L’affaire pourrait facilement inspirer un épisode de la série dystopique Black Mirror. Il y a quelques jours, rapporte le site de CNN, l’employé d’une multinationale chinoise a versé 23 millions d’euros appartenant à son entreprise sur le compte d’un pirate particulièrement ingénieux. Pour cause, ce dernier avait recréé de toutes pièces une fausse visioconférence, en se faisant passer pour son supérieur.
Fausses identités, vrai argent
Derrière cette escroquerie brillamment exécutée, le faussaire aurait organisé une visioconférence avec le financier de l’entreprise. Il aurait ensuite utilisé la technologie deepfake pour se faire passer pour son supérieur. Afin de parfaire le tout, plusieurs autres de ses collègues auraient vu leur identité usurpée grâce à la technologie. Au cours de cet appel visio à l’apparence anodine, il aurait ensuite demandé à son employé de virer une importante somme d’argent sur un compte tiers, explique la police de Hong-Kong, dans un point presse diffusé vendredi 2 février : “Lors de cette conférence, il s’est avéré que toutes les personnes présentes étaient factices”, détaille le présentateur d’un journal local.
L’employé se serait d’abord montré méfiant, après avoir reçu un premier mail évoquant la nécessité d’un transfert de fonds discret. Il indique avoir d’abord pensé à une tentative de phishing, mais s’est finalement ravisé après la visioconférence, où il a reconnu non seulement son directeur financier, mais aussi plusieurs de ses collègues. Pensant simplement obéir à une demande de sa hiérarchie, il a ensuite validé le versement de 200 millions de dollars hongkongais, soit environ 23,75 millions d’euros.
Démêler le vrai du deepfake
La supercherie a rapidement été découverte, mais l’argent s’est déjà évaporé. Selon les déclarations de la police locale, ce casse à plusieurs dizaines de millions est le fruit d’une impressionnante machinerie. Six arrestations ont déjà eu lieu, et les autorités ont annoncé avoir découvert que huit cartes d’identité — toutes déclarées perdues ou volées par leurs propriétaires — sont susceptibles d’avoir été utilisées l’ouverture 54 comptes bancaires entre juillet et septembre de l’année dernière. À chaque fois, les faussaires auraient utilisé la technologie deepfake pour tromper les banques et les autorités.
Si les victimes sont restées anonymes, l’affaire révèle une nouvelle fois les dangers bien réels rendus possibles par les images et les vidéos deepfake. Derrière l’impressionnant rajeunissement de Harrison Ford dans le dernier volet d’Indiana Jones, l’intelligence artificielle peut aussi se montrer particulièrement dangereuse : il y a quelques mois, une mère américaine recevait une demande de rançon pour le kidnapping de sa fille au téléphone, c’est une voix artificielle calquée sur celle de sa progéniture qui la suppliait de répondre à la demande des “ravisseurs”… alors même qu’elle était en sécurité chez des amis, loin de se douter de la panique de ses parents. Plus récemment, c’est la chanteuse Taylor Swift qui était visée par une série de deepfakes pornographiques, devenus viraux sur les réseaux sociaux sans que les géants du web ne parviennent à éviter leur propagation.
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On tient notre prochain Casa de Papel… sur Netflix seulement ! 😀
Plot twist: les 23 millions ont été détournés par le boss et son équipe dirigeante, qui, ayant trouvé le bouc émissaire parfait, accusent l’utilisation de deep fakes ultra-réalistes 😀