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Les migraines altèrent le cerveau au niveau microscopique

Des travaux de chercheurs américains ont mis en évidence des changements microscopiques du cerveau chez des patients souffrant de migraines.

En utilisant l’imagerie par résonance magnétique, des chercheurs ont identifié un changement anatomique clair qui survient dans le cerveau des patients souffrant de migraines. C’est la première fois qu’une étude illustre cet impact avec ce niveau de précision. Ces travaux pourront peut-être conduire à de nouvelles pistes thérapeutiques pour les soigner.

Les migraines sont des maux de tête récurrents, souvent assez violents, qui touchent généralement un seul côté de la tête. Elles s’accompagnent souvent d’une flopée d’autres symptômes handicapants. On peut notamment citer la fameuse « aura » qui accompagne certaines migraines, et qui a conduit à l’introduction du terme « migraine ophtalmique ».

Des maux de tête encore mal compris

Sans être un problème de santé publique majeur, les migraines sont tout de même handicapantes, et parfois même presque invalidantes pour les personnes qui en souffrent. Et cela représente un nombre de patients considérable. D’après cette étude, 12 % de la population mondiale souffrirait de migraines épisodiques. 1 à 2 % seraient sujets aux migraines chroniques.

Le problème, c’est que leur origine exacte reste encore assez mystérieuse. À l’heure actuelle, personne n’est capable de dire avec certitude quels mécanismes physiologiques provoquent ces maux de tête. Il n’existe donc pas de solution thérapeutique satisfaisante qui permettrait de prendre le problème à la racine. Dans la plupart des cas, les intéressés doivent se contenter de combattre les symptômes, souvent grâce à des antidouleurs.

Mais cela pourrait commencer à changer grâce au travail des chercheurs de l’University of South California (USC). Ils ont utilisé une technique d’imagerie par résonance magnétique (IRM, ou MRI en anglais) assez récente pour observer le cerveau de patients migraineux, avec des résultats très intéressants à la clé.

La technique en question est baptisée IRM 7T (pour 7 Tesla, l’unité qui représente l’intensité d’un champ magnétique). Elle offre des images avec une résolution spatiale et un contraste extrêmement élevés. Cela permet aux chercheurs (et même aux cliniciens aujourd’hui) de pratiquer des examens extrêmement poussés. L’outil idéal pour traquer des modifications subtiles dans le corps humain.

Des petits “trous” dans le cerveau

Les chercheurs s’en sont servis pour explorer le ciboulot de 25 personnes. 20 d’entre elles étaient sujettes à des migraines épisodiques ou chroniques. Les 5 autres étaient des sujets sains qui ont servi de groupe de contrôle.

Chez les 20 sujets migraineux, ils ont identifié une drôle de particularité dans des structures appelées espaces de Virchow-Robin, ou espaces périvasculaires. Ce sont des petits espaces remplis de fluides qui entourent les vaisseaux sanguins. Les spécialistes considèrent qu’ils jouent un rôle important dans l’entretien du cerveau.

Les petits points noirs correspondent aux espaces périvasculaires élargis, ou EPE. © Xu et al.

Parfois, ces espaces sont dilatés; le cas échéant, ils apparaissent sur les scans IRM sous la forme de petits trous noirs. C’est un phénomène normal que l’on observe même dans les cerveaux sains. Mais plusieurs études suggèrent qu’un nombre important de dilatations pourrait être un signe avant-coureur d’une maladie neurodégénérative.

Or, l’équipe de l’USC a découvert que le nombre de dilatations était significativement plus élevé dans le cerveau des patients migraineux. Ces espaces étaient notamment concentrés dans le centre semi-ovale. C’est une couche de substance blanche (très vulgairement, la matière constituée par les « queues » des neurones) abondante située au milieu du cerveau.

D’après les auteurs, c’est la première fois que ce type de changement a été identifié dans cette région du cerveau. Cette étude défriche donc une nouvelle piste de recherche qui pourrait aider à comprendre les mécanismes de la migraine.

Les points blancs correspondent à de petites lésions associées aux espaces périvasculaires élargis. © Xu et al.

« Ces espaces périvasculaires font partie du système de vidange du cerveau », explique Wilson Xu, doctorant en médecine à l’USC. « Étudier la façon dont ils contribuent aux migraines pourrait nous aider à comprendre comment elles surviennent », suggère-t-il.

Une piste de recherche ténue mais prometteuse

Les chercheurs proposent d’ailleurs un premier élément de réponse dans ce sens. Ils ont aussi montré qu’il existe une corrélation entre les espaces périvasculaires élargis (EPE) et des petites lésions observées au niveau de la substance blanche. « Ces lésions sont significativement liées à la présence des EPE », explique Xu. « Cela suggère que ces changements pourraient conduire au développement de nouvelles lésions ».

Mais les auteurs rappellent aussi qu’il faut être prudents par rapport à cette dernière hypothèse. En pratique, on se retrouve face à un problème de la poule et de l’œuf. Ces lésions sont-elles à l’origine des EPE, qui provoqueraient ensuite les migraines ? Ou est-ce une autre modification physiologique associée à ces maux de tête qui provoque les changements observés dans le cerveau ? Il est très difficile de déterminer la relation de causalité exacte.

Les chercheurs de l’USC espèrent donc que leurs découvertes vont ouvrir la voie à de nouveaux travaux à plus grande échelle. « Les résultats de notre étude pourraient inspirer de nouvelles études à grande échelle pour étudier comment ces changements microscopiques du cerveau contribuent aux différents types de migraines », indique Xu. « À terme, cela pourrait nous aider à développer de nouvelles façons de diagnostiquer et de traiter les migraines », conclut-il.

Le texte de l’étude sera disponible ici le 1er décembre prochain, au terme du meeting annuel de la Radiological Society of North America.

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