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Instagram faciliterait l’accès des jeunes à la drogue, selon une étude

De nouveaux travaux accusent Instagram d’être toxique pour les adolescents – mais littéralement, cette fois.

Instagram et sa maison-mère Meta sont en ce moment dans la tourmente après la révélation de l’impact de la plateforme sur la santé mentale des jeunes. Mais en plus de ces documents, de nouveaux éléments viennent à nouveau accuser la plateforme de manquements graves. Et ceux qui avaient employé le terme “toxique” par le passé ne croyaient pas si bien dire. C’est en tout cas la conclusion des derniers travaux du Tech Transparency Project; il semblerait qu’Instagram trivialise l’accès des jeunes à des substances extrêmement contrôlées comme le Xanax, l’ecstasy et de nombreux opiacés.

Comme son nom l’indique, le TTP est une organisation qui vise à mettre le secteur de la tech devant ses responsabilités légales, sociales et éthiques. Leur action se concentre majoritairement sur des GAFAM qui ont fait de nos données leur fonds de commerce, Google et Facebook en tête.

Pour parvenir à cette conclusion, ses enquêteurs ont créé de nombreux comptes Instagram fictifs d’utilisateurs âgés de 13 à 17 ans. Ils ont ensuite utilisé ces comptes pour chercher activement à se procurer ces substances potentiellement mortelles si mal utilisées. En théorie, ils n’auraient pas dû en trouver la moindre trace, car le commerce hors circuit de ces substances est évidemment (et fort heureusement) interdit sur la plateforme. Mais encore faut-il s’assurer que ces règles sont respectées…

Instagram permettrait à des revendeurs illégaux d’écouler des drogues en toute impunité, notamment chez les plus jeunes. © Myriam Zilles – Unsplash

Sur l’Instagram américain, les dealers s’affichent au grand jour

…ce qui n’est apparemment pas du tout le cas sur le réseau social. Certes, il existe bien des filtres qui empêchent les utilisateurs d’avoir recours à des hashtags trop explicites comme #MDMA. Cet acronyme désigne une amphétamine aux puissantes propriétés stimulantes et parfois utilisée comme drogue récréative, malgré le fait qu’elle soit illégale dans de nombreux pays dont la France. Mais en pratique, ce garde-fou bien maigre ne sert tout simplement à rien.

Le TTP a remarqué qu’il suffisait d’utiliser des variantes comme #molly ou #mdmamolly – le surnom américain de la MDMA – pour trouver des revendeurs de cette substance directement sur la plateforme ! Après avoir passé en revue une large portion du narcosystème d’Instagram, les enquêteurs ont également noté que ce constat concernait également d’autres drogues comme l’Alprazolam (une benzodiazépine commercialisée sous le nom de Xanax) ou des opioïdes comme l’Oxycodone. Le TPP dévoile même quelques données plus anecdotiques, mais néanmoins assez éloquentes. Les enquêteurs sont parvenus à joindre un vendeur de Xanax en à peine deux clics, alors même qu’il en faut plus du double (cinq) pour se déconnecter d’Instagram.

L’algorithme, un redoutable rabatteur

Encore pire : Instagram permettrait même de se constituer un petit carnet d’adresses de ce marché parallèle. Car sur la plateforme, le contenu est proposé à l’utilisateur en fonction de ses centres d’intérêt, et donc de ses recherches précédentes. Un protocole qui peut avoir des conséquences aussi néfastes qu’inattendues.

Les auteurs du rapport expliquent ainsi qu’après avoir recherché différents psychotropes, la fonction d’autocomplétion s’est carrément mise à leur suggérer de nouveaux hashtags alternatifs qui pointaient vers d’autres revendeurs. En somme, Instagram abrite tout un marché noir qu’il est possible de déverrouiller en quelques hashtags.

l’algorithme qui gère les recommandations de contenu jouerait un rôle central dans ce phénomène. © Markus Spiske – Unsplash

Instagram dans la tourmente

Dans une interview à Engaget, une porte-parole de Meta s’est défendue de toute négligence. “Nous prohibons la vente de drogues sur Instagram”, explique-t-elle avant d’ajouter que la “prévalence de ce contenu était d’environ 0,05%, ou environ 5 vues pour 10.000 pages”.

Pas sûr que cela suffise à sortie Instagram de sa mauvaise passe, car le timing de ces nouvelles révélations est loin d’être idéal. Elles surviennent peu avant l’audience du PDG Adam Mosseri, qui doit s’exprimer aujourd’hui devant le Sénat américain. Les régulateurs attendent qu’il s’explique sur la toxicité présumée de la plateforme et la protection des mineurs. Ils pourraient donc en profiter pour demander des comptes sur la question de l’accès aux drogues.

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