L’industrie culturelle est faite de nombreux vases communicants. Hollywood s’empare des plus gros succès des librairies du monde, tandis que certains univers cinématographiques donnent naissance à des sagas littéraires à succès. C’est particulièrement vrai dans le premier cas, près d’un film sur 5 proposé en France est une adaptation selon les chiffres partagés par le Centre National du Livre et le CNC en 2023. La même année, Pathé proposait sa nouvelle relecture de l’illustre récit d’Alexandre Dumas : Les Trois Mousquetaires. Un an plus tard, c’était Le Comte de Monte-Cristo qui dépassait les attentes en enregistrant plus de 9 millions d’entrées rien qu’en France.
À l’échelle mondiale, quatre des dix plus gros succès au box-office en 2024 étaient consacrés à des héros nés sur le papier. Entre le protagoniste de comics Deadpool, Paul Atréides, ou encore Elphaba, repensée par Gregory Maguire à partir du Magicien d’Oz, l’industrie du livre inspire Hollywood et le cinéma le lui rend bien. Au Journal du Geek, on se plait à imaginer voir certains de nos ouvrages investir nos écrans très prochainement.
Blackwater de Michael McDowell
C’était le phénomène littéraire de l’été 2022. La jusqu’alors discrète maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture faisait la une des journaux avec le lancement du feuilleton Blackwater publié en six tomes entre avril et juin. Elle trônait fièrement à la première place des meilleures ventes et avait dépassé les 300 000 exemplaires vendus en août. Un succès commercial et d’estime qui en fait un choix tout trouvé pour le petit écran.

De quoi ça parle ?
Blackwater plonge les lecteurs au début du XXe siècle dans la petite ville de Perdido. Après une importante crue, les habitants sont contraints de se retrancher dans les hauteurs. Lorsqu’il sillonne la ville à bord de sa barque, Oscar Caskey fait une étrange découverte. L’héritier d’une famille fortunée tombe sur Elinor, une jeune femme mystérieuse dont il va tomber amoureux. Mais leur union n’est pas vue d’un très bon œil par la matriarche Mary-Love. Elinor cache de lourds secrets que les six ouvrages vont s’attacher à révéler.
Pourquoi Blackwater serait la parfaite série ?
Fresque fantastique qui flirte avec l’horreur, Blackwater est un objet littéraire fascinant. Son intrigue s’étale sur plusieurs décennies et est peuplée de personnages fascinants. Au travers des aventures d’Elinor, Mary-Love et leur descendance, McDowell aborde les grands enjeux du siècle dernier et passe au crible les relations humaines. Addictif, définitivement cinématographique, l’univers de Blackwater est un terreau fertile à l’adaptation. Tim Burton l’avait d’ailleurs compris lorsqu’il a confié à l’auteur, décédé depuis, l’écriture de Beetlejuice. Et puis, le découpage de la saga en six tomes offre déjà aux scénaristes des premières pistes pour décliner cette histoire en plusieurs saisons.
Le Passage de Justin Cronin
Pour qui aime les romans postapocalyptiques et les zombies, Le Passage est à ajouter sur sa pile à lire. Publié en 2010 aux États-Unis et en 2011 en France, l’ouvrage de Justin Cronin ouvre les portes d’une saga en trois volumes, plus addictifs et bouleversants les uns que les autres. Mais c’est sans aucun doute le premier roman qui se démarque par son approche et sa tonalité.

De quoi ça parle ?
Il y a une centaine d’années, l’humanité a sombré dans le chaos. Une épidémie a transformé l’homme en mutant et réduit la civilisation à néant. Certains survivants vivent retranchés derrière des barricades, dans des communautés organisées. Un jour, une jeune fille apparaît aux portes de l’un de ces villages. Elle paraît avoir 14 ans, elle a 100 ans de plus et pourrait bien être la réponse à tout.
Pourquoi Le Passage fait le diptyque parfait ?
Les récits catastrophes ont la cote sur le petit et le grand écran. The Last of Us, Fallout ou encore plus récemment L’Éternaute, et 28 ans plus tard, les séries et films du genre ne manquent pas. Le Passage se démarque par l’écriture méticuleuse du romancier, qui s’attache à explorer la psyché des nombreux personnages qui croisent sa plume. Pensé comme un road movie sur plusieurs époques, la première partie du roman est consacré à la découverte du virus et sa propagation avant un bond dans le temps 100 ans plus tard. Un diptyque pourrait être la formule parfaite, pour donner à tous les personnages l’occasion de s’épanouir.
La Passe-Miroir de Christelle Dabos
Le rayon jeunesse ne manque pas de petites pépites à découvrir et plus particulièrement du côté des récits de l’imaginaire. Christelle Dabos est l’une de ses autrices qui captivent en France et que l’on aimerait beaucoup franchir le pas des salles obscures. Sa saga de la Passe-Miroir a tout ce qu’il faut pour offrir au public français la fantasy qui manque cruellement à leur paysage audiovisuel.

