Les « photobombs » de Starlink sur les images de télescope enragent les astronomes
Il n’y a pas que vos photos de vacances qui soient gâchées par des incrustations. Les images prises par des télescopes astronomiques subissent aujourd’hui le même sort à cause du passage dans le ciel étoilé des satellites Starlink d’Elon Musk.
Lancer des milliers de satellites dans l’espace, pour former un réseau Internet d’un nouveau genre : une innovation, certes, mais à quel prix ? La semaine dernière, l’entreprise aérospatiale d’Elon Musk a envoyé soixante nouveaux satellites Internet Starlink en orbite basse de la Terre. Et ce n’est que le début : la Commission fédérale des communications des États-Unis a autorisé Space X à envoyer jusqu’à 12 000 appareils de ce type. L’entreprise, elle, compte à terme étendre ce chiffre à 40 000. Pour rappel, son objectif est de déployer sur le territoire américain puis le reste du monde un service Internet non-astreint aux contraintes purement terrestres. Elon Musk a prouvé son fonctionnement sur Twitter le mois dernier. Cependant, la formation de cette constellation de satellites-serveurs vient de démontrer son impact négatif sur l’un des domaines de prédilection de Space X, l’astronomie. Deux astronomes travaillant à l’observatoire de Cerro Tololo au Chili se sont plaint d’interférences produites par le passage des satellites Starlink et l’importante lumière blanche qu’ils émettent. Sur Twitter, Clarae Martínez-Vázquez et Cliff Johnson ont posté des images prises lors de leur utilisation du télescope DECam (pour « Dark Energy Camera »), rendues complètement obsolètes par les « photobombs » involontaires des satellites Starlink.
Here’s the Starlink plagued DECam frame: #FieldOfSatTrails pic.twitter.com/TyFSJO9LKR
— Cliff Johnson (@lcjohnso) November 18, 2019
« Nos observations avec le DECam ont été touchées par 19 satellites (et) leur parcours a duré plus de cinq minutes », explique Clarae Martinez-Vasquez. Cette nuisance potentiel avait été soulevée en juillet dernier par les chercheurs du futur télescope LSST (« Large Synoptic Survey Telescope »), installé à vingt kilomètres de Cerro Tololo. Ce dernier a été construit pour étudier les plus proches astéroïdes mais aussi les supernovae et la matière noire. « Le premier groupe de satellites Starlink brille suffisamment – durant l’aube et le crépuscule lorsque le LSST sera en action – pour que son passage excède le taux de saturation des capteurs et génère des artefacts incorrigibles dans nos données », soulignaient-ils dans un communiqué. Néanmoins, d’après le New Scientist, Space X serait prêt à peindre ses futurs satellites Starlink en noir afin de moins impacter les travaux des astronomes.