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Indiana Jones 5 : comment James Mangold modernise la saga tout en préservant son héritage ?

Œuvre nostalgique par essence, relique d’un cinéma d’aventure qui a déserté nos écrans, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée joue sur plusieurs tableaux. On a rencontré James Mangold pour parler héritage et modernité.

Hollywood ne lésine plus sur les relectures de ses succès d’antan, rares sont les propositions cinématographiques n’évoluant pas autour d’une franchise célèbre. Chez Disney particulièrement, ce sont les grosses machines créatives qui règnent largement sur le programme, et ce, depuis des années. Marvel, Star Wars ou encore Toy Story, le divertissement se décline, se réinvente pour donner naissance à de vastes franchises. Indiana Jones semblait de son côté avoir un peu échappé à cette tendance, n’ayant eu droit qu’à une série dans les années 90.

Officiellement, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée n’est donc qu’une suite de la saga quarantenaire, un adieu d’Harrison Ford au héros qu’il campe depuis Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Pour autant, entre les mains d’un nouveau réalisateur, la saga tente de se réinventer de bien des manières. Pour James Mangold, il a fallu trouver un équilibre entre hommage et relecture.

Vieillir ou ne pas vieillir, telle est la question

“Le plus grand défi lorsque j’ai rejoint le projet, et que l’histoire n’avait pas été actée, était de trouver quelque chose à raconter qui était pertinent pour notre époque et le personnage qui a plus de 70 ans”.

Si Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal évitait de mentionner trop souvent l’âge de son interprète, préférant le faire évoluer de manière peu réaliste dans un film porté sur l’action, Mangold s’est emparé des limites de son héros. “Sinon, ça aurait été un peu malhonnête. Même si nous voulons tous vivre pour toujours, être jeune, la réalité est que notre acteur est différent de ce qu’il était avant. Même si je pouvais utiliser une doublure pour les scènes d’action, ne pas le faire rend le film plus honnête”.

Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si l’objet de cette quête évolue autour de la notion de temps, si cette course contre-la-montre permet à Indiana Jones de se tourner vers l’avenir. La scène d’introduction – après le flashback pendant la Seconde Guerre mondiale – est d’ailleurs particulièrement réussie en ce sens. Elle déconstruit brique par brique tout ce que le public identifiait comme une composante essentielle du protagoniste. Indiana Jones est un professeur bougon, seul, qui s’apprête à prendre sa retraite et n’est pas véritablement à l’aise avec cette idée.

L’homme qui a longtemps été tourné vers le passé doit se confronter à l’avenir, accepter qu’il est l’heure pour lui de départir de sa mélancolie. C’est peu ou prou ce à quoi le spectateur est invité. En un sens, James Mangold veut renoncer à ce qui a été fait pour présenter ce qui peut être fait. D’une certaine manière, il offre finalement plus une relecture du personnage et de la saga qu’un prolongement de l’histoire.

Crédits : Disney / Lucasfilm

Sauf qu’au milieu de toute cette volonté d’émancipation, le réalisateur doit aussi cocher quelques cases du divertissement de circonstance, glisser quelques clins d’œil et références pour contenter les nombreux fans.  Le rajeunissement numérique de l’acteur de 80 ans symbolise d’ailleurs tout le paradoxe du métrage, cette envie d’une éternelle jeunesse. Le film fait également le choix assez étonnant de faire revenir les nazis, alors même que le contexte temporel aurait logiquement dû faire référence à la guerre froide.

“Le fascisme est une constante”

La démarche peut surprendre. Après avoir affronté à deux reprises les nazis sous la direction de Steven Spielberg, Indiana Jones se frotte à nouveau au Troisième Reich devant la caméra de James Mangold. Après tout, le professeur Jones “déteste ces gars”. Mais Mangold n’a pas simplement voulu convoquer les antagonistes historiques du personnage, il s’agissait aussi de parler de notre présent.

“Le fascisme est une constante. Ce qui était intéressant était de voir ces nazis vivre dans un monde plus moderne. Dans les années 30-40, le mal et le bien étaient très délimités, c’était clair comme de l’eau de roche. C’est ce qui était le moteur du film, dans le ton comme la forme, c’était un hommage aux films de cet âge d’or du cinéma. C’était un hommage aux films qui ont inspiré Steven et George. Maintenant, avec le Crâne de Cristal et Le Cadran de la Destinée, on évolue dans un monde tourné vers la modernité. Ce n’est plus aussi franc”.

Crédits : LucasFilm

Il mentionne la difficulté dans nos sociétés contemporaines de saisir ce qui relève du bien et du mal, de la manière aussi que le cinéma a eu de s’extraire de ses schémas presque manichéens pour réinventer ses quêtes épiques, ces histoires. Le récit d’Indiana Jones 5 trouve ainsi un écho dans notre contemporanéité. Dans le même temps, le contexte de quête spatial peut rappeler l’inquiétude que l’arrivée des intelligences artificielles suscite dans de nombreux secteurs, l’industrie du divertissement en premier lieu.

Et comme Indiana Jones, il est temps pour les spectateurs de tirer un trait sur le passé, d’explorer de nouveaux horizons et pour James Mangold de se consacrer à une nouvelle licence, elle aussi foncièrement nostalgique. Le réalisateur va mettre en scène un nouvel opus de la saga Star Wars. Cette fois-ci Harrison Ford ne sera pas à l’épicentre du récit ; l’acteur a déjà mis ce volet de sa carrière derrière lui avec Le Réveil de la Force en 2015.

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