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Dix ans après, les drones livreurs d’Amazon vont enfin entrer en service

Amazon va inaugurer son programme de livraison aérienne Prime Air cette année dans une petite ville américaine… mais il va falloir du temps avant que le concept se démocratise.

Cela va bientôt faire dix ans que Jeff Bezos, alors PDG d’Amazon, a dévoilé son ambitieux programme de livraison aérienne Prime Air. Alors que le service était censé être lancé dès 2015, l’entreprise a multiplié les pépins techniques, logistiques et réglementaires dans ce qu’on pourrait qualifier de longue traversée du désert (voir notre article). Mais la dynamique commence enfin à s’inverser; d’après Amazon, les drones livreurs vont entrer en service dès cette année.

La firme a choisi d’inaugurer son système dans la petite ville de Lockeford en Californie, d’après un communiqué repéré par The Verge. La bourgade va ainsi se transformer en laboratoire à ciel ouvert, et c’est le cas de le dire. “Des milliers d’objets” éligibles (comprendre, pas trop fragiles et surtout très légers) pourront ainsi être livrés directement dans le jardin des 3500 habitants, le tout en moins d’une heure.

Des progrès techniques et administratifs

Si Amazon estime enfin être prêt à réaliser un test en conditions réelles, c’est que ses ingénieurs ont apparemment fait de gros progrès sur l’évitement des obstacles. Le communiqué parle d’un système capable d’éviter les éléments fixes de l’environnement, comme des arbres ou des cheminées, mais aussi des éléments mobiles.

Techniquement, ces drones ne devraient donc pas présenter une menace pour les piétons, les animaux, les véhicules terrestres et les autres aéronefs. Et cela ne concerne pas que la phase de vol, mais aussi l’atterrissage.

Amazon a aussi avancé sur la partie réglementaire. D’après The Verge, elle est en train de passer la certification n° 135 de la FAA, baptisée “Package Delivery by Drone” (Livraison de colis par drone). C’est ce sésame réglementaire qui permettra à cette armada de drones d’arpenter Lockeford en toute légalité.

Elle n’est pas la seule entreprise à faire cette démarche; le transporteur UPS, par exemple, a aussi passé cette certification en quelques mois. Dans le cas d’Amazon, il est difficile de savoir où en est exactement le processus; mais en tout cas, on commence enfin à distinguer les prémices d’une activité commerciale du côté de Prime Air. Mieux vaut tard que jamais.

Amazon ne précise pas combien de temps va durer cette phase de test initiale. En revanche, si cette preuve de concept se montre à la hauteur des attentes, on peut s’attendre à ce que Prime Air se développe assez rapidement aux États-Unis… du moins dans les états où la législation le permet.

Car au pays de l’Oncle Sam, les différents états disposent chacun d’une marge de manœuvre assez importante pour mettre en place leurs propres lois. Prime Air pourrait donc se déployer de façon assez hétérogène, avec des états qui l’accueilleront à bras ouverts et d’autres qui freineront des quatre fers.

Le marché européen est-il compatible ?

En ce qui concerne une éventuelle arrivée en Europe, la question est encore plus floue. Sur le Vieux Continent, Amazon va devoir composer avec la législation de l’UE qui a tendance à être très différente, et souvent moins permissive qu’aux États-Unis; des différences de normes qui pourraient freiner le déploiement de Prime Air à l’international. C’est d’autant plus vrai pour ce type de technologie qui bouleverserait énormément le quotidien des grandes métropoles.

Prenons un exemple simple : pourrait-on aujourd’hui imaginer un réseau de distribution aérien à grande échelle dans une ville comme Paris, où la municipalité semble déjà avoir énormément de mal à gérer la circulation au sol et l’aménagement des espaces ? En l’état, cela semble hautement improbable, pour ne pas dire impensable avant plusieurs années au strict minimum. Il faudrait pour cela consentir à une mutation urbanistique et logistique profonde qui ne pourra survenir que sur une longue période.

La situation serait peut-être différente en province ou dans des villes plus modestes dont la taille serait comparable à celle de Lockeford. Mais dans tous les cas, ce n’est pas demain la veille que vous pourrez vous faire livrer vos articles par les airs en un clin d’œil.

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1 commentaire
  1. Je serais curieux de connaître les mesures prises vis-à-vis des nuisances sonores apportées par ce type de solution… Dommage que vous n’en parliez pas dans l’article, c’est pour moi un point essentiel et qui doit sans doute bloquer fortement les volontés de communes de s’orienter vers ces solutions.

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