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Steven Spielberg : comment s’est forgée la légende du cinéma ?

Au travers son ouvrage, Laurent Bouzereau retrace les dix premières années du cinéaste de légende Steven Spielberg. De Duel à E.T. de quel bois est fait le maître du divertissement ? Interview.

Steven Spielberg, Laurent Bouzereau le connaît plutôt bien. Depuis plusieurs décennies, le documentariste explore les archives de ses films pour faire éclore des making-of. C’est dans les années 90 que la route de ce cinéphile croise celle de la légende. Steven Spielberg a déjà fait rayonner son nom de bien des manières, fait éclore des chefs-d’œuvre populaires auprès du grand public autant que de la critique. Étrangement, personne n’avait décidé de mettre son nez dans les archives de l’un d’entre eux pour raconter ce qu’il se cache derrière l’écran. C’est donc avec un documentaire consacré aux Dents de la Mer que l’auteur commence à s’intéresser à cet artisan du divertissement, celui que l’on considère bien volontiers comme le maître en la matière. Après trente années de collaboration, il lui consacre un ouvrage. Avec Steven Spielberg : Naissance d’un réalisateur légendaire il offre aux lecteurs une plongée au cœur de son processus créatif, pour raconter son histoire et celle du cinéma américain. Nous l’avons rencontré.

Journal du Geek : Avec La Naissance d’un réalisateur légendaire, vous retracez les étapes importantes dans la création du mythe Spielberg. De DuelE.T L’extraterrestre, c’est à travers votre regard de documentariste que l’on découvre ou redécouvre ces œuvres majeures pour le 7ᵉ art. Comment on raconte Spielberg ?

Laurent Bouzereau : L’idée était vraiment de remonter de manière chronologique à ses débuts et donc de voir à quel point ses premiers films sont des étapes importantes dans sa transformation d’auteur. Ce sont non seulement des œuvres qui sont importantes pour lui, mais aussi pour l’histoire du cinéma. Le livre a un aspect historique parce qu’il parle d’une période qui a changé la face du cinéma, au monde d’abord, mais tout particulièrement aux États-Unis. C’est la naissance de celui qui, comme vous l’avez dit, est mythique. Ces films le sont aussi. Ce n’est pas seulement un réalisateur, c’est un humaniste. C’est une personne qui comprend l’art cinématographique comme nul d’autre. Il n’y aura sans doute jamais quelqu’un comme lui. C’est intéressant pour moi, qui le connaît depuis trente ans, d’essayer de faire une chronique de cette carrière illustre. C’est une inspiration pour toute personne voulant être artiste. Tous ses films ont cette nostalgie, cette sensation d’une découverte pour le public. C’est toujours un choc de l’image. C’est complètement unique à Spielberg. Je me suis dit que ce serait intéressant de faire une petite synthèse de tout ça et de l’illustrer, non seulement avec une histoire orale au travers de mes entretiens avec lui, mais aussi de manière visuelle avec des images d’archives.

Journal du Geek : Le livre étant parsemé de fac-similés, on a l’impression de découvrir des reliques de la même manière qu’Indiana Jones découvre des artefacts…

Laurent Bouzereau : Ce que je voulais partager, c’est un peu ma réaction quand j’allais dans les archives. C’était une expérience très tactile, pas seulement des recherches menées par ordinateur. J’ai même accès à des accessoires du film, dont la tête de Ben Gardner des Dents de la Mer. J’ai ouvert des boîtes et je voulais que le livre reproduise cette sensation, qu’il y ait une petite fenêtre sur l’objet en lui-même.

Journal du Geek :  Vous racontez votre expérience de documentariste, mais pas seulement. Vous plongez également les lecteurs dans les premières heures de votre cinéphilie. Vous racontez vos souvenirs du cinéma de Spielberg…

Laurent Bouzereau : Quand je me retrouve sur Paris, je revis mes découvertes cinématographiques. J’ai vu Les Aventuriers de l’Arche Perdue au cinéma des Champs Élysées, un mercredi. La salle était comble. J’ai un souvenir très marquant, je me souviens du temps (rires ndlr). Pour Les Rencontres du Troisième Type, c’est aussi une époque privilégiée dans le sens où l’on ne savait pas vraiment de quoi traitaient les films que l’on allait voir. Il y avait les affiches et les photos et on fantasmait à partir de cela. Maintenant cela n’existe plus, vous pouvez voir la bande-annonce sur votre téléphone. C’est carrément le résumé du film en trois minutes, tout cela s’est perdu. C’est triste quelque part, mais cela me donne une raison de faire un livre qui célèbre cette époque.

Journal du Geek : Pourquoi avoir choisi de ne raconter que les dix premières années de sa carrière ?

Laurent Bouzereau : Tout le monde me pose cette question (rires ndlr). Elles sont tellement charnières pour sa carrière, pour tous ses collègues et l’industrie du cinéma. C’est très significatif et j’ai voulu de concentrer là-dessus. Une fois qu’il a rencontré le succès d’E.T, il entre dans une nouvelle phase. On le reconnait très bien dans les films qu’il fait après, mais c’est tout de même un tournant. J’ai voulu faire un livre qui n’était pas final. C’est un peu une tranche de vie, de carrière, qui me passionne et m’a donné le goût du cinéma. Si vous voulez comprendre un auteur, il faut commencer au début.

Journal du geek : Au fil de votre carrière, vous vous êtes également attardé sur la filmographie d’Hitchcock et d’autres illustres cinéastes. C’est quoi l’étoffe des génies cinématographiques ?

Laurent Bouzereau : Ce qu’ils ont en commun, c’est un langage visuel. Ils comprennent tout au travers de l’image. Hitchcock qui a commencé sa carrière dans le cinéma muet, s’est développé avec l’industrie du cinéma. Si vous observez sa filmographie, c’est toute l’histoire du cinéma qui se déploie jusqu’à sa mort. Spielberg, c’est pareil. C’est quelqu’un qui a une compréhension du langage cinématographique qui m’étonne sans arrêt. Quand je suis sur un tournage avec lui, et que je vois comment il compose un plan, je vois le film. Vous comprenez exactement ce qu’il veut faire, ce n’est pas toujours le cas avec ses pairs. Les héros cinématographiques sont des gens qui ont une compréhension de l’image et de la manière dont elle sera reçue par le public. Il y a une connivence avec les spectateurs. Certains réalisateurs font des films que pour eux, ne sont pas intéressés par le public, chez Spielberg et Hitchcock ce n’est pas le cas.

Maintenant qu’il a terminé cet épais volume, publié chez Huginn & Muninn, Laurent Bouzereau va se consacrer à une autre légende du cinéma. Pour les écrans cette fois-ci, le documentariste français va réaliser un film retraçant l’illustre carrière de John Williams, collaborateur de toujours de Steven Spielberg. Il est aussi à la réalisation d’un programme consacré à Harrison Ford et Indiana Jones disponible sur Disney+.

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