De quoi ça parle ?
Ophélie a des pouvoirs uniques. Habitante de l’arche d’Anima, elle est capable de lire le passé des objets en les touchant mais aussi et surtout de passer à travers les miroirs. Timide, maladroite et solitaire, elle va être fiancée à Thorn. Mais l’héritier du clan de l’arche du Pôle n’est pas des plus accueillants et Ophélie va découvrir qu’un secret se cache derrière cette union.
Pourquoi La Passe-Miroir ferait une très bonne saga de fantasy à la française ?
Les films de genre et de l’imaginaire se font trop rares en France. Avec l’univers de Christelle Dabos, ce sera l’occasion rêvée de donner vie à une mythologie fournie et captivante. Ce serait aussi pour un réalisateur ou une réalisatrice, une occasion rêvée de laisser libre cours à son imagination pour donner vie aux décors qui ont captivé les lecteurs et lectrices. Entre fantasy et steampunk, on rêve de voir le monde d’Ophélie sur le grand écran.
Vox, de Christina Dalcher
Dans la lignée des grandes dystopies contemporaines, Vox de Christina Dalcher s’impose comme un roman coup de poing, glaçant par sa vision d’un futur où la parole féminine est littéralement muselée. Publié en 2018 aux États-Unis, le livre n’a rien perdu de sa force, résonnant encore plus fort à l’ère des débats sur les droits des femmes et la montée des extrémismes religieux.

De quoi ça parle ?
Aux États-Unis, un régime fondamentaliste évangéliste a pris le pouvoir et imposé le silence aux femmes : chacune est équipée d’un bracelet qui limite strictement leur parole à 100 mots par jour. Toute parole supplémentaire est sanctionnée par une décharge électrique, poussant la répression jusqu’à la torture physique. Lire, écrire, travailler ou même s’instruire deviennent des privilèges masculins, tandis que les femmes sont réduites à la sphère domestique. L’héroïne, Jean McClellan est neuroscientifique, et voit sa vie basculer lorsque le frère du Président est victime d’une attaque. Une chance inespérée s’offre à elle, avec la possibilité de travailler sur un projet médical secret, en échange de la liberté de parole pour elle et sa fille.
Pourquoi Vox serait une adaptation percutante ?
Dans la lignée de The Handmaid’s Tale, Vox possède tous les ingrédients pour une adaptation marquante. Son univers dystopique, à la fois proche et terrifiant, offre une focale originale sur le langage et le pouvoir des mots. Le roman frappe par la justesse de ses thématiques : la censure, l’endoctrinement, la violence institutionnelle et la place des femmes dans la société. Les scènes de tension familiale, la pression psychologique et la montée de la résistance intérieure de Jean offrent une réflexion dramatique puissante.
La Cité des Saints et des Fous de Jeff VanderMeer
Difficile d’évoquer les mondes littéraires les plus singuliers sans mentionner La Cité des Saints et des Fous, œuvre phare du New Weird signée Jeff VanderMeer. Véritable ovni littéraire, ce recueil entraîne le lecteur dans les méandres d’Ambregris, une cité aussi fascinante qu’inquiétante, où l’étrange et le grotesque côtoient la poésie et l’horreur.

De quoi ça parle ?
Difficile de décrire l’ambiance du roman sans trop en dire. Ambregris, ville tentaculaire et décadente, est le théâtre d’histoires où s’entremêlent la folie, le fantastique et la violence. On y croise des explorateurs, des artistes torturés, des compositeurs politiques, et même l’auteur lui-même, perdu dans sa propre création. Les récits jouent sur la polyphonie narrative et l’humour noir, multipliant les clins d’œil à la critique littéraire, à l’histoire et à la psychanalyse.
Pourquoi La Cité des Saints et des Fous serait une adaptation hors norme ?
Ce qui fait la force de La Cité des Saints et des Fous, c’est sa capacité à brouiller les frontières entre les genres et à offrir une expérience sensorielle et intellectuelle unique. L’univers d’Ambregris regorge de détails baroques, de rituels étranges et de moments de pure terreur. Les thèmes abordés – colonisation, mémoire collective, vengeance des peuples opprimés, folie individuelle et collective – offrent un vaste terrain de jeu pour une adaptation visuelle aussi déjantée que le roman original.
Avec ses fausses notes de bas de page, ses essais fictifs et ses annexes délirantes, la capacité du livre à briser le quatrième mur à la façon d’un Terry Pratchett apporterait une dimension méta à la série, qui jouerait avec les codes du documentaire, du fantastique et de la satire.
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