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Tokenisation de la Joconde : l’union entre l’art et la blockchain ?

50 milliards : c’est le prix auquel est estimée la Joconde de Léonard de Vinci. Si Jeff Bezos pourrait s’offrir ce joyau du patrimoine français en ne dépensant qu’un tiers de sa fortune, c’est loin d’être le cas du commun des mortels. Mais imaginez que demain, grâce à la blockchain,vous pourriez devenir propriétaire d’un morceau de la Joconde, c’est tentant non ?

Des tokens NFT au service de l’art

 NFT (non fongible token) : on qualifie de non fongible un token qui est unique et parfaitement identifiable.

Si l’œuvre la plus célèbre du monde est aujourd’hui la propriété de la France et réside au musée du Louvre, la représentation de Mona Lisa pourrait bientôt être distribuée en portions uniques à de multiples acheteurs grâce à la technologie blockchain. C’est du moins aujourd’hui une hypothèse envisageable techniquement parlant grâce aux tokens non fongibles (NFT). Il s’agit de jetons uniques et identifiables émis sur la blockchain Ethereum. Ces derniers sont ainsi particulièrement adaptés aux objets de collection, puisqu’ils permettent de créer l’unicité, et donc la rareté, recherchée par les collectionneurs. C’est d’ailleurs de cette manière que sont définis les tokens non fongibles sur le site officiel de l’ERC-721 (qui fait office de standard pour ce type de tokens).

L’émission de NFTs dans le domaine de l’immobilier existe déjà depuis plusieurs années bien que pour des raisons souvent légales et/ou juridiques, ce marché n’est pas encore très développé. Alors pourquoi ne pas appliquer cette technologie au monde de l’art et de la culture ? Ce projet, qui paraît fou pour certains, est pourtant bien réalisable. Pour preuve, certains artistes ont déjà fait se rencontrer l’art et l’univers blockchain ces dernières années. C’est le cas notamment de Kevin Abosch et de sa Forever Rose, tokenisée et répartie sous forme de jetons numériques entre les mains de 10 collectionneurs en 2018, pour un montant total de 10 millions d’euros. Plus célèbres encore, c’est sous cette forme que les fresques parisiennes du street-artist Pascal Boyart (bien connus dans l’écosystème cryptos français) ont pu être monétisées. On comprend donc que les NFTs pourraient à l’avenir être une source de croissance et de démocratisation de l’écosystème blockchain.

Fresque de PBOY -Pascal Boyart / Photo de Doalex

De là à tokeniser la Joconde, l’idée semble un peu folle, voire invraisemblable. C’est pourtant la proposition faite par Stéphane Distinguin, CEO de Fabernovel, et étayée par Albert Dessaint, consultant et analyste chez Blockchain Partner. Si l’idée volontairement provocatrice de ses deux hommes donnerait des sueurs froides aux adeptes d’art, il faut tout de même y voir une réflexion cohérente. De nombreux arguments avancés montrent en effet que la technologie rendrait de nombreux services au domaine de l’art et de la culture. Les passionnés d’art et les collectionneurs s’accordent à dire que ce qui fait la valeur d’une œuvre, c’est son inaliénabilité. Ils voient donc, dans la vente et le partage d’un chef-d’œuvre comme la Joconde, une hérésie. Toutefois, la tokenisation et les NFTs représentent aujourd’hui l’alternative la plus fiable pour rendre une œuvre immuable. Grâce à la technologie sous-jacente, basée sur la blockchain Ethereum, la Joconde pourrait devenir encore plus inaliénable qu’elle ne l’est déjà.

Pour s’en convaincre, prenons un exemple. Qu’adviendrait-il si par malchance l’œuvre était détruite ? Ce serait une catastrophe et c’est un scénario que nous ne préférons pas imaginer. Néanmoins, la blockchain apporte une solution à cette éventualité. En tokenisant la Joconde, on la rendrait immortelle ; jamais plus elle n’aurait à se soucier de ce genre d’inquiétude. Par ailleurs, les jetons émis pourraient s’échanger de pair-à-pair, instantanément et de manière sécurisée. Mais la Joconde elle-même resterait dans sa vitrine au Louvre, si bien que le musée en aurait toujours la possession physique.

