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Starship : la fusée la plus puissante du monde a décollé, puis explosé

Un événement historique qui signe le début d’une nouvelle ère de conquête spatiale; la Lune, Mars et le reste de l’espace n’ont jamais été aussi proches.

Ca y est ! Après des années de casse-tête industriel, le colossal Starship et son booster Super Heavy ont enfin décollé de la Starbase de Boca Chica. Un immense succès pour SpaceX, qui est en train de poser les bases de l’aérospatiale de demain.

Ce véhicule de nouvelle génération était de retour sur le pas de tir, trois jours après l’avoir quitté. Pour rappel, SpaceX avait été forcée de repousser la première tentative de lancement suite au dysfonctionnement d’une valve. Les éléments défectueux ont été réparés suffisamment vite pour que la firme puisse revenir aux affaires dès aujourd’hui.

Le protocole de lancement a été suspendu à 30 secondes du lancement. Rien d’inhabituel, au contraire; les pauses de ce genre sont fréquentes, surtout lors des lancements les plus importants. Elles permettent aux équipes au sol puissent effectuer quelques vérifications supplémentaires. C’était déjà arrivé à plusieurs reprises lors de la première tentative de lundi. Cette fois, c’était une simple précaution suite à un petit déficit de pression au niveau du réservoir principal du Super Heavy.

Le compte à rebours est donc reparti à T-45 secondes, et l’engin a décollé comme prévu sous les exclamations d’un public en ébullition.

Une réussite malgré le feu d’artifice

Le Starship a passé le cap du Max-Q – le point de l’ascension où les contraintes mécaniques sont maximales – sans problème. Malheureusement, un problème est survenu lors de la séparation. La fusée s’est mise à pivoter hors de tout contrôle juste avant cette étape critique et exceptionnellement difficile à négocier. Elle a fini par exploser quelques secondes plus tard. Les équipes de SpaceX ont potentiellement déclenché la procédure d’autodestruction elles-mêmes une fois qu’il était clair que le Starship n’atteindrait pas l’espace.

explosion du starship
© SpaceX

Certes, l’engin n’a pas réussi à franchir la ligne de Karman, la frontière de l’espace arbitrairement établie à 100km du niveau de la mer. Il devait y parvenir après quelques minutes d’ascension supplémentaires, effectuer un tour quasi-complet de la Terre, puis revenir s’écraser à pleine vitesse dans l’océan.

Mais cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un échec. Elon Musk avait déjà indiqué qu’il faudrait mesurer ses attentes. Et les troupes de SpaceX ont longuement insisté sur le fait que le simple fait de quitter le pas de tir était déjà un succès en soi; tout le reste n’était que du bonus.

Prochaine étape : l’orbite

Avec ce test, la firme a prouvé que Super Heavy était bel et bien capable de pousser ses moteurs à plein régime pour emporter un Starship aux portes de l’espace, et on pouvait difficilement en attendre plus de ce baptême de l’air. Mais cela ne suffira plus lors du prochain test. Désormais, le tandem Starship-Super Heavy sera attendu au tournant. La prochaine étape consistera à atteindre l’orbite. La priorité sera donc de mieux négocier cette fameuse phase de séparation.

Il s’agit toujours d’un moment excessivement délicat; en substance, il faut permettre à deux énormes missiles  chargés de matériel hautement combustible de partir chacun de leur côté sans le moindre accroc. La manoeuvre est généralement peaufinée au fil des lancements, et rater la première tentative n’a absolument rien d’infamant. Ca aurait même été un véritable exploit pour le tandem Starship-Super Heavy, qui est presque aussi haut que la Tour de la Défense et pèse environ 5000 tonnes une fois rempli !

© SpaceX

Une fois que le Starship réussira à se désolidariser du booster, la dernière étape difficile sera la mise à feu des moteurs-fusées du Starship en lui-même. Les risques sont généralement moins importants qu’au moment de la séparation. Mais la plupart des nouveaux engins qui viennent à peine passer au stade opérationnel ont tendance à rencontrer quelques difficultés à ce moment.

La bonne nouvelle, c’est qu’à partir de là, l’engin sera désormais sur la voie royale. Si les moteurs réussissent à développer autant de poussée que prévu (on parle de puissance nominale), l’insertion en orbite devrait être un jeu d’enfant. Cette étape sera beaucoup plus facile à négocier que la première phase de l’ascension, à moins qu’un dysfonctionnement critique survienne en cours de route.

