…
            Mais ce n’est plus trop représentatif du porno de nos jours beaucoup plus axé sur l’amateur et là ton argumentation tient beaucoup moins la route car les amateurs n’ont rien à vendre; ils partagent un bout de leur vie et fantasmes..
            je te l’accorde les pornos à l’ancienne ont pu avoir un effet pervers sur les pratiques des gens mais perso quand je tombe sur un porno amateur où tu vois des libertins s’envoyer en l’air et y prendre du plaisir, l’image du viol de me vient pas en tête et ne me donne aucunement l’idée de reproduire leurs délires… suffit d’être un temps soit peu équilibré dans sa tête!
            j’pense que qu’il y ait un impact sur quelqu’un (j’entends par là pousser au viol) il faut déjà que le gars (ou la femme! ne faisons pas de discrimination! ^^) ait déjà un grain…
            c’est pareil pour les jeux vidéos, les films, etc…
            Le problème de base n’est pas le medium mais plutôt qui le regarde.

            ps: concernant “la surreprésentation de ce schéma de domination” j’ai cru remarquer qu’il y a une grosse tendance à inverser ce schéma; on voit de plus en plus d’hommes soumis par leur femme alors qu’il y a encore quelques années ceci était quasi inexistant

  2. “comme la « règle des 4 doigts » qui, comme son nom l’indique, limite à 4 le nombre de doigts qui peuvent être insérés dans un orifice pour provoquer une stimulation sexuelle”

    Je suppose qu’il y a déjà des sites spécialisés dans le fist-fucking par des mecs amputés d’un ou plusieurs doigts ? 😀

  3. Depuis que le RU est sortis de l’UE tout se passe mieux pour eux, et des lois cohérentes arrivent.

    Vivement le FREXIT 🙂

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