Au-delà de ces considérations techniques, la distribution de la Joconde sous forme d’actifs numériques, aurait aussi un intérêt financier pour le monde de la culture. Et si la vente de Mona Lisa servait à financer de nouvelles œuvres ? L’hypothèse n’est pas absurde. On pourrait voir dans la tokenisation d’œuvres anciennes une sorte de mécénat technologique. L’idée est du moins à méditer.

Ce nouveau modèle économique pour le marché de l’art reste à l’heure actuelle qu’une option envisageable. Les réticences des collectionneurs ou amateurs seront certainement encore un frein à l’association de l’art et de la technologie blockchain. Mais une chose est sûre, lorsque ces verrous seront levés, la technologie sera prête à soutenir ce projet. Par ailleurs, nul doute non plus, qu’avec son esprit avant-gardiste, s’il l’avait connu, il y a fort à parier que Léonard de Vinci aurait participé d’une manière ou d’une autre à la démocratisation de la blockchain et de ses applications.

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10 commentaires
  1. C’est quand même merveilleux, a aucun moment dans cet article une réponse est apportée à aucune des questions.
    En quoi tokeniser un tableau rendrait le tableau “immortel” ? Si le tableau est volé ou abîmé, est-ce qu’on doit aussi donner nos token à la personne qui les volés ?
    Si je “possède” des NFT de ce tableau, suis-je donc responsable de son entretien ? de son assurance ? Si des token sont perdus on fait quoi ? on perds un morceaux du tableau (en cas de perte d’un disque/mot de passe ou autre) ? Va-t-on me demander mon avis sur ce qui doit etre fait avec le tableau?
    Si le bien est totalement décoléré des tokens en question ce n’est ni plus ni moins que des vignette panini de collections à la sauce crypto avec un sticker “sponsor officiel” dessus.
    L’apport d’un objet spéculatif de plus je vois, mais en quoi ça “aide le monde de l’art” je cherche encore car c’est déjà bien spéculatif comme ca…
    Et encore, c’est sans prendre en compte le fait que rien n’empêche d’émettre à nouveau une nouvelle salve de “token uniques” par la suite.

    Bref ce n’est rien qu’un buzz marketing d’une société qui vends des tickets (pour rappel ce tableau comme tous les autres sont des bien inaliénables du domaine public par la loi, une vente en morceau est donc assez loin)

  2. “LesCryptoCestLeMal”, on sait d’avance qu’il y aura de l’objectivité dans ce commentaire. 😅

    C’est un article informatif. Si le sujet t’intéresse, fait des recherches. Et si tu es meilleur que les rédacteurs, propose tes services au lieu d’écrire des commentaires de 30 lignes, ça sera certainement plus intéressant pour tout le monde.

    Au début de l’article, c’est écrit “imaginez que demain”, forcément qu’il y a pas toutes les réponses à ces questions. D’ailleurs c’est aujourd’hui ce qu’il manque au NFT, un cadre juridique plus précis. C’est nouveau, ça va se développer petit à petit.

    Evidemment que c’est un buzz marketing le fait de parler de la Joconde. Si on parlait d’un tableau que tu avais fait toi dans ton garage, aucun média aurait pris le temps de s’y arrêter et personne n’aurait entendu parler des NFT parce que finalement, le but de l’article c’est ça.

  3. J’ai choisi mon pseudo après avoir écrit l’article content qu’il t’ai amusé. Avoir un avis et être objectif sur le sujet sont deux choses indépendantes, et j’estime que dans mes propos (pseudo mis-à-part) n’avoir fait à aucun moment de mauvaise foi, et je veux bien que tu me dises à quel endroit j’aurais été incomplet/menti. Oui j’ai un avis sur le sujet et je veux bien en débattre car c’est important.

