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Cryptos : l’Ethereum passe au Proof of Stake, et ça va tout changer

En changeant complètement de modèle d’ici au 20 septembre, la deuxième cryptomonnaie au monde pourrait bien lancer un grand changement de paradigme.

Le monde des cryptomonnaies est en passe de connaître un bouleversement générationnel majeur. L’Ethereum, deuxième cryptomonnaie au monde derrière l’incontournable Bitcoin, s’apprête en effet à changer complètement de modèle technologique pour passer au Proof of Stake (PoS) — une transition qui devrait réduire énormément son impact environnemental, et qui pourrait bien signer le début d’une transition à grande échelle dans toute cette industrie.

En effet, la principale critique adressée à ces devises exclusivement numériques concerne leur contribution catastrophique au réchauffement climatique. D’après des travaux publiés par la prestigieuse université de Columbia en mai 2022, le Bitcoin consommerait l’équivalent de 150 térawatts-heures d’électricité par an… soit plus que l’ensemble de l’Argentine avec ses 45 millions d’habitants.

Et toute cette électricité, il faut bien la produire quelque part ; même si certains observateurs estiment que 40 à 75 % de cette énergie serait issue de filières renouvelables, l’impact carbone du bitcoin reste globalement très important. Le constat est sensiblement le même pour la plupart des autres cryptomonnaies, chacune à son échelle.

Le modèle Proof of Work, un gouffre énergétique

Cette consommation d’énergie est directement liée au principal intérêt des cryptomonnaies, à savoir la structure décentralisée sur laquelle ils reposent — la fameuse blockchain. En pratique, il s’agit d’un registre de transactions. Reprenons l’exemple du Bitcoin ; à chaque fois qu’un utilisateur veut en transférer, la transaction est vérifiée par les autres utilisateurs avant d’être inscrite dans la blockchain sous la forme d’un nouveau bloc .

Or, pour ajouter ce fameux bloc, il faut d’abord disposer d’une clé qu’on peut obtenir en résolvant une équation mathématique. Et le premier membre de la blockchain qui réussit à authentifier une transaction et à l’inscrire dans ce grand registre virtuel est récompensé de sa contribution directement en Bitcoins.

Avec un système très puissant, on peut donc résoudre ces équations en quantités industrielles dans l’espoir de rafler les bitcoins en question ; on parle alors de minage. Le problème, c’est que ce principe baptisé Proof-of-work a progressivement fait émerger une véritable course à l’échelle de la planète.

Puisque seul le premier ordinateur à résoudre le problème peut rafler ce lot très recherché, les mineurs se sont progressivement équipés de machines de plus en plus puissantes ; il existe aujourd’hui des tas de « fermes » à cryptomonnaies où des tas de cartes graphiques branchées en série moulinent des équations à longueur de journée.

Ces machines surpuissantes sont par définition très énergivores, ce qui fait déjà exploser l’impact carbone de ces technologies. L’autre souci, c’est que toute l’électricité consommée par les autres mineurs qui ont perdu cette course a n’a servi strictement à rien, à part à faire chauffer des centaines d’ordinateurs. Et dans le contexte actuel, il devient très important de trouver un nouveau modèle plus pertinent dans le cadre de nos objectifs environnementaux.

Le Proof of Stake, un modèle tourné vers l’avenir

Et c’est justement ce qu’ambitionne de faire la fondation Ethereum avec son passage au Proof-of-stake. Ici, le processus qui permet à l’ensemble de la blockchain d’arriver à un consensus est différent. Il faut que les participants mettent en jeu un certain nombre de jetons (“stake“) pour avoir une chance d’ajouter des blocs à la blockchain.

En pratique, cette somme sert de caution ; si l’utilisateur (on parle de « validateur » dans ce cas précis) se livre à des manipulations douteuses, il peut immédiatement perdre l’intégralité de sa mise. Il a donc tout intérêt à respecter l’intégrité de la blockchain.

Cette approche présente de nombreux avantages et quelques défauts non négligeables que nous ne détaillerons pas ici ; l’élément le plus important d’entre eux est sans conteste les immenses économies d’énergie qu’elle permet de réaliser.

Avec le modèle Proof-of-stake, il n’y a plus besoin de mettre des tas de machines surpuissantes au service d’un processus où la majorité de l’énergie est sacrifiée ; n’importe quel utilisateur peut espérer arracher un token. Il suffit de déposer une « stake » qui, dans le cas de l’Ethereum, s’élève à 32 ETH (soit tout de même un peu plus de 50 000 € au cours actuel).

Vers une mutation complète de l’écosystème crypto ?

L’Ethereum n’est pas la première monnaie virtuelle à entamer cette grande conversion ; mais connaissant son statut de taulier de l’écosystème crypto, il s’agit quand même d’une étape majeure dans l’histoire de cette technologie.

D’après la fondation Ethereum, cette cryptomonnaie consomme environ 112 TWh par an. Soit l’équivalent des Pays-Bas. Son empreinte carbone est équivalente à celle de Singapour avec environ 53 mégatonnes par an. Le passage au Proof-of-stake, qui devrait commencer aujourd’hui et se terminer entre le 10 et le 20 septembre, devrait permettre de réduire la facture énergétique de plus de 99 % !

Autant dire que tous les regards seront tournés du côté de l’ETH lors des jours et semaines à venir. La transition s’annonce extrêmement complexe sur le plan technologique ; mais si elle se déroule sans encombre et que le proof-of-stake fonctionne comme prévu à grande échelle, sans effets secondaires délétères, il s’agira d’un changement de paradigme énorme auquel toute l’industrie devra probablement se convertir puisque le bilan carbone des cryptomonnaies basées sur le Proof-of-work deviendra quasiment indéfendable.

On peut aussi s’attendre à quelques changements réglementaires. Par exemple, en mars dernier, le Parlement européen a voté contre une proposition de loi visant à bannir purement et simplement le modèle PoW ; en cas de succès, l’Ethereum pourrait bien forcer les législateurs à revoir leur position.

On pourrait alors se diriger vers un modèle global moins énergivore et par conséquent beaucoup plus sain et pérenne. Et c’est bien là le principal intérêt de cette transition ; le Proof-of-stake pourrait aider les cryptomonnaies à s’intégrer à l’économie courante, alors qu’elles servent aujourd’hui majoritairement à la spéculation. Il conviendra donc d’observer attentivement cette transition, mais aussi et surtout ses retombées qui seront sans aucun doute significatives.

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2 commentaires
  1. Et pendant ce temps là, il y a BTC qui crie a qui veut l’entendre qu’il consomme casi que de l’énergie renouvelable donc décarboné juste pour justifier son existence, du moins pas en Europe parce que chez nous on est ricrac question électricité.^^

    Alors le choix de cet hiver, recharger sa voiture électrique, miner du BTC ou ce chauffer…

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