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Le Problème à 3 corps : pourquoi Netflix s’est autant éloigné des romans ?

Attendue cette semaine, l’adaptation Netflix du Problème à 3 corps entend radicalement trancher avec l’œuvre originale. Mais pourquoi ?

Ce 21 mars 2024, Netflix diffusera Le Problème à 3 corps, une série en huit épisodes adaptée du roman de Liu Cixin. Magistrale et poétique, l’épopée extraterrestre prend de nombreuses libertés avec son matériau original, publié dix ans plus tôt. Une décision éclairée de la part de la plateforme de SVOD, qui transforme le roman culte en série aux ambitions mondiales.

bandeau spoilers

Une ambition internationale

Netflix aurait pu faire le pari d’adapter Le Problème à 3 corps en conservant un prisme et des personnages chinois pour sa série. Certaines créations originales comme Squid Game et La Casa de Papel ont déjà prouvé qu’une production locale n’était pas à l’abri d’un succès planétaire. Pour son nouveau projet pourtant, la plateforme a fait le choix de miser sur une trame de fond occidentale. Les personnages sont britanniques, et s’ancrent dans une réalité internationale, où l’humanité toute entière fait bloc face à la menace extraterrestre.

Si ce changement de nationalité offre à la série un petit héritage à la Doctor Who (on ne s’en plaindra pas), l’intérêt est double pour Netflix. La plateforme semble avoir compris que coller parfaitement aux romans relevait d’une ambition trop complexe, tant le récit original est ancré dans l’Histoire et la culture chinoise. Plutôt que de se manquer sur un point crucial de son histoire, le N rouge préfère logiquement jouer dans une cour qu’il maîtrise davantage, tout en s’offrant davantage de libertés sur certains aspects de l’adaptation. Aussi, internationaliser le propos permet à la série de gagner en audience potentielle.

Probleme Trois Corps (2)
© Netflix

Pour autant, Le Problème à 3 corps a le bon goût de ne pas renier ses origines. Devant la caméra, David Benioff, D.B. Weiss et Alexander Woo font éclore le passé torturé de Ye Wenjie dans un Empire du Milieu en pleine révolution culturelle. Une partie de cette première saison est jouée en chinois dans la version originale, et sonne comme un hommage assumé aux romans.

De nouveaux personnages

Entre le dédoublement de certains personnages, leur changement de sexe, de nom et de nationalité, ou encore la mise en place de nouveaux liens d’amitié entre les protagonistes de la série, Netflix offre au Problème à 3 corps une grande réorganisation sociale. Au point qu’il peut être difficile de s’y retrouver sans y être bien préparés. Pourtant, les choix opérés par la plateforme sont loin d’être inintéressants. La création d’une constellation de personnages plutôt que de quelques satellites épars permet non seulement de faciliter la narration, mais aussi de créer davantage d’attachement envers les personnages, à commencer par celui de Saul (Luo Ji dans les livres), qui n’a rien du gentil naïf un poil pessimiste dépeint de la série.

En imaginant une bande d’amis proches plutôt que des huis clos psychologiques à répétition, Netflix aurait pu gâcher une partie de l’intrigue, qui se base justement sur la réflexion interne des protagonistes humains. Pour autant, et si l’isolement de Luo Ji et Ye Wenjie fonctionne à merveille dans les livres, ce dernier est raconté autrement dans la série, notamment à travers le deuil et la solitude. De quoi offrir une nouvelle lecture tout aussi efficace.

Probleme Trois Corps (3)
© Netflix

L’OTT

Longuement décrite dans les premiers épisodes de la série, l’OTT (Organisation Terre-Trisolaris) est rapidement mise à terre chez Netflix, jusqu’à ne laisser que quelques électrons libres à son bord. Pourtant, la société secrète occupe une place primordiale dans les livres. Elle profite de ramifications dans le monde entier, possède des moyens financiers démesurés, et fomente efficacement contre les instances officielles. En parallèle, des schismes internes commencent à apparaître, entre ceux qui espèrent que l’arrivée des Trisolariens sauvera l’humanité de ses propres péchés, et ceux qui pensent qu’il est déjà trop tard, et que la Terre mérite d’être totalement expurgée de l’espèce humaine. Espérons que la saison 2 saura nous apporter quelques réponses.

Des ennemis encore plus menaçants

Baptisés San-Ti dans la série ou Trisolariens dans les livres, les extraterrestres en route pour la planète Terre planent comme une ombre menaçante sur la civilisation humaine. Pourtant, là où les romans font plutôt le choix de les dissimuler jusqu’à la moitié du premier tome, ils sont très vite nommés dans la série, et leurs intentions dévoilées dès le départ. Dans un cas comme dans l’autre, les choix narratifs fonctionnent. En identifiant l’ennemi dès les premiers épisodes de la série, Netflix s’offre une tension plus intense, propice au format sériel.

Qu’on préfère l’adaptation du N rouge ou sa version originale, rappelons que le projet des créateurs de Game of Thrones avait reçu la bénédiction de Liu Cixin au moment de son officialisation. Depuis, Netflix s’est désolidarisé de l’auteur, suite à des propos racistes tenus sur la répression ouïghoure. La plateforme avait notamment rappelé que “M. Liu est l’auteur du livre, pas le créateur de la série“, et qu’elle n’était “pas d’accord avec ses déclarations, qui n’ont aucun lien avec son livre ou la série de Netflix“.

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