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L’avion Mk-II Aurora fait rugir son moteur-fusée pour la première fois

L’avion Aurora de Dawn Aerospace est désormais muni d’un moteur-fusée qui permettra à la prochaine version de mettre des satellites en orbite.

En 2021, Dawn Aerospace a intrigué tout le monde en présentant un type d’appareil plutôt rare : un avion-fusée suborbital baptisé Aurora. À l’époque de son baptême de l’air, le prototype baptisé Mk-II était encore équipé de moteurs à réaction standard. Mais tout récemment, la firme est passée aux choses sérieuses ; une nouvelle version vient de réaliser ses premiers vols avec son tout nouveau moteur-fusée.

À première vue, l’Aurora semble très proche de la fameuse Space Shuttle employée par la NASA entre 1972 et 2011. Les deux engins sont pourtant assez éloignés. Car même s’il est équipé d’un moteur-fusée comme on en trouve sur des lanceurs traditionnels, l’appareil de Dawn ne s’installera jamais en orbite comme l’appareil retraité de la NASA ; Aurora n’a pas vocation à sortir de l’atmosphère. Techniquement, ce n’est pas une navette spatiale.

Pour rappel, cette dernière décollait à la verticale depuis un pas de tir conçu pour les fusées classiques, aidée par un énorme booster, pour déposer du matériel en orbite. À ce niveau, Aurora est plus proche d’un avion traditionnel. Ce tout petit aéronef de 5 mètres de long dispose de deux ailes et d’un train d’atterrissage qui lui permettent de décoller depuis une piste standard.

C’est ce qu’il a réussi à faire lors de trois tests consécutifs, qui ont eu lieu sur un aérodrome néo-zélandais à la fin du mois de Mars. À cette occasion, cet appareil sans pilote a atteint une altitude de 1829 mètres. Grâce à son petit moteur-fusée kerolox capable de développer environ 440 kg de poussée, il a atteint une vitesse d’environ 315 km/h.

Des performances modestes, mais une belle preuve de concept

À titre de comparaison, un c’est un peu plus rapide qu’un Cessna 150. Ce petit avion de tourisme à hélice de taille comparable vole à environ 200 km/h. Les gros Boeing 737, de leur côté, dépassent allègrement les 800 km/h en vitesse de croisière. Vous l’aurez compris, il n’y a pas franchement de quoi sauter au plafond. En termes de performances brutes, il s’agit de chiffres assez modestes. Ils sont d’ailleurs assez proches de ceux que la première version d’Aurora avait atteints avec ses anciens moteurs à réaction.

Mais l’objectif de Dawn n’était absolument pas de battre un record. Les différentes versions du Mk-II ne sont encore que des preuves de concept. Celui qui a décollé récemment devait montrer que l’approche de la firme — construire un avion-fusée capable de fonctionner comme un avion de ligne classique — est viable.

C’est désormais chose faite, et c’est une très bonne nouvelle pour la firme. En prouvant que le Mk-II peut voler plusieurs fois dans un laps de temps réduit, Dawn a ouvert la porte de la dernière phase de test sur cet appareil. Désormais, les ingénieurs vont tenter de le pousser jusque dans ses retranchements pendant quelques mois. Et si tout se passe bien, ils pourront alors passer aux choses sérieuses.

Et maintenant, place à l’Aurora Mk-III

Car ce modèle Mk-II n’est pas encore la forme finale de l’Aurora. C’est le précurseur du futur modèle Mk-III, qui s’annonce beaucoup plus impressionnant à tous les niveaux. Pour commencer, il sera plus de quatre fois plus grand, avec 22 mètres de long. Mais surtout, il affichera un poids maximal au décollage de 23,5 tonnes. Le petit Mk-II, de son côté, atteint péniblement les 350 kg.

Ces performances permettront à Dawn de mettre la dernière phase de son plan à exécution. Car même s’il vole un peu comme un avion classique, la mission d’Aurora ne sera pas d’emporter des passagers. À la place, il se placera sur une trajectoire suborbitale. Cela signifie qu’il va franchir la frontière de l’espace, mais sans s’insérer dans l’orbite ; il reprendra le chemin de la Terre.

La roadmap de Dawn Aerospace
© Dawn Aerospace

Mais avant cela, il va déployer un second véhicule également équipé d’un moteur-fusée. Ce tout petit engin permettra de déployer jusqu’à 250 kg de matériel en orbite terrestre basse. Pendant  ce temps, l’Aurora rentrera tranquillement au bercail pour préparer son prochain vol.

Dawn espère que cette approche lui permettra de mettre des satellites en orbite beaucoup plus rapidement et avec moins de contraintes qu’un lanceur classique. Si tout se passe comme prévu, cela lui permettra de proposer ses services à un prix très intéressant. Surtout pour une petite entrepriseaux moyens limités qui souhaiterait simplement déployer un cubesat isolé.

Cela pourrait lui permettre d’occuper une niche assez unique et, par conséquent, très confortable sur le segment des lanceurs légers. À terme, Aurora pourrait s’imposer comme une alternative crédible aux leaders du secteur. On pense notamment au lanceur Electron de RocketLab. Pour référence, ce véhicule souvent considéré comme la Rolls-Royce actuelle de cette catégorie affiche une charge utile comparable (jusqu’à 300 kg). Il sera donc fascinant d’observer l’évolution de cet appareil assez singulier dans l’écosystème actuel; en cas de succès, peut-être que cette approche fera même des émules chez certains concurrents.

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Source : Dawn Aerospace

3 commentaires
  1. C’est oublier un peu vite que Virgin Orbit, avec un service similaire vient de se déclarer en faillite….

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