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Mars : il y a assez de glace sous l’équateur pour inonder toute la planète

L’ESA s’est repenchée sur une des régions les plus fascinantes de la Planète rouge, et les chercheurs estiment qu’elle contient de grandes quantités d’eau liquide qui pourraient les aider à retracer l’histoire de notre voisine.

Jusqu’à preuve du contraire, Mars reste une planète désertique et stérile. Mais les planétologues ne désespèrent pas, et continuent d’y chercher des éléments compatibles avec la vie telle qu’on la connaît. Ils se concentrent notamment sur l’eau, qui est intimement liée à la vie des organismes terrestres — et l’ESA estime en avoir trouvé une énorme réserve sous l’équateur de la Planète rouge.

Cette histoire a commencé en 2007, quand la sonde Mars Express de l’Agence spatiale européenne est partie explorer Medusae Fossae. Il s’agit d’une énorme formation volcanique qui couvre une surface d’environ 1 000 000 km² au niveau de l’équateur martien. Elle présente des particularités géologiques très intéressantes.

Par exemple, avec ses pics de plusieurs kilomètres de haut constitués de roches friables façonnées par les vents, les chercheurs estiment qu’il pourrait s’agir de la principale source de poussière sur Mars. On lui doit donc une bonne partie des tempêtes de poussière géantes qui peuvent envelopper des portions entières de la planète.

Medusae Fossae
Un rendu 3D de Medusae Fossae produit à partir des données récoltées par Mars Express. © ESA/DLR/FU Berlin

De vastes dépôts souterrains

Mais en plus de ces reliefs, d’autres surprises se cachaient aussi dans les profondeurs de Medusae Fossae. À l’époque, Mars Express a révélé que cette région abritait de vastes dépôts de minéraux qui s’étendaient sur plus de 2,5 km sous la surface. En revanche, l’équipe de Thomas Watters, le planétologue à l’origine de cette campagne d’observation, n’a pas réussi à déterminer la nature de ce matériel.

Dix-sept ans plus tard, Watters et ses troupes ont décidé de remettre le couvert. À l’aide de données plus récentes capturées par le radar MARSIS de la sonde, ils ont commencé par observer que ces dépôts étaient encore plus profonds que prévu, jusqu’à 3,7 km de profondeur. Ils ont ensuite pu confirmer qu’il ne s’agissait pas de simples blocs de poussière.

« Étant donné la profondeur, si Medusae Fossae n’était qu’une pile de poussière géante, on s’attendrait à ce qu’elle se compacte sous son propre poids », explique Andrea Cicchetti, co-auteur de l’étude. « Cela aurait pour effet de créer quelque chose de bien plus dense que ce que l’on voit avec le MARSIS », précise-t-il.

Il ne restait donc qu’une piste compatible avec l’ensemble des données : tout porte à croire qu’il s’agit de glace d’eau. « Les signaux radar correspondent à ce qu’on s’attendrait à observer avec des couches de glace d’eau empilées les unes sur les autres », explique-t-il dans un communiqué de l’ESA. « On a des données similaires à celles qui proviennent des calottes glaciaires de Mars, dont ont sait qu’elles sont très riches en glace », se réjouit-il.

Et il ne s’agit pas de petites poches de glace isolées, bien au contraire. Les données suggèrent la présence d’un gigantesque gisement. Si toute cette eau existait sous forme liquide, elle pourrait recouvrir l’ensemble de la planète d’un océan d’1,5 à 2,7 mètres de profondeur, ou remplir toute la Mer Rouge sur Terre !

Une cible prometteuse pour les prochains explorateurs

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs trouvent de grosses réserves de glace souterraine, loin de là. Mais tous ces autres gisements étaient systématiquement positionnés à des latitudes bien plus élevées. Désormais, toute la question est de savoir comment une telle quantité d’eau s’est retrouvée ensevelie au niveau de l’équateur.

« Cette nouvelle analyse remet en question notre compréhension de Medusae Fossae et soulève autant de questions qu’elle n’apporte de réponses », explique Colin Wilson, planétologue à l’ESA. « Comment ces dépôts se sont-ils formés, et à quoi ressemblait Mars à l’époque ? »

Ces mystères sont encore loin d’être résolus. Pour avancer, il va déjà falloir confirmer rigoureusement qu’il s’agit effectivement de glace d’eau. Car même si tous les indices convergent dans cette direction, il ne s’agit encore que de preuves indirectes. Mais le jeu en vaut la chandelle. Car le cas échéant, il pourrait s’agir d’un formidable coffre fort géologique, rempli d’informations cruciales sur l’ histoire climatique et biologique de Mars.

« S’il est confirmé qu’il s’agit bien de glace d’eau, ces dépôts changeraient notre compréhension de l’histoire climatique de Mars. De tels réservoirs d’eau ancienne seraient des cibles fascinantes pour une future mission d’exploration robotique ou humain », conclut Wilson sur un ton songeur.

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