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Elle tire des boulets de canon pour la science 

Arrivés de Chine au début du nouveau millénaire, les canons ont révolutionné la façon dont les peuples européens se font la guerre. Les châteaux-forts n’existent bientôt plus, et l’artillerie remplace les valeureux chevaliers.

Nés dans la Chine médiévale vers l’an 900, les canons ont, au cours des siècles, fait le tour du monde pour révolutionner la façon dont l’Homme se fait la guerre.

Mais ces armes de destruction massive, et notamment la poudre qui permet l’explosion, ne se sont pas faits en un jour. Ils sont en effet le fruit de plusieurs siècles d’évolution, de perfectionnement, où les chimistes de l’époque ont travaillé, souvent de façon empirique, afin de trouver la meilleure formule pour préparer une poudre à canon efficace, puissante, mais surtout fiable.

Cette évolution de la poudre à canon au fil du temps n’avait jamais suscité un grand intérêt pour le monde scientifique. Mais la chimiste Dawn E. Riegner, travaillant pour l’académie militaire de West Point, a mis à profit l’année 2020 pour étudier de plus près les canons du Moyen-Âge.

La recette change, l’histoire avec elle

Les historiens s’accordent à dire que les canons sont devenus au fil du temps de plus en plus perfectionnés. Les boulets partaient plus loin, l’explosion était mieux maîtrisée et les canons de plus en plus légers. Selon Riegner, l’évolution de la recette de la poudre est une des explications principales de ces changements.

Riegner a ainsi profité du confinement pour tester près de 25 recettes différentes de poudres à canon, utilisées un peu partout en Europe entre 1350 et 1450. Le résultat de cette étude, récemment publié dans Omega, montre bien que les premières recettes de poudre menaient à des explosions incontrôlées. À mesure que les recettes se perfectionnaient, la température lors de l’explosion descendait.

Comme l’explique Riegner dans son étude, l’arrivée en Europe des canons a profondément modifié la façon dont les armées du vieux continent se livraient bataille. Perfectionnés tout au long du 14e siècle, les canons deviennent des armes redoutables capables de briser toutes les défenses, même celles réputées comme infranchissables.

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Une partie restaurée du mur de Théodose © Bigdaddy 1024

Les canons : ces tueurs de châteaux forts

L’exemple le plus connu est sûrement la prise de Constantinople en 1453 par Mehmed II, alors chef de l’Empire ottoman. Afin d’asseoir sa domination sur l’Asie Mineure, le chef de guerre s’attaque à la capitale byzantine, qui bien que diminuée, est réputée inviolable. La cité, construite sur le détroit du Bosphore est protégée par une muraille, le mur de Théodose, bâti un millénaire avant le siège.

Mais dans cet âpre combat qui durera près de deux mois, la lourde artillerie ottomane va faire la différence face aux Byzantins qui finissent par être envahis le 29 mai. Mehmed II est alors surnommé le conquérant et fait de Constantinople, aujourd’hui Istanbul, sa capitale.

Pour certains historiens la prise de Constantinople par l’Empire ottoman marque la fin du Moyen-Âge et de facto l’époque des châteaux forts. Les canons, devenus trop puissants, rendent inutile les fortifications ancestrales, les châteaux ne sont alors que des démonstration de la puissance d’un Royaume. Cela sera le cas en France quelques décennies plus tard avec la construction des châteaux de la Loire par François 1er.

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