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[Critique] La Tour Sombre

Peut-être l’un des blockbusters les plus attendus de l’été, La Tour Sombre s’est enfin laissé découvrir au travers de ses 1h30 de projection. L’adaptation en film…

Peut-être l’un des blockbusters les plus attendus de l’été, La Tour Sombre s’est enfin laissé découvrir au travers de ses 1h30 de projection. L’adaptation en film de l’une des plus célèbres sagas écrites par Stephen King ne devait pas se tromper de voie sous peine de mettre des millions de fans à travers la planète en colère.

« Le Jupiter du système solaire de mon imagination », c’est ainsi que l’auteur américain de 69 ans décrit sa série de romans débutée en 1980 et achevée en 2004. Considérée par certains comme l’une des œuvres les plus marquantes dans son genre, comme cela peut-être le cas pour Le Seigneur des Anneaux, La Tour Sombre débarque donc au cinéma avec pour objectif de lancer un vaste univers. Après le long-métrage, une série « préquelle » devrait suivre, ainsi que des suites au cinéma. Mais avant de penser au futur, il était nécessaire de gravir la première marche avec entrain. Chose faite ?

Paroles et promesses

« Le chevalier Roland s’en vint à la tour noire ». C’est de cette phrase ôtée d’un poème de Robert Browning qu’est née La Tour Sombre dans l’esprit de Stephen King. Le long-métrage nous conte ainsi l’histoire de Jake Chambers, un jeune garçon vivant à New York et pris de nombreuses visions cauchemardesques. Dans ses rêves, il voit une grande Tour au milieu d’un monde apocalyptique dans lequel vit le dernier Pistolero, Roland Deschain (Idris Elba). Ce dernier combat depuis des années l’Homme en noir (Matthew McConaughey) qui tente par-dessus tout de détruire cette fameuse tour, clé de voûte de la cohésion de l’univers. Aidé par des monstres surnommés fausses-peaux, l’Homme en noir cherche à kidnapper Jake afin qu’il l’aide à mettre son plan à exécution. Mais c’est sans compter sur l’intelligence du garçon de onze ans et sa collaboration inattendue avec Roland, le dernier défenseur de la Tour.

Peut-être l’avez-vous lu sur notre site la semaine dernière, les critiques américaines n’ont pas été tendres avec La Tour Sombre. Malgré des débuts intéressants au Box-Office, le film n’a clairement pas convaincu. C’est malheureusement aussi le cas pour nous. La réalisation de Nikolaj Arcel (Royal Affair) manque très nettement de consistance. Pourtant, le début du long-métrage est prometteur, nous laissant entrevoir des perspectives scénaristiques intrigantes. Mais tout sonne rapidement creux. Malgré la richesse de l’univers dépeint par Stephen King, le réalisateur n’a pas réussi à nous faire voyager et à nous captiver outre mesure. Tout dans ce film est attendu et ses promesses rarement tenues.

Univers oublié

Pourtant, le potentiel pour faire quelque chose de saisissant était bien là. Avec un budget confortable de 60 millions de dollars, il était tout à fait possible de faire honneur au récit original. Ainsi, l’histoire qui nous est racontée, bien que riche, ne convainc jamais. Le principal défaut du film est d’avoir voulu présenter en 1h30 ce qu’il aurait fallu dérouler en au moins 3 heures. À trop vouloir résumer une partie de l’œuvre de Stephen King, Nikolaj Arcel en a supprimé ce qui en faisait le charme. L’ensemble des éléments qui mériteraient qu’on s’attarde un peu sur eux sont balayé d’un simple revers de caméra, parfois ponctué d’une phrase « résumée » qui tente de nous convaincre quant à leur importance future. Plus le film avance et plus on attend d’en apprendre plus sur les personnages clés du récit et, surtout, de l’importance, logiquement centrale, de la Tour Sombre. Mais non. Si on pouvait s’attendre à ce que ce premier chapitre soit une introduction centrale à l’univers des romans de King, il n’en est rien. En toute sincérité, le film nous a donné la désagréable impression de vouloir trop plaire, trop vite. Et d’en oublier, inconsciemment, ce qui aurait dû en faire une réussite. Au final, l’impression d’être face à un film d’action à la sauce fantastique de seconde zone prédomine.

Un point positif néanmoins, la mise en scène. Malgré quelques rares longueurs, tout s’enchaîne avec fluidité, conférant ainsi au récit une dynamique probante. Si les incohérences sont légion, et nos interrogations aussi, il faut bien avouer qu’on ne s’ennuie pas vraiment. Nikolaj Arcel nous propose une vision très sinistre de l’entre-deux monde, en totale contradiction avec les plans d’un New York bien plus lumineux.
Les scènes d’action sont habilement orchestrées et apportent une dose nécessaire d’adrénaline au récit. Roland, le Pistolero, profite de ses compétences particulières pour nous en mettre plein les yeux dans son duel face à l’impitoyable Homme en noir.

Casting XXL

Cela nous amène à évoquer les performances des acteurs. Idris Elba (Roland) et Matthew McConaughey (L’homme en noir) ne nous surprennent pas. Les deux acteurs, qui ont un talent fou, portent très bien leurs rôles même si McConaughey aurait mérité un traitement plus poussé de son personnage. Si nous ne sommes pas étonnés de les voir interpréter aussi justement leurs rôles, on aurait tout de même apprécié qu’il y ait un peu plus de profondeur, et de noirceur, à l’écran. Dommage, même si l’on sait qu’Idris Elba aura l’occasion, normalement, d’incarner à nouveau son personnage et de développer un peu plus sa personnalité. Autre acteur ô combien central dans le film, celui de Jake Chambers, interprété par le jeune Tom Taylor (vu dans la série The Last Kingdom). Rien à redire sur sa performance globale, satisfaisante, même si le garçon fait clairement plus de onze ans, surtout à la fin du long-métrage où l’on constate avec étonnement qu’il a grandi. Aucun des seconds rôles ne mérite clairement qu’on s’attarde sur eux puisqu’il n’y en a pas d’assez marquant.

