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[Critique] Détective Dee et la Légende des Rois Célestes : Spectacle impérial ?

Troisième épisode de la franchise à paraître en moins de dix ans, ce Détective Dee et la Légende des Rois Célestes tente une nouvelle fois de séduire les amateurs de blockbusters hors de l’Asie. Sauront-ils apprécier ses qualités ?

La notion de blockbuster reste intimement liée aux États-Unis pour la majorité des spectateurs. Mais le cinéma asiatique a longtemps pu puiser dans son histoire pour en tirer des films d’action spectaculaires. Héritière du Wu Xia Pan, qui désigne littéralement le film de sabre chinois, la saga inspirée du Detective Dee a pu s’appuyer sur le renouveau des effets spéciaux numériques pour émerger.

Grands succès en Chine, les deux premiers épisodes se sont frayés un chemin en Europe et aux États-Unis, où ils ont majoritairement convaincu les cinéphiles tout en restant à l’écart du très grand public. Ce troisième opus, qui peut parfaitement se consommer sans avoir vu les précédents, conserve heureusement leur dénominateur commun : Tsui Hark.

Le réalisateur hongkongais peut se targuer d’avoir redonné ses lettres de noblesse au genre, aux côtés d’Ang Lee et Zhang Yimou. Trente ans après la trilogie Il était une fois en Chine, le quasi septuagénaire continue d’étaler son talent pour les mises en scène virevoltantes. Son dernier long-métrage conserve assez logiquement les mêmes qualités.

Alarmé par une vague de crimes perpétrés par des guerriers masqués, le détective Dee lance une enquête. Confronté à de nombreux éléments surnaturels, il prend conscience qu’une conspiration sans précédent pèse sur la dynastie des Tang. Alors que l’impératrice Wu désire sa tête, il devra consacrer toute son énergie à trouver les vrais coupables.

Hark se sert de ce scénario à tiroir pour tenter de nous en mettre plein les yeux. Il dégaine à nouveau de somptueux décors impériaux qui puisent dans la riche iconographie de ce pays-monde pour nous éblouir. Les couleurs chatoyantes des intérieurs font écho à des costumes superbes, qui donnent parfois l’impression de regarder des fresques.

Même constat pour les combats, qui s’apparente à des ballets lyriques. Constamment en apesanteur, ces chorégraphies constituent un hommage vibrant au genre. Elles bénéficient cette fois de l’apport d’effets spéciaux grandiloquents, qui intensifient un peu plus cette abondance d’informations à l’écran. De quoi faire passer Tigre & Dragon pour un spectacle austère.

Il faut ainsi plonger dans cette démesure, ce qui ne sera peut-être pas le cas de tous les spectateurs occidentaux. Certains pourraient se sentir écrasés par ce décorum, et n’y voir qu’un grand spectacle kitsch, à la théâtralité exacerbée. Un sentiment renforcé par la langue chinoise, jouant beaucoup plus sur les accentuations, ou certains dialogues volontairement superficiels.

Tout comme les récits chevaleresques qui ont pullulé dans l’histoire européenne, Tsui Hark surjoue la Chine. Il en fait une terre de légendes et de magie, et brandit son identité culturelle comme un bouclier face à l’aseptisation des blockbusters américains.

Ce n’est pas le cas de sa réalisation, qui ne se prive surtout pas de piocher dans le cinéma d’action plus généraliste. Quelque chose nous dit qu’il a d’ailleurs apprécié les derniers Sherlock Holmes de Guy Ritchie.

Mais son talent s’exprime avant tout dans sa science du rythme. Pendant plus de deux heures, il enchaîne intrigue politique, joutes, romance et parfois grand-guignol avec une aisance déconcertante. Bâti comme un jeu vidéo, le parcours de Dee est jalonné de menaces sans cesse plus importantes jusqu’à un final tonitruant.

L’acceptation du contrat initial de la saga laisse alors place à un réjouissant moment de divertissement, qui devrait parler à presque toutes les générations. Notons également que la 3D est de très bonne facture, ce qui est assez rare pour le souligner. Si on lui préfère le second épisode, qui avait la bonne idée d’opérer une jolie digression vers le monde marin, force est de constater que la saga a su conserver son attraction si particulière.

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Notre avis

Une fois n’est pas coutume, ce Detective Dee propose un spectacle tonitruant, qui rend un hommage appuyé au film de cape et d’épée chinois. Tsui Hark n’a rien perdu de son sens de la mise en scène et nous gratifie d’une aventure qui mêle intrigue politique et ballets aériens à un rythme effréné. Reste à savoir si le public occidental saura apprécier cette théâtralité poussée et l’aspect baroque de l’ensemble. Si c’est le cas, il découvrira un divertissement de qualité, qui assume fièrement ses origines face aux blockbusters outre-Atlantique.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10
1 commentaire
  1. "Notons également que la 3D est de très bonne facture, ce qui est assez rare pour le souligner."

    Pour les Detective Dee, la 3D a toujours été de très bonne facture.

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