Comment l’Europe veut rendre nos smartphones plus durables

Il est parfois difficile de mesurer leur impact écologique, mais il ne fait aucun doute que nos smartphones sont polluants. Cette question préoccupe les pouvoirs publics et notamment l’Europe depuis quelques années. Dans une initiative qui s’inscrit dans le du plan d’action pour une économie circulaire, les régulateurs de la Commission européenne font part de leur volonté de rendre la conception de téléphones portables et de tablettes « durables ». Ce projet entend faire en sorte que nos smartphones et tablettes « soient conçus pour être économes en énergie et durables » ; que nous puissions « facilement les réparer, les mettre à niveau et les entretenir » et enfin que ces appareils « puissent être réutilisés et recyclés ».

Quelle est la situation actuelle ?

Publié le 31 août, le projet d’acte alerte sur le fait que les smartphones et tablettes « sont souvent remplacés prématurément par les utilisateurs ». De plus, ils ne sont « pas suffisamment utilisés ou recyclés ». La Commission européenne estime que cela a un coût en termes de ressources utilisées et en matériaux non recyclés. Elle ajoute que le fait de porter la durée de vie de ces appareils de 2-3 ans à 5 ans équivaudrait à retirer jusqu’à cinq millions de voitures en circulation.

Que propose l’Union européenne ?

Tout d’abord, l’Europe souhaite mettre en place une durée minimale pour les mises à jour logicielles. Si les constructeurs font des efforts depuis quelques années ; cela reste parfois insuffisant et aléatoire en fonction de la marque ou du modèle choisi. Pour un appareil Android, il s’agirait de passer à trois ans de mises à jour majeures (Android 13, 14…) et cinq ans de correctifs de sécurité.

De plus, les nouveautés devront être déployées dans les deux à quatre mois suivant leur publication. Notez que cette mesure ne viserait que les modèles vendus en Europe. Elle serait une bonne nouvelle pour les utilisateurs Android.

5 ans de mise à jour pour tous les smartphones

En effet, cette approche serait comparable à ce que propose actuellement Google avec ses Pixel 6. Après avoir offert trois ans de mises à jour, le géant de Mountain View a récemment revu sa politique pour se rapprocher d’Apple ou Samsung. La marque à la Pomme, avec iOS, est souvent présentée comme une référence en matière de suivi de ses iPhone. De son côté, Samsung a décidé d’offrir quatre ans de mises à jour Android et cinq ans pour la sécurité. Toutefois, tous les modèles de la marque ne sont pas logés à la même enseigne. Pour les autres fabricants, cela dépend des smartphones et cela oscille généralement entre deux et quatre ans.

En plus d’étendre le support logiciel, l’UE souhaite que les fabricants et vendeurs de smartphones mettent à disposition des pièces et services de réparation « professionnels ». Ces derniers seraient disponibles pendant au moins cinq ans après la date à laquelle le smartphone est retiré du marché. Ces réparateurs auraient accès à de nombreux éléments pouvant être remplacés : batterie, appareil photo, port de chargement, écran, boutons, haut-parleurs, microphones, charnières pour les modèles pliants.

Des batteries plus fiables… ou amovibles

Le cas de la batterie retient tout particulièrement l’attention. En effet, le projet prévoit d’offrir deux choix aux fabricants de smartphones :

• Revenir à des batteries amovibles, comme c’était auparavant le cas pour de nombreux modèles Android.
• Proposer des batteries répondant aux exigences de l’UE. Celles-ci devraient conserver au moins 83 % de leur capacité nominale après 500 cycles de charges, et 80 % après 1 000 cycles.

À titre d’exemple, Apple indique qu’une batterie est conçue pour conserver jusqu’à 80 % de sa capacité d’origine au bout de 500 cycles de charge complets. Chez Android, le discours et plus aléatoire même si certains constructeurs mettent en avant leurs efforts ; c’est notamment le cas d’Oppo/OnePlus. La firme assure que la batterie de plusieurs de ses modèles (Find X5 Pro, Reno 8, OnePlus 10T) ; conserve au moins 80 % de sa capacité après 1 600 cycles de charge. Cela correspond à environ 4 ans d’utilisation.

Ce projet fait suite à la décision de l’UE d’imposer la connectique USB-C sur divers appareils à compter de 2024. Il fait pour l’heure l’objet de discussions et le calendrier prévoit une adoption par la Commission au quatrième trimestre 2022. Il faudra néanmoins encore patienter encore au moins un an avant qu’il entre en vigueur. En cas d’accord, on peut s’attendre à ce que cette mesure bouscule la stratégie des fabricants à l’échelle mondiale.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.