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Fiasco Pokémon x Van Gogh : le scalping est un fléau inarrêtable

L’incident de la collection Pokémon au musée Van Gogh d’Amsterdam prouve une fois de plus que le scalping met nos passions en danger.

Une fois de plus, les monstres de poche ont créé la zizanie. Si l’époque de la pénurie de cartes à jouer est loin derrière nous, les petites créatures continuent de passionner les foules, au risque d’attirer des consommateurs mal intentionnés. Comme tout JCC (jeu de cartes à jouer et à collectionner), celui de Pokémon est propice à la spéculation. Pour compléter un set de collection, les joueurs doivent compter sur leur chance, sur leur porte-monnaie ou les deux. Chaque nouvelle extension s’accompagne de son lot de cartes ultra-rares et même hyper rares, que l’on appelait “secrètes” avant la refonte de rareté de Violet et Écarlate.

Le marché de revente pullule alors de prix exorbitants. Les joueurs chanceux peuvent revendre leurs trouvailles à prix d’or puisque les collectionneurs acharnés sont prêts à effectuer de telles dépenses. Tel est le fonctionnement de l’offre et de la demande pour les JCC. Malheureusement, cette dynamique est parfois poussée à l’extrême et génère de véritables catastrophes. Lorsque des éditions limitées de produits Pokémon font leur entrée sur les étalages, ceux que l’on appelle les scalpers décident d’investir massivement dans les stocks pour priver les fans de leur graal et les pousser à l’achat pour des tarifs toujours plus élevés.

Ce phénomène que les gamers ont dû affronter durant plusieurs années suivant la sortie des consoles PS5 et Xbox Series sévit également hors des jeux de cartes. Une fois n’est pas coutume, l’arrivée d’une collaboration officielle avec les monstres de poche s’est couronnée d’un bazar sans nom.

Le musée transformé en champ de bataille

Vous avez certainement vu ces images surprenantes sur les réseaux sociaux. Le temps d’un instant, le musée Van Gogh d’Amsterdam a été brisé par une horde d’acheteurs prêts à se battre pour des produits exclusifs. Affiches, cahiers de coloriages et autres goodies aux couleurs des petits monstres et des œuvres de l’artiste devaient être vendus à la boutique souvenirs d’une exposition temporaire prévue jusqu’au 7 janvier 2024.

Ces souvenirs pour le moins originaux n’auront pas fait long feu, puisqu’il aura suffi d’une journée d’ouverture au public pour écouler l’entièreté du stock. Quelques heures plus tard, l’ensemble de la collection a fait son apparition sur Vinted, eBay et autres plateformes du genre, avec des prix de revente toujours plus abusifs. Les achats à la boutique souvenirs s’accompagnaient d’une carte promotionnelle exclusive et gratuite, représentant Pikachu façon autoportrait de Van Gogh.

Vendue entre 400 et 600€ dans les heures suivant ce scalping massif, la carte est aujourd’hui proposée aux alentours de 200 et 300€, des prix totalement injustifiés pour un produit normalement destiné aux visiteurs du musée. S’il existe des moyens préventifs pour éviter ce genre de pratiques (comme un accès restreint aux produits derrière la caisse pour la vente d’un exemplaire par personne), il faut croire qu’aujourd’hui, le scalping est inévitable, plus particulièrement pour les franchises au grand potentiel de collection.

Le cas des cartes à jouer et de Disney

Dans le monde du scalping, les produits Disney se situent dans la même catégorie que Pokémon. L’engouement derrière ces différentes licences est à l’origine de bien des déceptions. Les visiteurs habitués des parcs de Mickey Mouse connaissent l’adrénaline des ventes privées de pin’s et autres sacs et jerseys en édition limités. Même lors de la mise en place de mesure restrictive, les clients trouvent toujours de nouvelles façons de les contourner, en faisant par exemple de multiples passages en caisse avec différentes personnes de leur groupe.

Qu’il s’agisse de vente en ligne ou physique, les scalpeurs trouveront toujours un moyen d’y trouver leur compte. Mais alors, comment vaincre la revente abusive de produits ? Prenons le cas de figure des cartes Disney Lorcana. Le nouveau JCC développé en partenariat avec Ravensburger (fabricant déjà à l’origine des jeux Villainous) a rencontré un engouement massif lors de la sortie de sa première extension en septembre dernier.

L’aspect spéculatif des jeux de cartes couplé au pouvoir d’attraction des licences Disney a poussé certains malins à commander les displays et autres decks par palettes. Résultat des courses, seuls les joueurs ayant précommandé des cartes lors de l’avant-première en boutique spécialisée ont pu profiter du jeu, tandis que les grandes surfaces se sont retrouvées dévalisées ou sans aucun stock au moment de la sortie générale.

Pour contrer cette situation, Ravensburger s’est tourné vers l’unique moyen de stabiliser le marché : la reproduction du premier set. Début 2024, le Premier Chapitre de Lorcana fera son retour en magasin pour rendre caduques les tarifs exorbitants de produits revendus. Même constat du côté de Pokémon pour l’exposition Van Gogh.

Des excuses en dernier recours

La Pokémon Company s’est excusée publiquement sur X (anciennement Twitter) en promettant le retour de la carte promotionnelle “Pikachu with Grey Felt Hat“. Malheureusement, le reste de la collection ne sera pas produit à nouveau. Ce fiasco prouve une fois de plus qu’à l’heure de la revente massive sur internet et du contexte l’inflation, le scalping a encore de beau jour devant lui. L’absence totale de Pokémon Center permanent en Europe et le contexte toujours limité des événements proposés par chez nous sont certainement à blâmer.

Mais après tout, comment donner envie à la Pokémon Company de s’installer pour de bon dans une grande ville d’Europe quand ce genre de catastrophe se répète à chaque fois ? Les différents Pokémon Center éphémères de Londres en sont bien la preuve. Pour l’heure, les fans des monstres de poche n’ont malheureusement que leurs yeux pour pleurer et les excuses de l’entreprise pour se réconforter. Reste que l’exposition Pokémon au musée Van Gogh est encore accessible, les souvenirs en moins. Les fans de la franchise peuvent se rendre à Amsterdam pour profiter des différentes œuvres crossover exposées jusqu’au 7 janvier 2024.

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2 commentaires
  1. “il faut croire qu’aujourd’hui, le scalping est inévitable”
    Bien sur que si c’est évitable, il suffirait de limiter les achats et de faire la chasse aux reventes, surtout qu’elles ne se passent pas sur le darkweb ces reventes, on parle d’Ebay, Vinted. Sauf que ça arrange bien les producteurs et distributeurs, ça fait parler, ça alimente la hype. Et ça fait écouler des stocks en une journée aussi, accessoirement.

  2. Bien dit, il faudrait que le FBI voir la DGSE se mettent enfin à rétablir l’ordre dans ce réseau de mafieux

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