    Non l’article n’est pas informatif, il n’est là pour faire parler de la société de “Stéphane Distinguin, CEO de Fabernovel”. C’est de la publicité. Il n’y a aucune information ni sur la mise en oeuvre, les règles, ni même l’utilité d’une telle chose.

    Tu critiques mon pseudo mais pas mes propos, qu’apporte la blockchain dans l’art ? Un moyen plus énergivore de faire quoi, du boursicotage sans contrôle, en quoi est-ce lié à l’art ? J’attends toujours un début de réponse. Il (le patron de cette boite) tente de créer une idée qu’il puisse être intéressant de “collectionner” des token crypto en faisant un parallèle artistique pour lui donner une valeur plus grande et volatile. Cryptokitties le fait déjà très bien. (Parler de cryptokitties pour montrer les choses qui existent et qui en sont proches par son aspect collection aurait été intéressant, non?)

    Lorsque les crypto”monnaies” sont apparues j’étais émerveillé en tant qu’amateur de cryptographie et sécurité en tout genre. Dans la théorie que je suis 100% pour, dans la pratique c’est plutôt proche de 0. Souhaitant éviter de faire un total HS (blockhain et art) je vais éviter de plonger dans le vaste sujet des blockchain, leur pro/con. La beauté mathématique des BC est là, mais leur application à minima énergivore est pour moi une question à laquelle il faut répondre avant le reste.

    Tu dis qu’il manque un cadre légal ? Je dis que le principe même des bloc est de n’être pas lié à une loi évolutive, quand tu possède un bloc RIEN ne peux t’en défaire, faire des loi évolutives sur ce sujet est déjà en soi une violation du principe même de l’idée de bloc. Je te repose encore une fois la question : pourquoi vouloir mêler l’art aux blockchains si ce n’est pour donner un nouveau moyen spéculatif au domaine ?

    (petit aparté, quand tu dis, je cite, “C’est un article informatif. Si le sujet t’intéresse, fait des recherches. Et si tu es meilleur que les rédacteurs, propose tes services au lieu d’écrire des commentaires de 30 lignes, ça sera certainement plus intéressant pour tout le monde.” Tu dis que les gens n’ont pas à donner leur avis, ou seulement ceux qui ne sont pas le tiens ? Si je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, je te retourne le même morceau de texte qui s’applique donc à toi, rendant cet argument inutile. Merci de n’avoir donc pas contribué au débat. Où alors j’ai pas compris et il ne faut faire que des commentaires de 2 lignes ? le “débat” twitter dans toute sa splendeur)

  4. J’avoue que je trouve l’article un peu inutile pour parler de crypto monnais apres dire que les crypto sont energivore je trouve ca un peu absurde aussi. Ethereum veut evoluer vers du PoS ce wui consommera moins d’energie mais dans tout les cas l’energie en lui meme pourrait etre tire de source non polluante bref c’est juste mon avis mais l’argument energie est quelque chose qui sert a rien.

    En ce qui concerne les apport a part avoir un contrat qui prouvent la propriete du truc les crypto ne servent a rien dans le monde de l’art et cet article quand il parle de l’immortalité du tableau une fois tokenisé ne donne meme plus lieu a un debat sur un sujet qui pourrait etre interessant mais decridibilise un peu des arguments qui pourraient etre coherant pour l’adoption de cette techno au monde de l’art 🤡

  5. “Bref ce n’est rien qu’un buzz marketing d’une société qui vends des tickets (pour rappel ce tableau comme tous les autres sont des bien inaliénables du domaine public par la loi, une vente en morceau est donc assez loin)”

    Idem, je suis très mécontent de lire des “articles” essayant de nous vendre un concept fumeux, sans que lesdits articles ne soient un minimum critiques envers ces concepts…

