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Perseverance a-t-il déjà trouvé des traces de vie sur Mars ?

La réponse définitive n’arrivera pas avant plusieurs années – mais les chercheurs sont de plus en plus enthousiastes après une nouvelle découverte géologique du rover.

Si des formes de vie ont effectivement existé un jour sur Mars, il y a une probabilité non négligeable qu’un rover en ait déjà collecté des échantillons. Les chercheurs, en tout cas, sont de plus en plus enthousiastes par rapport à ce scénario très excitant.

C’est ce qui ressort d’un billet récemment publié par une équipe de la prestigieuse université californienne d’UCLA, et plus spécifiquement de son département Caltech. Ce dernier est un partenaire privilégié de la NASA qui a joué un rôle déterminant dans la mission Mars 2020, et notamment dans la conception de la vedette du programme : le rover Perseverance.

Ce dernier est investi d’une mission qui regorge d’implications scientifiques majeures. Depuis son arrivée sur Mars, il sonde méticuleusement la planète rouge dans l’espoir d’y trouver des vestiges chimiques d’une vie passée.

Une plongée dans les entrailles de Mars

La NASA s’intéresse surtout à une zone bien précise, le delta du cratère de Jezero. Ce dernier présente des particularités géologiques qui évoquent fortement un ancien lac d’eau liquide, alimenté par une rivière qui se transformait progressivement en grand delta. Sur Terre, ce sont des écosystèmes particulièrement propices à la vie, avec des tas d’êtres vivants différents qui y pullulent.

Les chercheurs estiment donc qu’il y a de très bonnes chances d’y trouver des traces de vie passée, à supposer qu’il y en ait eu un jour sur la Planète rouge. Depuis son arrivée dans le delta au printemps 2022, Percy cherche donc à démêler les fils de cette histoire géologique.

Le problème, c’est que les observations de la surface ne suffisent pas. « Depuis l’orbite, nous pouvons observer plusieurs dépôts différents. Mais nous ne pouvons pas nous assurer que ce que nous voyons est resté dans son état original, ou s’il s’agit de la conclusion d’une longue histoire géologique », explique David Paige, professeur à UCLA et auteur principal de l’étude. « Pour savoir comment ces choses se sont formées, nous devons donc regarder sous la surface. »

Rimfax Jezero
Le RIMFAX de Perseverance lui permet d’étudier la structure géologique du delta. © Euibin Kim, David Paige, UCLA

C’est précisément pour cette raison que Perseverance a été équipé d’un radar à pénétration de sol très perfectionné, baptisé RIMFAX. Il permet de sonder les sous-sols jusqu’à une profondeur d’environ 20 mètres. Récemment, les chercheurs ont réalisé un grand bilan de toutes les données collectées par cet instrument dans le delta. Et dans une étude publiée dans Science Advances en partenariat avec l’Université d’Oslo, ils ont expliqué que les résultats étaient extrêmement encourageants.

Un petit paradis pour la vie martienne ?

En effet, les images ont confirmé que ce cratère vieux de 4 milliards d’années était autrefois un vaste lac rempli de liquide. Mais surtout, ils ont observé une structure géologique très intéressante qui offre une nouvelle perspective sur l’histoire de la région.

Le RIMFAX a révélé que le fond du cratère de Jezero n’est pas uniforme et plat. Mais au-dessus, on trouve un épais sandwich sédimentaire, horizontal et régulier — exactement comme les sédiments déposés au fond des lacs terrestres. La seule façon d’obtenir ce genre de structure, c’est que ce matériel se soit accumulé entre deux périodes d’érosion majeures. La seconde aurait alors été suivie d’une autre période de dépôt, lorsque des fluctuations dans le niveau du lac ont permis à la rivière de se transformer en un large delta.

Sédiments Jezero
© Paige et al.

Cela prouve sans l’ombre d’un doute que le cratère de Jezero a été un milieu aqueux très dynamique et persistant. En d’autres termes, un El Dorado de premier choix pour d’éventuelles formes de vie. Si ces dernières ont effectivement existé, il y a donc de très bonnes chances que Perseverance en ait déjà capturé des traces lors de ses prélèvements de roche. Une perspective plus qu’enthousiasmante pour les planétologues. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il va falloir patienter encore plusieurs années pour en avoir le cœur net.

Les années passent et la tension monte

Certes, Perseverance est équipé d’un petit laboratoire embarqué qui lui permet de réaliser quelques analyses chimiques. Il est notamment capable de détecter la présence de molécules organiques dans ses prélèvements, comme il l’a déjà fait à l’automne 2022. Mais ce terme peut s’avérer piégeux.

En effet, il désigne toutes les molécules construites autour d’atomes de carbone, la clé de voûte de la biologie telle qu’on la connaît sur Terre. Or, cela ne signifie pas forcément qu’elles ont été produites par un processus biologique. Elles pourraient aussi être d’origine géologique. Or, pour faire la distinction entre les deux, il faut pratiquer des analyses beaucoup plus fines, bien au-delà des capacités de ce bon vieux Percy.

Pour confirmer rigoureusement une découverte aussi importante, il va donc falloir attendre le retour de ces échantillons sur Terre. Mais ils ne seront rapatriés que lors de la mission Mars Sample Return, prévue à l’horizon 2030 au plus tôt. Et malheureusement, il reste encore de nombreuses questions économiques et logistiques qui pourraient retarder cette échéance.

On savait déjà qu’il faudrait s’armer de patience pour profiter des plus beaux résultats de la mission. Mais cette grande échéance est devenue encore plus excitante à la lumière de cette nouvelle découverte, et on imagine que les scientifiques trépignent désormais à s’en fêler les talons.

Nous vous donnons donc rendez-vous dans une dizaine d’années, en espérant que les précieux paquets cadeaux expédiés par Perseverance tiennent toutes leurs promesses. En attendant, il va continuer de passer le delta au peigne fin pour faire d’autres trouvailles encore plus saisissantes… et peut-être aussi pour combler le vide laissé par Ingenuity, son fidèle compagnon qui l’a quitté un peu plus tôt dans l’année.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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Source : UCLA

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