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La croissance des “zones mortes” menace la vie dans les océans

Même les poissons peuvent se “noyer” dans ces zones privées d’oxygène, qui se multiplient à une vitesse alarmante.

C’est une réalité que chacun apprend dès son plus jeune âge : lorsqu’on manque d’oxygène, on court le risque de mourir asphyxié. C’est pour cette raison qu’on apprend très tôt aux jeunes enfants à ne pas mettre la tête dans un sac plastique : dès que tout l’oxygène a été consommé, c’est l’hypoxie (manque d’oxygène), puis la mort.

Mais ce qui pourrait paraître moins intuitif, c’est que le problème n’existe pas que dans notre atmosphère : l’océan aussi dispose de sa propre concentration locale en oxygène. La différence, c’est que des poumons standard ne sont pas capables de l’extraire de l’eau. Pour cela, l’évolution a doté une partie du règne animal d’un outil spécifique, à savoir les branchies. Mais tous ces animaux ont beau être équipés pour s’approvisionner en oxygène, encore faut-il qu’il y en ait à disposition… et c’est là que le bât blesse.

Noyer le poisson

Car depuis quelque temps déjà, les chercheurs ont constaté qu’il existait des zones hypoxiques, aussi appelées zones mortes, au sein de l’océan. Il s’agit d’endroits où la concentration en oxygène dissous dans l’eau est extrêmement faible, et ne suffit plus aux organismes qui en dépendent. Résultat : aussi incroyable que cela puisse paraître, les plantes, poissons et autres formes de vie marins meurent donc noyés, ou plus précisément asphyxiés… “Lorsqu’on a pu aller au milieu d’une telle zone, nous avons vu des étoiles de mer, des crabes, des concombres de mer, tous en train de suffoquer, qui jonchaient le fond de l’océan”, explique Francis Chan, professeur à l’université d’Oregon State.

Et le souci, c’est que la tendance n’est pas à la régression de ces zones mortes, bien au contraire. Celle qui se trouve au large de l’Oregon, aux États-Unis, en est un exemple tristement pertinent; elle mesure en ce moment près de 20.000km² (!) selon Futurism, et elle ne cesse pourtant pas de grandir. Les chercheurs pensent que sa taille va prochainement augmenter de façon dramatique; une tendance qui n’est malheureusement pas isolée et que l’on observe à de multiples endroits du globe.

Ce phénomène, déjà problématique à l’échelle locale, pourrait l’être encore plus à l’échelle globale. En effet, lorsqu’une zone devient hypoxique, les animaux qui le peuvent sont forcés de fuir. Cela génère des déplacements massifs, qui peuvent inciter les populations à se masser dans les zones les plus riches en oxygène… qui seront donc vidées de leurs réserves en oxygène d’autant plus rapidement, et ainsi de suite.

Comme toujours, l’activité humaine est en cause

Cette spirale infernale vient du fait que la population de l’océan vit au-dessus de ses moyens. Globalement, la quantité d’oxygène qui y est aujourd’hui consommée est supérieure à la quantité produite. Un peu comme votre vieux smartphone dont la batterie se décharge plus vite qu’elle ne se recharge. Et sans surprise, même s’il existe aussi des causes naturelles, ce déséquilibre provient en grande partie de l’activité humaine. 

L’activité humaine est en partie responsable des zones mortes. © OpenClipart-Vectors – Pixabay

La première cause est aussi triste qu’évidente : il s’agit du réchauffement climatique. En effet, plus l’eau est chaude, plus sa capacité à accueillir l’oxygène dissout est faible; chaque degré supplémentaire réduit donc significativement les réserves disponibles pour la biosphère marine. La pollution due aux fertilisants agricoles et autres apports en nutriments favorise également la prolifération d’algues et de micro-organismes, ajoutant ainsi de nouveaux prétendants dans cette compétition pour l’oxygène. La pollution a également tendance à troubler l’eau, ce qui rend la photosynthèse des algues moins efficace; ces dernières produisent donc moins d’oxygène, accentuant ainsi le déficit. Et la liste ne s’arrête pas là; globalement, ces zones mortes sont le résultat d’un grand nombre de facteurs, imbriqués dans une dynamique très complexe et qui nous dépasse encore.

Nous savons cependant avec certitude que le changement climatique accentue largement ces phénomènes. Et vu la vitesse à laquelle l’humanité gère ce dernier, la biosphère marine a de quoi s’inquiéter…

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