    “Par ailleurs, nul doute non plus, qu’avec son esprit avant-gardiste, s’il l’avait connu, il y a fort à parier que Léonard de Vinci aurait participé d’une manière ou d’une autre à la démocratisation de la blockchain et de ses applications. “

    Concernant l’application en particulier décrite dans l’article (vu que c’est de ça qu’il s’agit) :
    De son vivant et concernant son oeuvre, il aurait pu voir ça comme du mécénat bienvenu, oui. A notre époque, je ne vois pas où serait le progrès qu’une oeuvre appartenant à un très grand nombre de personnes soit “rachetée” par un plus petit nombre de personnes. Je crois qu’il aurait surtout botté les fesses de l’******** derrière cette riche idée.

  6. Je sais pas ce qui est le plus con ici. Prétendre que l’oeuvre est immortelle sous prétexte qu’elle est virtuellement la propriété de différentes personnes, ou vouloir utiliser une technologie avec des limites déjà connues et qui n’a que quelques années de recul pour gérer des oeuvres qui existent et doivent exister pendant des centaines d’années…

    Ce n’est pas parce qu’on peut qu’on doit.

    Bon après le gars, il est comme tous les adeptes de buzzwords pour monter des startups, il vend son truc… De là à ce que ce soit intelligent par contre…

  7. La nature et le fonctionnement de la technologie blockchain sont un peu techniques, j’invite à consulter la page wikipédia, mais ça n’est pas tellement la problématique ici. Il s’agit surtout de privatiser un bien commun en enrichissant au passage des intermédiaires et facilitateurs, dont Fabernovel semble-t-il…

    Le blockchain n’est en l’occurrence qu’un biais dont l’intérêt (sécurisation des transactions) et les limites (Entre autres, la création des monnaies virtuelles issues de cette technologie consomment autant d’énergie qu’un petit pays) sont un tout autre sujet, tout autant à débat.

    Il s’agit ici de l’extase d’avoir trouver une nouvelle façon de posséder et spéculer, de s’approprier quelque chose juste pour le plaisir de savoir que les autres ne l’ont pas, d’accoler son nom à un patrimoine de l’humanité comme un animal se secouant le fondement pour projeter ses phéromones… Bienvenue dans le siècle des hyènes.

    Il s’agit également d’un beau tutoriel à garder en tête sur “Comment distinguer une publicité d’un travail de journalisme” : Enthousiasme + Nom de l’entreprise – réserve – réflexion – questionnement = PUB.

    Les questions posées dans la pincée de commentaires déjà présents sont d’ores et déjà bien plus intéressantes à lire.

  8. iI n existe aucune energie tire de source non polluante. Les cellules solaires necessitent bcp de pollution pour etre fabriquee, les eoliennes utilises des milliers et milliers de tonne de metal’etc. Donc ce n est pas absurde que de dire quil est a minima ****** d utiliser jne techno aussi energivire pour de l’economie pure. Et consommer moins reste consommer beaucoup juste piur. Ela

  9. « La tokenisation et les NFTs représentent aujourd’hui l’alternative la plus fiable pour rendre une œuvre immuable. »

    Je ne suis pas certain d’avoir compris en quoi l’œuvre devient immuable.
    Voici mon raisonnement.
    Si l’œuvre disparaît dans un incendie, sa valeur esthétique se transforme puisque le tableau est réduit en cendre.
    Alors ce dont parle l’article c’est de la valeur marchande estimée (par qui ?) de La Joconde. Cette valeur marchande ne peut pas disparaître (du moins tant qu’il y a des gens pour se souvenir de La Joconde) parce que des gens ont acheté une part de cette valeur marchande. Toutes ces parts réunies équivalent à 50 milliards, le prix estimé de ce tableau,. Ces parts sont stockées sur des disques durs, un peu comme l’épargne qu’on a dans une banque.

    Ai-je compris ?

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