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Les virus pourraient être indispensables à la vie sur d’autres planètes

Coloniser et terraformer une autre planète n’est pas une mince affaire; si nous laçons dans cette aventure un jour, nous pourrions bien avoir besoin des virus pour y parvenir.

L’idée de coloniser d’autres planètes a le vent en poupe en ce moment. Elle trouve même un ambassadeur particulièrement actif en la personne d’Elon Musk. Cela fait des années que le fantasque fondateur de SpaceX répète à qui veut bien l’entendre son rêve de déménager sur la planète Rouge; à terme, son objectif serait même de la terraformer, c’est-à-dire de modifier son environnement pour qu’il soit compatible avec la vie issue de la Terre. Cela implique notamment de modifier radicalement les conditions sur place; mais si l’on veut que ces modifications puissent donner vie à une “seconde Terre”, qui serait un clone pérenne de notre planète, cela implique également d’importer sa biodiversité.

La complexité d’une telle mission dépasse à bien des égards tout ce que l’humanité a déjà entrepris. Ce n’est donc pas étonnant que de très nombreux observateurs trouvent l’idée absurde; pour jouer les architectes de la vie à l’échelle planétaire, il faudra prendre en compte de nombreux facteurs qui nous échappent encore totalement aujourd’hui. Et d’après le professeur Paul Davies, astrobiologiste et cosmologiste de renom, l’une des pièces manquantes du puzzle se cache certainement du côté des virus.

Les virus, des vecteurs de diversité génétique

Cette déduction part d’un constat simple : la vie telle qu’on la connaît sur Terre est un phénomène d’une complexité folle, qui dépasse de loin le simple contexte physique et chimique. C’est le fruit d’une dynamique très fine, soutenue par les liens qui unissent les différents acteurs du vivant; Davies parle même d’une “toile de la vie”, dont les virus font partie intégrante malgré leur image résolument négative dans la culture populaire -surtout en période de pandémie.

Physiologiquement, les virus sont de petits pirates; ils exploitent la machinerie cellulaire de leur hôte pour se reproduire. Mais la machinerie en question n’est pas infaillible, loin de là. Elle peut faire des erreurs, qui peuvent à leur tour conduire à l’intégration de matériel génétique de l’autre espèce. On obtient alors un phénomène baptisé transfert horizontal de gènes, par opposition avec la transmission verticale de gènes à la descendance lors de la reproduction.

Or, nous savons aujourd’hui que cette transmission horizontale est un facteur de dispersion génétique très important; les virus participent donc activement à l’histoire évolutive des différentes espèces. De nombreuses études suggèrent par exemple qu’une partie significative de notre génome proviendrait directement de cette source. À une échelle plus large, ils représentent donc une composante indispensable des écosystèmes que nous connaissons.

Des cochons, des tomates… et des virus

Pour vraiment terraformer Mars, y poser les bases de la vie telle qu’on la connaît et y prospérer, cette composante biologique serait donc cruciale; notre technologie à elle seule ne suffirait pas, d’après Davies. “La partie la plus compliquée de ce problème, c’est la microbiologie que nous devrions emporter. Il ne suffirait pas d’emmener des tomates et quelques cochons, et de se dire que tout serait magnifique et viable à long terme”, explique le chercheur; il faudra aussi emporter des virus dans nos valises.

Évidemment, il se garde bien de proposer un mode d’emploi des virus dans le cadre de la colonisation d’autres planètes, car la question n’est pas là. La problématique de la place des virus dans ce grand projet est évidemment intéressante à étudier; mais ce que l’interview de Davies met en avant, c’est notre vision très restreinte de cet ensemble de phénomènes imbriqués qui anime nos écosystèmes. Il sera indispensable de mieux les comprendre si nous souhaitons recréer un écosystème de toute pièce, loin de notre berceau terrestre.

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1 commentaire
  1. on est pas foutu de maintenir le climat ou la biodiversité sur notre planète mais certains pensent qu’on sera capable de terraformer et d’importer la biodiversité terrienne sur une autre planète 🤔
    ça relève de la schizophrénie non?

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