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Skyblogs : la BNF et l’INA vont devoir archiver des millions de publications honteuses

Les skyblogs sont morts, mais ils continuent à vivre dans nos cœurs (et dans les archives de la BNF)

Les skyblogs tirent leur révérence cette année. Alors que le groupe Kyo célébrait les vingt ans de son album Le Chemin en se relançant dans l’aventure du blogging façon année 2000, l’entreprise Skyrock, propriétaire de la plateforme signait l’arrêt de mort de nos journaux intimes numériques. Finis les gifs Blingee, l’ASCII art et les générateurs de texte en caractères spéciaux ραѕ тσυנσυяѕ тяèѕ ℓιѕιвℓєѕ, мαιѕ яéѕσℓυмєηт ¢σσℓѕ. Il faut désormais tourner la page.

Évidemment, plusieurs techniques existent pour sauvegarder votre skyblog. Avant la mort de la plateforme prévue pour le 21 août prochain, il est toujours possible de créer une copie de ses œuvres numériques. Mais les internautes nostalgiques ne sont pas les seuls à vouloir conserver une copie de ce vestige. En même temps que l’annonce de la mort des blogs Skyrock, la Bibliothèque nationale de France (BNF) et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) se sont empressés d’annoncer le lancement d’un projet d’archivage massif et inédit, de plus de 13 millions de blogs.

Des témoins honteux de leur époque

Aujourd’hui, la très grande majorité des skyblogs ont été laissés à l’abandon. Simples journaux intimes de collégiens ou véritables sites de fans à la gloire de Tokyo Hotel, Twilight ou des Jonas Brothers, ces sites amateurs s’imposent pourtant comme des témoins privilégiés de leur époque. Logique donc, qu’après avoir numérisé des années d’émissions de télé du milieu du siècle dernier, l’INA ait décidé d’archiver ce vestige numérique d’un autre temps. Le travail s’annonce d’ores et déjà colossal : sur les 19 millions de skyblogs français encore en ligne, l’Institut national de l’audiovisuel va en collecter plus de 1,6 million. De son côté, la BNF va réaliser le plus gros du travail, et prévoit d’archiver 12 millions de comptes.

Ce travail est le fruit d’un processus de longue date. Définie en 2006 dans le cadre de la loi sur les droits d’auteur et droits voisins et la modification du Code du patrimoine, la mission conjointe de la BNF et de l’INA entend protéger notre culture nationale sur tous les fronts, y compris celui des réseaux sociaux. Rien de plus logique finalement, quand on sait que c’est sur ces plateformes en ligne qu’a désormais lieu la majorité des échanges et des créations de contenu. Alors que l’INA archive quotidiennement 135 milliards d’URL (soit environ 16 000 sites et 20 000 chaînes vidéos) rappelle Le Monde dans une enquête, la BNF abrite déjà 5,9 millions de noms de domaine, pour environ 48 milliards de pages web.

Après avoir acté la mort programmée de ses skyblogs, c’est le groupe Skyrock lui-même qui a pris contact avec les deux institutions, dans le but de préserver “un trésor sociologique unique, un témoignage grandeur nature des vécus individuels de la nouvelle génération de la première décennie du siècle“. Une mission à très grande échelle, que la BNF veut la plus complète et exhaustive possible : “Notre approche de sauvegarde est historique, en archivant un maximum de pages à partir des premiers blogs publiés et encore disponibles aujourd’hui“. De son côté, l’INA préfère quant à elle se concentrer sur les blogs les plus populaires, possédant à minimat “plus de mille vues, dix publications et dix abonnés”.

Vos blogs les plus honteux vont passer à la postérité

Grâce à leurs outils d’indexation, la BNF et l’INA sont en train d’aspirer une grande partie des blogs francophones de la fin des années 2000. Beaucoup d’internautes s’en seraient sans doute passés. Pourtant, les organisations prévoient une expérience intacte. Malgré la difficulté liée à l’extraction de contenu multimédia tiers, les liens hypertextes et les vidéos devraient rester inclus. Il sera ainsi possible de naviguer sur nos vieux skyblogs comme à la bonne époque.

Si vous craignez de voir votre blog le plus inavouable refaire surface, pas de panique : cet archivage ne concernera pas les DM ni les contenus privés. De plus, leur consultation sera réservée aux chercheurs accrédités et aux organismes partenaires. Pour éviter toute déconvenue, il est toujours possible de supprimer manuellement votre skyblog avant la fermeture de la plateforme… en espérant que l’INA ou la BNF ne l’ait pas déjà archivé.

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