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Procès Theranos : on fait le point sur un scandale sanitaire à 9 milliards de dollars 

La société Theranos, fleuron de la Silicon Valley avec à sa tête Elisabeth Holmes se retrouve devant le tribunal de Californie, pour ce qui est peut-être la plus grande arnaque sanitaire de la décennie.

La justice américaine a du pain sur la planche. Hier dans le tribunal de San José en Californie s’est ouvert le procès le plus important de cette fin d’année. Celui d’une femme, Élisabeth Holmes, qui en 2003 quitte Stanford avant d’en être diplômée pour fonder Theranos. Elle promet alors une révolution sanitaire. Avec une simple goutte de sang, ses machines peuvent réaliser un grand nombre de tests et de contrôles, le tout en un temps record. La question des analyses médicales est un sujet brûlant outre-Atlantique. Elles ne sont la plupart du temps pas remboursées et peuvent coûter des centaines, voire des milliers de dollars.

C’est dans cette brèche qu’Élisabeth Holmes et son entreprise Theranos s’engouffrent. 10 ans plus tard, Holmes est la femme la plus influente de la Silicon Valley, elle pose en Une de Fortune ou de Forbes. Sa fortune est estimée en 2015 à 3,5 milliards de dollars, elle est la plus jeune milliardaire à ne pas avoir hérité de sa fortune. Avec son col roulé noir et ses idées révolutionnaires, beaucoup la comparent alors à Steve Jobs. Le fondateur d’Apple décédé quelques années avant la gloire de la jeune scientifique est un modèle pour cette dernière qui s’en inspire grandement. Mais en octobre 2015, alors que la société est valorisée à hauteur de 9 milliards de dollars, le château de cartes s’effondre. John Carreyrou, journaliste au Wall Street Journal publie un article stupéfiant. L’aventure Theranos est basée sur un énorme mensonge.

Theranos-holmes-affaire
© Forbes

De future Steve Jobs à nouvelle Madoff

Elisabeth Holmes n’est pas la future Steve Jobs, elle n’est pas une scientifique de génie, mais une menteuse. Ses machines n’ont jamais fonctionné, elle a menti aux investisseurs, trafiqué les preuves d’analyses fait de faux diagnostics (dont plusieurs qui ont entraîné le décès indirect du patient). Elle se retrouve ruinée du jour au lendemain. Theranos part en fumée dans la foulée. La parole des désormais ex-employés se libère, et tous témoignent contre leur ancienne patronne. Tyrannique, paranoïaque, manipulatrice… ils dressent le portrait d’un cerveau prêt à tout pour atteindre la réussite et la gloire.

Surveillés constamment, les anciens employés témoignent également contre le bras droit de Holmes, Ramesh Balwani, son ancien amant de 19 ans son aîné. Ces témoignages sont la clé de voûte de ce procès. Si la tricherie et les mensonges sont incontestables, les avocats de Holmes comptent bien faire porter le chapeau à son associé, afin de sauver la peau de leur cliente. Selon eux, Balwani est le cerveau de l’opération. Il a exercé une pression psychologique sur la jeune Elisabeth pour la garder sous silence et faire perdurer le mensonge. Les avocats de Ramesh Balwani nient évidemment les faits. Ce dernier sera d’ailleurs jugé dans un second procès, pour les mêmes chefs d’accusations qu’Elisabeth Holmes.

Un mensonge auquel tout le monde a cru

Dans la liste des partis civiles, des grands noms se bousculent. Le magnat des médias américains Rupert Murdoch, et le milliardaire mexicain Carlos Sim, avaient investi des millions dans l’entreprise. Parmi les autres victimes de cette affaire, de nombreux patients de Theranos qui ont reçu des faux diagnostics avec parfois des conséquences graves (non détection du SIDA, d’un cancer..). Élisabeth Holmes comparait face à la cour pour 12 chefs d’accusation, allant de la fraude à l’association de malfaiteurs. Comble de l’histoire, le groupe propriétaire du Wall Street Journal, pourtant à l’origine de la révélation de cette affaire, avait lui aussi, investi des millions dans la promesse Theranos.

Le procès qui a commencé hier, devrait durer 13 semaines. Pour l’heure, personne ne sait si Élisabeth Holmes a prévu, ou non, de garder le silence. Dans son interrogatoire, elle a répondu à quasiment toues les questions par « je ne sais pas ». Cette stratégie à double tranchant pourrait encore être utilisée lors du procès. Lors de l’ouverture de ce dernier, l’avocat d’Elisabeth Holmes a pris la parole, expliquant que sa cliente était innocente : « Après ce procès, la méchante que l’on vous décrit deviendra une humaine, une humaine qui a fait des erreurs, mais les erreurs ne sont pas illégales. Cette femme est innocente ». Elisabeth Holmes encourt jusqu’à 20 ans de prison.

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2 commentaires
  1. C’est dommages car en soit c’était beau à croire.
    Mais comme souvent, il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités.

    C’est quand même fort d’avoir pu monter une boite et s’enrichir sur rien. Le rêve américain existe toujours. Une boite comme ça n’aurait pas tenu l’année en France ou en europe.
    C’est pour cette raison qu’il est plus facile d’entreprendre aux USA.

  2. J’adore les employés,
    tant qu’ils touchent leur salaire, y a rien à signaler.
    Par contre dès que ça prend l’eau, on commence à l’ouvrir 🙂

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