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Critique de Cruella : sympathie pour la diablesse

Après Maléfique, Disney s’attaque à une nouvelle antagoniste de son univers. La firme aux grandes oreilles nous donne rendez-vous dans les salles obscures pour découvrir la naissance de Cruella, la tueuse de dalmatiens qui a traumatisé bon nombre de chérubins. Critique.

Décidément les méchants ont la cote à Hollywood. Dans la lignée de Maléfique et Joker, Cruella promet d’explorer la naissance d’un antagoniste et de revenir sur l’émergence du personnage qui aura marqué des générations de spectateurs biberonnés aux productions Disney. Cruella, la tueuse de chiots, est cette fois-ci incarnée par Emma Stone dans une relecture ambitieuse du personnage. A Londres, dans les années 70, Estella est une escroc à plein temps résolue à se faire un nom dans la mode. Lorsqu’elle se fait remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, Estella va peu à peu se muer en un personnage cruel et diabolique. Avec sa tignasse noir et blanc, Cruella se dévoile sous un nouveau jour, tout en nuance et loin de la vision manichéenne que nous avait offert la firme aux grandes oreilles par le passé.

Cruelle diablesse

S’il était difficile d’imaginer éprouver de la tendresse pour le personnage, Emma Stone réussit le tour de force de rendre Cruella sympathique grâce à son jeu. Car c’est bien là tout l’objectif du film, augmenter son capital sympathie auprès du spectateur, tout en nous offrant une plongée aux origines du personnage dans une relecture punk de la mythique méchante des 101 dalmatiens. Sur ce point, le film de Craig Gillespie remplit largement ses fonctions. Irrévérencieuse, Emma Stone crève l’écran et nous montre qu’encore une fois aucun rôle ne lui résiste. L’actrice, qui s’est illustrée dans La La Land, prend son pied à incarner cette anti-héroïne et forcément, ça se ressent dans la salle obscure. Elle personnifie avec brio cette dualité, entre timidité pour Estella et exubérance pour Cruella.

Le film peut aussi compter sur Emma Thompson, dont le talent n’est plus à prouver. Elle prête ici ses traits à la Baronne, une figure de la mode qui n’est pas sans nous rappeler une certaine Miranda Priesley du Diable s’habille en Prada. Tout aussi cruelle, sinon plus, que son alter ego, l’actrice offre un beau contre-pied au personnage de Cruella et permet au film de nuancer son propos. En revanche, le reste du casting est relégué au rang de faire-valoir et même l’excellent Mark Strong n’obtient pas un rôle à la hauteur de son talent. Notons également que malgré une première partie plus que réjouissante, l’intrigue s’essouffle un peu à mi-parcours. La faute à une narration plus convenue qui ne colle pas vraiment avec la personnalité loufoque du personnage.

cruella-costume-emma-stone

Cruel to be kind

Visuellement, Cruella est une franche réussite. Avec sa caméra, Craig Gillespie immortalise avec brio la naissance du personnage et porte un regard à la fois tendre et sans concession sur l’univers des romans mais également celui des dessins animés. Si le film est loin d’être aussi trash que son précédent long-métrage, force est de constater que l’œuvre du cinéaste n’a pas été (trop) aseptisée par la firme aux grandes oreilles. Reste que  la narration ne prend pas le risque de verser totalement dans le politique incorrect et vivote parfois en surface. On a bien du mal à imaginer comment la jeune Cruella deviendra plus tard l’insatiable déesse de la mode qui terrorise les amateurs de canidés. Mais après tout, il y a souvent plusieurs versions à une même histoire, et celle racontée par Disney est loin d’être aussi fade qu’on pouvait le redouter.

Contrairement à Maléfique, Cruella bénéficie d’une vraie prise de risque artistique tant dans sa forme que dans son fond. Cette sensation est diablement renforcée par les décors, qui sont à couper le souffle. Mais là où Disney a concentré ses efforts, c’est sans aucun doute sur les costumes. Avec sa garde-robe à faire pâlir les plus grandes figures de la mode, Cruella s’érige en icône et le sens du détail de la costumière Fiona Crombie n’y est sans doute pas étranger. Elle avait déjà travaillé sur La Favorite, déjà avec Emma Stone. Elle reproduit l’exploit et parvient à offrir une autre dimension au film.

Who let the dogs out ?

Avec l’émergence du punk en toile de fond, Cruella se fait le miroir d’une mutation musicale et ça se ressent dans les choix du réalisateur pour la bande sonore. Entre Les Rolling Stones, Supertramp et les Doors, Craig Gillespie adresse une lettre d’amour aux guitares grinçantes et aux batteries épileptiques. On notera également que la musique originale, composée par Nicholas Britell n’est pas en reste quand il s’agit de matérialiser la dualité du personnage.

Si la prise de risque est moins flamboyante qu’on aurait pu l’imaginer, Cruella s’impose sans peine comme la relecture la plus ambitieuse des classiques Disney. Après des films live-action aseptisé et d’une fadeur sans nom, la méchante des 101 dalmatiens fait souffler un vent de fraîcheur sur le calendrier de la firme aux grandes oreilles. Bon ne nous emballons pas trop, cela reste tout de même un film de Mickey. On échappe pas à quelques poncifs scénaristiques.

Retrouver Cruella dans les 101 dalmatiens sur Disney+

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Notre avis

Après Moi, Tonya, Craig Gillespie revient avec une nouvelle aventure délurée passée au shaker de Disney. Si le résultat est résolument moins trash que sa précédente réalisation, Cruella bénéficie du goût certain du réalisateur pour les anti-héros. Grâce à une mise en scène aux petits oignons, il nous offre une plongée aux origines du mal avec une Emma Stone diabolique et une BO punk qui titille les esgourdes. On regrette en revanche que le cinéaste n'ait pas poussé le curseur à son maximum, en proposant une relecture plus crue et plus hystérique du personnage qui l'est pourtant beaucoup.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10
2 commentaires
  1. La suite aura la lourde tâche de faire le passage entre “anti-héroïne sympathique” à “psychopathe qui épluche des chiots pour s’habiller” ^^’

  2. Non mais sans blague… ” relecture la plus ambitieuse” Hollywood n’a pas un copec à mettre dans la poche d’auteurs / scenaristes… en revanche ils mettent des millions dans des etudes de marketing pour savoir “ce que les 12-18 veulent voir” résultat de l’enquete pour Cruella… un savoureux mix entre “Le Diable s’habille en Prada” et “Bird of Pray”. Merci au suivant…

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