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Threads : la vraie raison du retard du réseau social en France

Avec ses 100 millions d’utilisateurs en moins d’une semaine, Threads connaît un succès fulgurant. Pourtant, le réseau social n’est toujours pas disponible en Europe.

Nouveau concurrent de Twitter, le réseau social Threads cartonne. Plus de 100 millions de comptes ont été créés en cinq jours, suffisant pour relancer la « guerre » entre Elon Musk et Mark Zuckerberg. Ce dernier a des ambitions avec sa nouvelle plateforme, convaincue de la possibilité d’offrir une alternative à un Twitter perturbé par la gestion de son patron. Alors que la vidéo cartonne sur Instagram ou TikTok, Meta se recentre autour de l’écrit avec Threads.

Cependant, les résidents de l’Union européenne (UE) ne peuvent pas officiellement se rendre sur Threads. Dans les faits, il est toutefois possible de s’inscrire sur ce réseau social lié à Instagram en modifiant le Store de téléchargement d’un iPhone, ou en utilisant un fichier APK sur Android. Cette proximité entre les plateformes est sans doute ce qui explique la décision de Meta de ne pas rendre son application disponible dans l’UE. À son lancement, nous avions d’ailleurs déjà évoqué son absence sur une partie du vieux continent. En effet, les pays non-membres de l’UE comme le Royaume-Uni peuvent officiellement se rendre sur Threads.

Le DMA est à l’origine du retard de Threads en France

Du côté de Meta, la porte-parole Christine Pai assure que ce retard à l’allumage s’explique par une « incertitude réglementaire à venir ». Selon toutes vraisemblances, la firme américaine fait référence au règlement des marchés numériques (DMA). Entrée en vigueur en novembre 2022, le DMA s’appliquera totalement à partir de mars 2024.

Un changement important pour les géants de la tech qui doivent se soumettre à ce règlement qui vise à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles. Pour Meta, le problème actuel est que Threads est un outil conçu dans le prolongement d’Instagram. Au démarrage, il utilise d’ailleurs les données des utilisateurs disposant déjà d’un compte Instagram. Il n’est pas possible de créer un nouveau compte à part.

Un choix assumé par Meta qui s’offre plus de souplesse, offrant la possibilité à ses utilisateurs de retrouver leurs habitudes. Ainsi, un utilisateur retrouvera facilement les personnelles auxquelles il est déjà abonné sur Instagram dès qu’il apparaît sur Threads. Toutefois, le DMA n’aime pas ce croisement de données collectées sur plusieurs services différents par un même groupe. « Il y a des dispositions dans le DMA qui empêchent d’utiliser votre force sur un marché, ici sur Instagram, pour aller sur un autre marché », explique Alexandre de Streel, directeur académique du Center on Regulation in Europe (CERRE). Le spécialiste note d’ailleurs que « c’est l’utilisation de la base de clientèle d’Instagram qui a permis à Threads une montée en puissance aussi rapide ».

Threads en France, juste une question de temps

Meta n’a pas fait une croix sur l’Europe et a pour ambition de lancer son réseau social dans les pays membres de l’UE. Le groupe américain attendrait cependant de recevoir plus d’informations avant de se lancer. Si Meta ne pointe pas du doigt le DMA, Adam Mosseri confirme avoir besoin de « plus de temps » avant de déployer Threads en Europe. « La complexité de la mise en conformité avec certaines des lois qui entreront en vigueur l’année prochaine est considérable. Nous ne voulons rien lancer qui ne soit pas compatible [avec les règlements européens] », explique le patron d’Instagram et Threads, dans un entretien accordé à The Verge.

Le géant américain devra notamment répondre sur la question du partage – et de la quantité – de données entre Threads, Instagram et Meta. Rappelons que ce dernier est aussi le propriétaire des plateformes Facebook et WhatsApp. Ces services revendiquent chacun plusieurs milliards d’utilisateurs, faisant de Meta un « gatekeeper ». Le terme fait référence à des géants fournissant des services numériques, comme Alphabet (Google), Amazon, Apple, Microsoft, ByteDance, Samsung ou Meta.

La firme de Mark Zuckerberg devra obtenir l’accord des utilisateurs s’ils cherchent à combiner les différentes données personnelles collectées. Le problème de Meta est qu’il ne recueille pas ce consentement pour ces données combinées, comme l’expliquent nos confrères de 01net. Ces derniers donnent toutefois des solutions pour télécharger Threads.

Et si Meta était dans la meilleure des situations ?

On ne sait toujours pas quand Threads sera officiellement disponible en France, mais est-ce vraiment un problème pour Meta ? Le réseau social est encore à ses balbutiements et devra s’offrir de nouvelles fonctionnalités pour concurrencer efficacement Twitter. Ce délai est aussi l’occasion de voir la plateforme s’enrichir et de songer à l’étape la plus difficile.

Après des débuts tonitruants, Threads va devoir ses preuves et retenir les utilisateurs. Une étape cruciale pour l’avenir d’une plateforme qui se constitue déjà une base d’utilisateurs en France et dans le reste de l’Union européenne. Loin des règlements, l’accès à Threads reste très simple et Meta a tout intérêt à laisser les utilisateurs européens découvrir son nouveau service. La firme n’a d’ailleurs pas bloqué l’accès à son application, qui fonctionne en français et sans passer par un VPN.

Si vous décidez de tenter l’expérience, il faut simplement garder à l’esprit que vous vous soumettez aux règles américaines, et non européennes. La protection des données personnelles existe aussi aux États-Unis, mais le RGPD est régulièrement présenté comme une référence dans le domaine. Notez qu’un flou subsiste à ce sujet en raison du lien qui unit actuellement Instagram et Threads. Le premier, officiellement disponible en France, est soumis au RGPD et se doit de respecter les obligations européennes.

À lire aussi : Les entreprises américaines ont un accès plus facile à vos données grâce à l’UE

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