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Ce robot sprinteur a battu un record, mais Usain Bolt est encore loin

Bolt et Kipchoge n’ont qu’à bien se tenir, car la concurrence arrive à grands pas.

Au courant de l’été, Cassie, le robot coureur d’Agility Robotics , a refait parler de lui à plusieurs reprises. Ce drôle d’échassier mécanique s’est montré capable de parcourir 5km sans s’arrêter, sans le moindre câble, et en 53 minutes; un “marathon” très impressionnant pour une machine bipède dopée à l’intelligence artificielle.

Pas encore de quoi effacer l’indéboulonnable Eliud Kipchoge, qui vient d’ailleurs de signer un record du monde hallucinant dans cette discipline en bouclant le marathon de Berlin en à peine plus de deux heures. Qu’à cela ne tienne, il en faut plus pour décourager Cassie; l’engin s’attaque désormais à une autre discipline reine de l’athlétisme, à savoir le sprint.

“Cassie a été une plateforme pour des recherches pionnières sur l’apprentissage des robots dans le cadre de la locomotion”, explique Devin Crowley, qui a dirigé ces travaux sur le sprint à l’Université d’État de l’Oregon. “Boucler ces 5 kilomètres, c’était une question d’endurance et de fiabilité. Mais cela posait aussi la question de sa vitesse maximale”, ajoute-t-il.

Et contrairement à ce que suggère l’intuition, c’est une question tout sauf triviale. En effet, pour courir plus vite, il ne suffit pas d’augmenter le rythme des foulées; cela passe aussi par un ajustement constant des mouvements de chaque partie du corps. La foulée d’un marathonien, par exemple, est très différente de celle d’un sprinteur. Et c’est un facteur dont un robot bipède comme Cassie ne peut pas se permettre de faire abstraction.

De Kipchoge à Bolt

Cela signifie que les chercheurs n’ont pas pu se contenter d’optimiser leur robot à fond pour une seule démarche précise; pour qu’il puisse à la fois marcher tranquillement, courir à petites foulées et sprinter à toutes jambes, les chercheurs ont dû développer un système généraliste très complexe qui permet au robot d’adapter chaque mouvement à son allure – un peu comme les humains le font inconsciemment lorsqu’ils changent de rythme.

Cassie peut adopter un large spectre de démarches différentes, mais quand nous avons commencé à nous spécialiser dans la vitesse, nous nous sommes demandé quelles démarches étaient les plus efficaces à chaque vitesse”, explique Crowley. Ils ont donc disséqué des tas de données tirées d’études en biomécaniques et d’autres projets d’ingénierie pour trouver comment faire progresser Cassie.

Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est même pas la course en elle-même qui a posé problème aux ingénieurs; ce sont plutôt les phases de démarrage et d’arrêt qui leur ont donné du fil à retordre. “Démarrer et s’arrêter en position debout, c’est la partie la plus difficile”, affirme Crowley. “C’est un peu comme dans un avion, où l’atterrissage et le décollage sont beaucoup plus délicats que le vol”, précise-t-il.

Au bout du compte, le robot a battu son record personnel le 27 septembre dernier: il n’a eu besoin que de 24,73 secondes pour parcourir la distance réglementaire de 100 mètres. Là encore, c’est très loin des incroyables 9,58 s signées par Usain Bolt en 2009. De plus, l’engin aurait été disqualifié de toute compétition puisqu’il a franchi la ligne de son couloir. Mais il s’agit quand même d’un chrono phénoménal pour une machine bipède, si bien qu’il figure désormais dans le Guinness des Records.

Le premier robot bipède à maîtriser la marche généraliste

Et ce qui est encore plus impressionnant, c’est que ce chiffre montre que Cassie dispose désormais d’une panoplie complète de démarches adaptées à toutes les situations; elle est désormais plutôt douée dans la marche, la course longue, et dans le sprint, sur toutes les surfaces, même irrégulières. C’est le tout premier robot bipède du monde à y parvenir.

Et pour Jonathan Hurst, qui pilote de ce grand projet depuis le début, c’est un “moment décisif” dans l’histoire de la robotique. “C’est peut-être le premier robot bipède qui a appris à courir, mais ça ne sera pas le dernier”, affirme-t-il.

Il sera donc très intéressant de suivre l’évolution de Cassie et des autres robots pionniers de ce genre, car ils participent déjà à mettre en place des technologies qui seront probablement omniprésentes d’ici quelques années.

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