Une relation “père-fils” se noue entre Roland et Jake

Point noir supplémentaire, les effets spéciaux. Il est inconcevable de réaliser de si mauvais effets en post-production pour une réalisation de cette ampleur, surtout dans un tel univers. Pourtant, il faut bien avouer que les équipes de Nikolaj Arcel en sont capables avec des montages parfois grossiers et à la limite de la série B. Heureusement, le tout est quelque peu rattrapé par des décors naturels de qualité qui s’imbriquent bien aux mondes et à la vision globale de Stephen King.

Conclusion

La Tour Sombre est une amère déception. Porté par un casting de qualité et profitant d’une mise en scène globalement honorable, le film ne réussit jamais à atteindre ses objectifs. Alors qu’il devrait être le point d’orgue d’une saga riche en rebondissements, il s’étouffe lui-même et se perd à trop vouloir en dire en si peu de temps. Si l’univers dépeint par Stephen King a de quoi faire saliver, ce premier chapitre est loin de la hauteur de nos espérances. Si suite il doit y avoir, on espère que le tir sera corrigé et que notre ami Pistolero visera mieux. À bon entendeur.

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10 commentaires
  1. Et le perso de Roland ? Personne ne tilt !!?? Le plus grand des erreurs pour porter ce film. Stephen King s’étant inspiré de Clint Eastwood et de tout les western, un personnage froid, distant aux yeux perçants et bleus ! Un black ok, mais pas là, non !

    1. En plus avoir supprimé Eddie et Susannah de l’histoire quand on sait les rôles qu’ils y jouent. Quelle erreur.

    2. On en est encore là ?

      A part des détails de son anatomie, le fait d’avoir un acteur noir pour jouer Roland ne change absolument rien au personnage, à son histoire, ses motivation ou sa personnalité… Franchement faut arrêter avec ça ; ça n’a absolument rien à voir avec la qualité du film ou de l’histoire.

      1. Non, c’est vrai que dans les romans ça n’a aucun intérêt. La relation entre Roland et certaines personnalités de Susannah ayant souffert du racisme n’est pas du tout mis en avant… Relis le roman stp. Je suis fan d’Elba mais à un certain moment, c’est dommage de ne pas respecter l’oeuvre originale même si King a donnée son Go pour engranger des royalties.

        1. Ben justement ; Roland n’est pas de notre monde et cette relation peut toujours avoir lieu avec quelques modifications qui n’entacheraient en rien l’esprit de base.

          1. non et non : la relation entre Roland et Suzannah est en grande partie basée sur le fait qu’il soit blanc, et elle noire.
            Mais comme on a zappé Suzannah de l’histoire …
            J’hésitais déjà à aller voir le film, malgré ma sympathie pour les acteurs et ce qu’on en montrait dans les trailers (plutôt bons), mais là cette fois j’en suis sûr, je n’irai pas.
            Je vais plutôt relire la saga ^^

          2. Bah écoute, nous somme d’accord de ne pas être d’accord 😉

            N’empêche que aussi réussi ou pourri soit le film, on savait déjà que ça n’égalerait pas le bouquin.

          3. C’est pas une histoire d’en etre encore là ou pas.
            Quand, aux states, on crit au scandale car l’acteur pour la serie iron fist n’est pas asiatique, on touche au background du personnage. Ce n’est pas une histoire de racisme, il faut arreter de voir ça tjrs par ce spectre là.
            Roland est blanc, car King l’a voulu ainsi, il a créé son personnage, car il a baigné d’une culture de western us, Eastwood est son modèle quand il imagine Roland, c’est son oeuvre, son imaginaire.
            Comme le dit très justement Jérôme, les liens entre Susannah et Roland sont très particuliers. Quand il va la chercher, elle est Detta, elle le vit pire qu’un viole, ce “cul fromag’ blanc” dans son esprit à elles.
            Jusqu’à ce qu’elle fusionne Odetta et Detta pour devenir Susannah, Detta vouera une haine sans non pour ce blanc contre qui elle n’a rien pu faire. MM après, les rapports entre Roland et Susannah restent …. ambigües. Elle est amoureuse d’eddy, c’est son mari de fait, mais elle a pour Roland une autre forme d’amour, pas fraternel ni maternel ni physique, à mi chemin je dirai de tout ça.

            J’adore Elba, c’est un excellent acteur.
            Mais il ne peut pas etre Roland ou Bond en raison du background des personnages, comme jude law ne peux pas etre blackpanter, jacky chan ne peut pas etre bilbon etc. QU’on fasse des adaptions cinés, ok, mais qu’on essaye un minimum de respecter les oeuvres, ça devient pénibles de voir du politiquement correct à toute les sauces.

  2. Bonne critique de mathieu en tout cas. Malgré ce qu’on peut lire, le mec écrit quand même de bonnes choses.

    1. Tout à fait d’accord, c’est dommage qu’il fasse souvent des articles buzz douteux, parce que cet article est intéressant et la critique bien argumentée.

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