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Sextech : les sextoys aussi ont besoin d’un chargeur unique

Le chargeur unique arrive en Europe, mais pas pour tout le monde.

Le débat a été lancé il y déjà quelques années sur le marché du smartphone, et devrait prochainement se concrétiser. D’ici quelques années, le chargeur unique USB-C va faire son arrivée en Europe. Le dispositif concernera les smartphones, les tablettes et les ordinateurs portables dans un premier temps, avant d’être appliqué à certains objets connectés. Ce dernier offrira plusieurs avantages, à commencer par une simplification drastique de l’offre côté consommateurs, qui ne crouleront plus sous les câbles.

Sur le plan écologique aussi, l’adoption de l’USB-C comme norme universelle a des avantages, puisqu’elle limitera le nombre de déchets technologiques, tout en assurant une vitesse de charge minimale en filaire.

La sextech, grande oubliée du chargeur unique

Alors que la plupart des acteurs technologiques s’apprêtent à passer au chargeur unique, la sextech fait encore une fois figure d’exception. Le marché du plaisir a déjà entamé quelques actions en faveur de la transition énergétique, en permettant une meilleure réparabilité et une fin de vie plus écoresponsable. Reste que le résultat s’apparente le plus souvent à des coups de communications marketing plutôt qu’à de réels engagements environnementaux. Les jouets pour adultes ont depuis longtemps abandonné les blocs secteur, bien avant Xiaomi, Samsung et Apple. Sur la question des connectiques de charge en revanche, ils souffrent d’une incohérence totale.

Seules les grandes marques leaders du marché ont réussi à opter pour un chargeur propriétaire unique. Tandis que Womanizer et Satisfyer misent sur l’induction, avec des barrettes magnétiques. De son côté, Lelo préfère une connectique filaire plus classique. Ce premier pas vers le chargeur unique s’avère bien pratique lorsqu’on commence à posséder plusieurs modèles d’une même marque. Néanmoins, ces derniers sont disponibles uniquement via les fabricants, qui sont libres de les commercialiser encore longtemps… ou non.

En marge des géants de la sextech qui profitent de leurs propres filières de R&D, mais aussi de lignes de production dédiées, la grande majorité des fabricants présents sur le marché utilisent des marques blanches pour leurs sextoys. Concrètement, il s’agit de moules déjà existants, dont la ligne de production est généralement localisée en Chine. En optant pour une marque blanche, le fabricant peut influer sur la couleur du sextoy, parfois sur la qualité des matériaux, et apposer son logo. Les connectiques en revanche, sont déjà prédéfinies, et impossibles à modifier lorsqu’il est question de marque blanche. C’est — au moins en partie — pour cette raison que certains fabricants possèdent des dizaines de modèles et tout autant de connectiques de charge, sans aucune cohérence.

Le poids écologique de la sextech

Pourtant, la sextech pollue. La filiale du jouet pour adulte a beau être un secteur de niche par rapport à celui du smartphone, elle pèse lourd sur la facture environnementale mondiale.  En effet, même si l’enseigne Passage du Désir a mis en place une filière inédite de recyclage dédiée en France, plusieurs dizaines de milliers de kilogrammes de matières premières terminent bien souvent leur course dans les poubelles classiques, faute d’informations sur les circuits existants. Par pudeur ou méconnaissance de la filiale, la très grande majorité des sextoys échappe en réalité au recyclage. Quant à la seconde main, le marché commence tout juste à émerger aux États-Unis, mais souffre encore de bon nombre d’aprioris.

Un chargeur unique pour les faire vibrer tous

Comment justifier qu’un marché porteur d’innovation et d’engagement social comme la sextech, dont le chiffre d’affaires devrait dépasser les 122 milliards de dollars en 2024 soit aussi peu intégré aux considérations environnementales européennes ? Tout simplement parce qu’au-delà de son empreinte carbone, la sextech n’est pas encore un marché comme les autres, regrette Christel Bony, fondatrice et présidente de l’association Sextech for Good : “À partir du moment où la sextech navigue dans un vide juridique, ce n’est pas un secteur comme les autres“.

Pour fabriquer un sextoy aujourd’hui, il n’existe presque aucune obligation légale. À l’inverse des produits alimentaires ou destinés aux enfants, les plastiques et silicones utilisés n’ont pas l’obligation d’être garantis sans BPA ni phtalates. Pour commercialiser un jouet érotique en France, une simple attestation de la part du fabricant suffit, sans possibilité de vérification.

L’arrivée du chargeur unique en Europe est un premier pas vers davantage de sobriété énergétique. Mais cette mesure doit se traduire par une harmonisation globale, et ne pas seulement se limiter aux terminaux grand public. Il est nécessaire que la sextech prenne part à cette transition, mais cela implique aussi pour les consommateurs de prendre leurs responsabilités, rappelle Christel Bony : “Il faut prendre en compte les matières, la recyclabilité, le chargeur, à la fois en tant qu’utilisateurs et utilisatrices, mais aussi en tant que producteur, qui a tout à y gagner. Mais pour que cela soit possible, il faudrait reconnaitre que la sextech est un secteur d’innovation comme les autres“.

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