Si SpaceX y parvient assez vite, elle pourra aussi rafler un autre titre prestigieux. Le Starship pourrait devenir le tout premier engin à franchir la Ligne de Karman à l’aide d’un moteur-fusée dit methalox, qui utilise du méthane au lieu du kérosène traditionnel. Là encore, il s’agit d’une technologie très prometteuse que tous les grands noms de l’industrie cherchent à domestiquer. Il sera donc intéressant de voir si SpaceX y arrivera en premier, ou si Relativity Space ou le contingent chinois lui grilleront  la politesse (voir notre article).

Cap sur la récupération complète

Quoi qu’il en soit, ce baptême de l’orbite représentera une réussite majeure. Mais SpaceX ne sera pas encore au bout de ses peines pour autant. A partir de là, la firme pourra se pencher sur le dernier objectif à court terme du Starship : faire en sorte que le véhicule et son booster se reposent sagement sur Terre. Cela permettra de les réutiliser par la suite. L’entreprise récupère déjà une partie de ses Falcon 9, mais ici, il s’agit bien de remettre l’intégralité de l’appareil en ordre de marche.

A terme, SpaceX espère que cette philosophie lui permettra de lancer un très grand nombre de Starships chaque jour, le tout à un prix très compétitif. Cela sera indispensable pour ses projets les plus ambitieux. On pense notamment à la colonisation martienne dont rêve Elon Musk. Une telle aventure nécessitera d’expédier une quantité invraisemblable de matériel dans l’espace, largement au-delà des capacités de lancement actuelles.

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2 commentaires
  1. Peut on vraiment dire que cet essai soit un demi-succès?En lisant les quelques détails du format de ce lanceur,celui-ci est un mammouth donc l’exemplaire c’est désintegré dans les airs.Ce qui est franchement une bien pietre réussite.Quel est à été le cout pour la construction d’un seul de ce bidule?Certes monsieur Musk est un muti-milliardaire,mais là ça fait bobo au budget.Y a t-il un second exemplaire?Ce deuxieme exemplaire,quand à lui devra parvenir à atteindre l’altitude orbital sans pépin,car si ça venait à cafouiller à nouveau,le public pourrait se désinteresser considerablement du projet spaceX et pas seulement le public la NASA aussi,puisque si les infos que j’ai lu dans les medias sont exact,la NASA envisage d’exploiter l’engin de spaceX pour des trajets Terre-Lune.Je fais le rabat joie c’est sur,et bon nombre d’internautes seront mécontent de mon commentaire,hélas ce lancement foireux est fort regretable vu l’époque à laquelle nous sommes ainsi que pour le voyage vers Mars.

    1. Bonjour @unlecteurdepassage ,
      Il s’agit incontestablement d’un succès; l’objectif était d’abord de tester la capacité de l’engin à décoller, ni plus ni moins – tout le reste était considéré comme du bonus. Et cela n’a absolument rien d’inhabituel. Même un vol suborbital de cette catégorie est un exercice très complexe, et y arriver du premier coup alors que ce n’était pas nécessairement l’objectif prioritaire aurait été un véritable exploit. Un second échec à ce niveau serait évidemment regrettable, mais pas non plus dramatique.

      Pour ce qui est du tarif : à l’heure actuelle, le coût de construction est estimé à quelques dizaines (30 à 70 selon les sources) de millions de dollars pour le couple Starship-Super Heavy, ce qui est assez modeste pour un engin de cette catégorie (toutes proportions gardées, évidemment). Mais une fois le véhicule opérationnel, SpaceX pourra standardiser la production, avec une réduction drastique du prix à la clé. Elle peut donc parfaitement se permettre de sacrifier quelques prototypes sur l’autel de l’innovation; encore une fois, c’est la norme dans cette industrie. Et une fois finalisé, il s’agira d’un engin sans équivalent qui pourra rapporter beaucoup, beaucoup d’argent à Elon Musk et ses troupes.

      Enfin, pour ce qui concerne les projets de conquête lunaire, pas d’inquiétude. La NASA ne fait pas qu’envisager de faire appel à SpaceX : les deux entités sont déjà contractuellement liées dans le cadre du programme Artemis, et plus précisément de la mission Artemis III. A moins d’une grosse catastrophe industrielle, le Starship continuera de faire partie intégrante du programme, même s’il subit quelques déconvenues d’ici-là.

      Bien cordialement et en vous remerciant de votre lecture,

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