Passer au contenu

Surprise, les poissons-clown savent peut-être compter

Une étude a révélé que les cousins de Nemo sont probablement aussi doués en maths qu’un enfant de deux ans, et qu’ils utilisent cette capacité pour identifier leurs congénères.

Les poissons-clown bénéficient d’une cote d’amour importante depuis la sortie de Le Monde de Nemo, film d’animation culte du studio Pixar. Mais contrairement à de nombreux autres animaux marins, comme les pieuvres, les dauphins ou les orques, ils ne sont pas franchement réputés pour leur intelligence. Mais il semble qu’ils disposent quand même de capacités cognitives plus importantes qu’on pourrait le penser ; une nouvelle étude suggère en effet qu’ils maîtrisent les rudiments des mathématiques.

Ces travaux prennent leurs origines dans le lien particulier qui existe entre ces petits poissons et les anémones de mer. Ils entretiennent en effet une relation dite mutualiste — un type de relation symbiotique dont les deux parties tirent un bénéfice. Les anémones sont recouvertes de petites aiguilles appelées nématocystes qui leur permettent de capturer des proies et de se défendre. Or, les poissons-clowns y sont entièrement invulnérables, grâce à la protection fournie par une épaisse couche de mucus.

Lorsqu’ils se sentent menacés, ils peuvent donc se réfugier entre les tentacules des premières, là où la plupart des prédateurs n’osent pas les suivre. En retour, ils contribuent à nettoyer leurs hôtes en dévorant les débris et les parasites qui peuvent s’y accumuler. Et surtout, grâce à leurs couleurs vibrantes, ils attirent une foule de petits poissons et invertébrés qui sont à la base du régime alimentaire des anémones. Une ressource précieuse, puisqu’elles sont quasiment immobiles et donc incapables de poursuivre une proie elles-mêmes.

Adorables mais féroces

Du point de vue des poissons-clowns, ces espèces sont donc vitales, car il s’agit à la fois de cantines et de bunkers sous-marins. Par conséquent, ils n’aiment pas partager — et cela se ressent au niveau de leur comportement. Contrairement à ce que laisse penser l’apparence de ces petits poissons, ce sont des animaux exceptionnellement farouches lorsqu’il s’agit de défendre leurs précieuses anémones de mer.

« Ils font carrément partie des animaux les plus agressifs de notre planète », explique Justin Rhodes, neurobiologiste marin à l’Université de l’Illinois cité par Science. « Ils ne veulent absolument pas qu’un de leurs congénères leur prenne leur place ».

Poisson Clown Anémone
“Pas touche !” © Nick Hobgood – Wikimedia Commons

Ces poissons montrent particulièrement intolérants envers les membres de leur propre groupe. En effet, si un poisson-clown de la même espèce vient becqueter le précieux garde-manger de son congénère, la guerre est déclarée immédiatement. Pour les chercheurs, ce dernier point est particulièrement intéressant car il pose une question assez épineuse au premier abord. Comment les poissons-clown parviennent-ils à faire la différence, alors que toutes ces espèces se ressemblent beaucoup ?

La bande à Nemo sait (probablement) compter

Le premier élément de réponse est venu de Kina Hayashi, une biologiste marine japonaise. Dans une étude parue en 2022, elle a constaté que ces poissons passaient beaucoup plus de temps à mordre et à pourchasser des leurres qui présentaient des motifs similaires dans les raies blanches qui les traversent de part en part.

Elle s’est donc demandé sur quels critères ils se basent pour discerner ces motifs. Pour y voir plus clair, son équipe a construit un aquarium peuplé de plusieurs dizaines de poissons juvéniles. Tous appartenaient à l’espèce Amphiprion ocellaris, qui présente les mêmes trois raies blanches que le Nemo de Pixar.

Après leur avoir laissé le temps de faire connaissance, ils ont introduit des éléments perturbateurs : des leurres en résine. Ces derniers étaient peints avec des motifs comparables, constitués de stries verticales. En revanche, le nombre de bandes blanches variait d’un faux poisson à l’autre. Ils en arboraient soit trois, deux, une seule, ou aucune.

Et ils ont obtenu un résultat assez spectaculaire : les poissons se sont vigoureusement acharnés sur les imposteurs qui leur ressemblaient le plus. Les leurres à trois bandes étaient attaqués 10 fois plus souvent que ceux qui n’en présentaient aucune, et 30 % plus que les faux animaux à deux bandes.

Selon Science, Justin Rhodes est un brin sceptique. Pour lui, cela ne signifie pas forcément que ces animaux savent compter. Peut-être qu’ils sont simplement sensibles à la quantité de couleur blanche ? Mais Hayashi a réfuté cet argument ; dans de précédentes études, elle a montré que la couleur à elle seule ne suffisait pas à faire réagir les poissons-clowns. Tout indique donc que les poissons rouges sont bien capables de compter au moins jusqu’à trois, comme un enfant de deux ans.

Hayashi prévoit toutefois monter de nouvelles expériences pour vérifier cette hypothèse plus rigoureusement. Et si c’est effectivement le cas, il sera très intéressant de vérifier si ces capacités mathématiques sont innées ou acquises au cours de la vie. Qui sait, peut-être qu’il existe de véritables écoles pour poissons-clown sous l’océan !

Le texte de l’étude est disponible ici.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Source : Science

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode