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[Une sélection à lire et à relire] Les 12 mangas cultes de la rédaction

Dans le flot de toutes les sorties de mangas, qui ont explosé depuis quelques années, il est parfois difficile de savoir où commencer. Nous vous proposons…

Dans le flot de toutes les sorties de mangas, qui ont explosé depuis quelques années, il est parfois difficile de savoir où commencer. Nous vous proposons donc une sélection de 12 séries ou one-shot qui sont comme une petite marche pour se hisser dans la découverte d’une production riche et variée. Ces choix sont subjectifs, mais sont basés également sur la qualité des œuvres réunies et sur une volonté de proposer un spectre large avec des thèmes différents pour plusieurs tranches d’âge. Il manquera certainement des titres qui vous sont chers, n’hésitez donc pas à en discuter en commentaires.

PS : Oui, Akira n’est pas dans cette sélection, alors qu’il est un manga culte et adoré de certains membres de la rédaction. Mais il a fallu faire des choix et on a essayé de vous proposer une sélection aussi variée que possible !

Ashita No Joe

[nextpage title=”La production SF/Fantastique”]

Death Note

Manga de Tsugumi Ohba et de Takeshi Obata, Death Note se concentre sur le destin de Light Yagami, un jeune homme à l’intelligence sur-développée qui est dans un rapport de rébellion totale face à la société. Lui est désireux de lui apporter une paix totale, sans criminels ni injustice. Un fantasme bien difficile à exaucer, jusqu’à ce que Light tombe par hasard sur un carnet étrange. Il y est précisé que n’importe quelle personne dont le nom est écrit dans ces pages verra sa vie supprimée de la manière décrite par celui qui tient le stylo. Pensant se trouver face à une légende urbaine, Light essaie le carnet sur un prisonnier, qui meurt quelques minutes plus tard d’une crise cardiaque. Un dieu de la mort, Ryuk, lui apparaît alors en lui expliquant qu’il a laissé tomber son Death Note exprès, afin de se divertir.

Commence alors une vague de décès qui va éveiller l’attention des autorités et notamment de L, personnage mystérieux qui va tenter d’arrêter Light, se faisant désormais appeler Kira par souci d’anonymat. Affrontement psychologique de haute volée, Death Note est un thriller qui ne cesse de surprendre et de rebondir, écrit avec une rare intelligence. Les rebondissements ne sont pas seulement des révélations au goût un peu passé de deus ex machina, mais une horlogerie précise qui se met en place parfois plusieurs tomes en amont avant d’éclater dans toute sa splendeur machiavélique. Prépublié dans Shonen Jump, Death Note s’éloigne pourtant de manière nette des publications pour ados d’époque par sa structure narrative atypique, ses réflexions sur la justice, la révolte adolescente aveugle ou encore la frontière entre le bien et le mal dans une logique de société entière. Une révolution qui a lancé toute une frange de mangas à dominante psychologique et qui ne s’est pas démodée d’un iota. Passionnant et haletant, Death Note est, avec Monster, le meilleur représentant d’une sorte de roman noir mis en image, et ce, même si le second arc de la série n’est pas au niveau du premier.

Chez Kana. 12 tomes en édition normale, 6 tomes en Black Edition. Disponible à environ 6,80 €/12,70€ le tome. Série terminée

Berserk

Série fleuve de Kentaro Miura entamée en 1989, Berserk continue à diffuser sa folie picturale après 38 tomes. Tragique, le manga raconte le destin de Guts, un guerrier condamné à être la cible des créatures les plus puissantes et immondes d’un monde en plein chaos à cause d’un signe apposé sur son cou, la Marque du Sacrifice. Piégé dans une fantasy médiévale d’une noirceur totale, Guts doit non seulement essayer de protéger ses compagnons des affres de la vie quotidienne, entre guerres et hystérie religieuse, mais aussi de démons apparus lors d’une funeste journée, l’Eclipse. Équipé d’une épée géante et d’un canon greffé sur son bras gauche, ce héros qui n’a rien de sain erre, sans cesse confronté à la lie de l’existence, entre viols, infanticides, ou encore orgies sanglantes.

Un quotidien atroce qui donne au manga une aura de plongée au cœur de la folie, entrecoupée de rares moments lumineux qui sont d’autant plus précieux. Une œuvre destinée donc à un public adulte, qui étonne à chaque volume par sa puissance visuelle où certaines planches semblent sortir d’un recueil de gravures de Gustave Doré. Un manga cru, dur et sans pitié qui fascine et repousse, sans jamais être bas du front. Car dans ce monde déviant, l’âme est questionnée au fil de pages qui offrent une véritable matière à penser. En espérant que l’auteur termine un jour cette saga.

Chez Glénat. 38 tomes. Disponible à 6,90 € le volume dans sa nouvelle édition. Série en cours

Gunnm (toutes les séries)

Premier manga de Yukito Kishiro, Gunnm reprend le personnage de l’une de ses autres histoires, Reimeika, à savoir la jeune Gally. Cyborg dont il ne restait au départ que la tête, elle est récupérée par le professeur Daisuke Ido, un génie dans le domaine de la cybernétique. Une fois remise sur pieds, Gally passe la majeure partie de son temps dans les paysages désolés de Kuzutetsu, une décharge à ciel ouvert où s’est recréé un semblant de société. Car depuis qu’une météorite a ravagé la Terre, la survie se fait difficilement. Les habitants encore en état de se mouvoir sont répartis entre les bidonvilles de Kuzutetsu et la cité flottante de Zalem, abri des classes sociales supérieures. Une ville qui n’aime pas vraiment le petit peuple et embauche régulièrement des mercenaires pour faire le ménage chez ceux qu’elle juge problématiques.

C’est dans ce contexte de déséquilibre social que Gally va représenter une alternative, sans pour autant revêtir les habits classiques du personnage élu. C’est par un mélange d’amour pour son « créateur » et de sens d’une sorte d’équilibre qu’elle poursuit son entreprise de restructuration du monde. Le cheminement de Gally est l’une des grandes forces de la série, centré sur la découverte d’une envie d’auto-détermination et d’une réflexion passionnante sur la faiblesse inhérente à l’humanité, malgré un corps cybernétique. Ce sont les sentiments, les pensées, l’empathie qui fragilisent la dureté métallique d’un transhumanisme qui ne semble pas avoir de limites. Gunnm aborde aussi, tout comme dans Ghost in the Shell la question de la place « physique » du soi. Des axes traités avec intelligence qui font de ce manga une des pierres principales du grand bâtiment cyberpunk japonais.

Chez Glénat. 7 tomes (série principale terminée) – 19 tomes (la suite Last Order – en cours) – 4 tomes (l’autre suite Mars Chronicles – en cours). Disponible dans sa nouvelle édition à 7,60€ le volume/6,90€/7,60€

20th Century Boys

Manga de Naoki Urasawa (Monster, Pluto, etc), 20th Century Boys n’est pas son récit le plus impressionnant, Monster étant davantage maîtrisé, mais celui qui étonne de bout en bout dans une construction d’une rare ambition. Tout commence en 1969 par des jeux d’enfants, l’invention d’une société future dans une cabane improvisée entre potes où Kenji, Otcho, Yoshitsune, Maruo, Yukiji et Donkey décident d’écrire un scénario. Dans cette histoire, un groupe mystérieux de méchants planifiera de détruire le monde et eux, en tant que héros, seront là pour les battre. Tout est décrit en détails, comme le font des gamins à l’imagination florissante, et réuni sous l’appellation du Cahier des Prédictions. Une vingtaine d’années plus tard, le pauvre Donkey se suicide, entraînant la découverte par Kenji d’un certain « Ami », chef masqué d’une secte dont les agissements sont identiques à ceux expliqués dans leur vieux cahier.

Tout le génie de cette série tient dans cette idée brillante, qui projette les fantasmes souvent très pragmatiques des enfants, avec des notions de bien et de mal pas encore totalement définies dans un monde d’adultes, lui désenchanté mais ouvert à utiliser des armes bien plus puissantes que les mots. La tension s’insinue donc au fil de tomes qui se dévorent et les rebondissements, amenés avec un immense talent, relancent l’intérêt constamment. Car les questions s’accumulent, les pistes se multiplient, jusqu’à ce que tout ce qui s’est envolé se repose avec logique dans une dernière partie où tout s’imbrique à la perfection. Un thriller sans concession qui vaut aussi pour ses personnages attachants, que l’on suit sur plus de 30 ans – chacun unique et surtout aucun protégé – ainsi que le trait d’Urasawa, qui apporte beaucoup d’intensité dans les regards.

Chez Panini. 12 tomes en Edition Deluxe (le 12eme intègre les deux volumes de 21st Century Boys qui conclut la saga). Disponible à 15,20€ par volume. Série terminée.

Blame

Série de Tsutomu Nihei, qui commence à être plus connue en France via le récent film d’animation Blame ! ainsi que la série Knights of Sidonia tous deux sur Netflix, Blame est une aventure unique. Difficile à résumer, elle raconte le voyage de Killy, un être monolithique vêtu de noir qui cherche un élément nommé « Terminal Génétique ». Poursuivi par des créatures mécaniques, les Sauvegardes, pour qui il fait partie des nombreuses personnes qui ne correspondent pas aux règles d’un nouveau monde chaotique, il se contente d’avancer vers cette quête qui semble infinie. D’autres personnages viendront rejoindre son périple, en particulier Shibo, jeune femme/androïde dont l’importance va grandissante au fur et à mesure du récit. Ce dernier est d’ailleurs cryptique, trop à certains moments, mais participe à ce sentiment de perte de repères, de confrontation à un univers qui s’est construit au-delà des notions de temps humaines.

La Terre n’existe plus en tant que telle, elle est devenue un enchevêtrement gigantesque de structures qui n’ont pas de sens, une sorte de ville cyclopéenne. Pas d’échappatoire, de ciel ou de sol, tout est béton et mécanismes, ce qui confère à la série une atmosphère pesante. Un enfermement que n’améliorent pas les antagonistes rencontrés, semblant sortis d’un mix entre H.R.Giger et Berserk et qui ne montrent jamais aucune pitié. Fable noire et étouffante, Blame fascine et captive avec peu de mots, sublimé par le travail admirable de Nihei, ancien architecte, qui dévoile des perspectives époustouflantes et un sens du cadre incroyable. Un monument aride de la SF japonaise.

Chez Glénat. 10 tomes. Disponible à 6,90€ le volume. Série terminée

Planètes

Série de Makoto Yukimura, bien plus connu désormais avec son excellent Vinland Saga, Planètes est un manga de pure SF qui se déroule dans la deuxième moitié du XXIème siècle, époque où les humains ont réussi à coloniser Mars et cherchent à repousser les limites de l’habitabilité encore plus loin. Le héros, Hachimaki, s’il rêve d’exploration et de conquête, travaille pour une entreprise de collecte des déchets spatiaux. Parce que oui, l’espèce humaine n’a pas changé et continue de laisser des traces un peu partout sans vraiment se sentir concernée.

Couvrant plusieurs années de la vie d’Hachimaki, Planètes est un récit atypique qui laisse parler ses protagonistes, tend à exposer un nouveau modèle de vie plus qu’une aventure. Avec une justesse qui force l’admiration, le manga dépeint un monde toujours en proie à des conflits géopolitiques, à des coups de force, à des soucis de gestion de l’environnement, tout cela décuplé par la notion « extraterrestre » de certaines problématiques, comme la survie dans l’espace. Avec son regard braqué sur l’humanité depuis les cieux, Hachimaki est le parfait observateur, qui analyse avec finesse, bonhomie et fatalisme un nouvel univers tout à la fois magnifique et tragique, tout en ayant la tête tournée dans le même temps vers l’ailleurs. Un autre lieu de vie meilleur ? Il n’en sait rien, mais flotte déjà en partie dans cet océan de possibilités. Une série de grande qualité, qui montre une nouvelle fois que la SF est un excellent révélateur des turpitudes actuelles.

Chez Panini. 1 tome (intégrale des 4 tomes). Disponible à 35 euros . Série terminée

L’Habitant de l’Infini

Oeuvre au style flamboyant de Hiroaki Samura, L’Habitant de l’Infini raconte le destin de Manji, un ancien samurai connu comme le « tueur d’une centaine » après avoir massacré 99 hommes de main ainsi que le seigneur dont il dépendait, Hori Shigenobu. Une décision prise après la découverte que sa mission d’éliminer des paysans soit-disant dangereux pour la stabilité locale n’était au final qu’un moyen pour Hori d’asseoir sa légitimité. Un événement qui lui fait rencontrer une étrange prêtresse vieille de 800 ans (Yaobikuni), qui lui garantit l’immortalité par l’introduction dans son corps de vers qui peuvent soigner ses blessures, voire recoller des membres sectionnés.

Une chance qui n’est pourtant pas du tout appréhendé de cette manière par Manji qui veut lever ce qu’il voit comme une malédiction. Pour ce faire, il annonce qu’il tuera 1000 personnes qui méritent ce sort, tueurs, criminels, etc. en réparation de la tuerie qu’il a perpétrée. Un chemin de croix et de sabre qui va l’amener à éliminer sans le savoir le mari de sa propre sœur (Machi), ce dont les comparses de ce dernier se vengeront en la tuant elle aussi. Traversé de désespoir, Manji se lie d’amitié quelques temps plus tard avec Lin, une jeune fille ressemblant à sa sœur décédée, qui est également en quête de vengeance. L’Habitant de l’Infini est un road-trip où le sang pave chaque chemin, traversé de fulgurances visuelles et narratives, qui renvoie au chanbara (film de sabre), épicé de fantastique. Le manga n’est pas seulement un enchaînement de combats, c’est aussi une belle réflexion sur la perte, sur le fait de vivre dans la souffrance sans pouvoir s’en libérer ou encore sur ce que peut poser comme questions éthiques et philosophiques le fait d’être immortel. Une œuvre généreuse et intense, qui tient de la fresque à hauteur humaine.

Chez Casterman. 30 tomes. Disponible dans sa dernière édition à 10,95€ par volume, sauf le dernier à 12,95€. Série terminée

Phénix : L’oiseau de Feu

Oeuvre majeure de Tezuka, Phénix est un récit d’une ambition vertigineuse, qui s’étend sur des centaines d’années avec un même motif central, le Phénix. La série se déroule aussi bien dans le Japon médiéval que dans un futur lointain, jusqu’au présent, et ce dans chacun des tomes. Des dizaines d’éléments sont disséminés à travers ces volumes et s’imbriquent au fur et à mesure dans une cohérence incroyable avec à chaque fois cette recherche de l’oiseau de feu pour maintes raisons. Il faudrait résumer chaque tome pour commencer à donner une ligne à cette histoire magnifique, ce qui est compliqué en quelques lignes, mais Phénix est un prisme sur ce qu’est l’humanité dans son ensemble selon Tezuka.

Que le propos soit sur la recherche de l’inconnu dans une civilisation extraterrestre, la quête de la richesse, celle de soi ou d’une religion, cette série brasse beaucoup de thèmes avec une justesse et une sensibilité propres à ce grand auteur : qu’elle soit horrible ou d’une beauté à couper le souffle, l’humanité est plurielle. Seul souci, Tezuka n’a jamais pu terminer cette saga qui a occupé 30 ans de sa vie. De même, les éditions françaises ne disposent que de 11 volumes sur les 12 existants au Japon.

Chez Delcourt. 11 volumes. Disponible dans sa nouvelle édition à 9,35€ le volume. Série « terminée »

[nextpage title=”La production réaliste”]

Satsuma, l’honneur des samourais

Lui aussi ancré en plein dans un Japon encore réglé par les sabres, Satsuma : l’honneur des samourais est un des chef d’oeuvre du genre Gekiga (BD pour adultes en gros). Créée par Hiroshi Hirata, il se penche sur la vie quotidienne dans le fief de Satsuma, dans un XVIIIème siècle qui voit de profonds changements sociétaux se mettre en place. Le manga, s’il montre plusieurs personnages qui forment ensemble l’histoire de cette partie du Japon, se concentre surtout sur la classe des Goshi, samouraïs pauvres qui sont dévolus à des tâches simples, et bien au pied de l’échelle.

Chacun d’entre eux supporte un passé plus ou moins douloureux et Hirata prend le temps de poser un regard humaniste sur ces hommes accablés. Sans aucune concession, il croque une ambiance, une atmosphère avec l’œil du chercheur concerné. Un contexte historique et tragique, qui a vu la révolte de ce fief contre le Shogun écrasé dans le sang, retranscrit avec une force incroyable. La mort rôde à chaque page, accompagnée d’un enrobage poisseux de cruauté et d’étouffement de classe, où rien ne semble pouvoir surgir de la boue. Mais ce que sublime Hirata, c’est à quel point la vraie puissance morale naît des gueules cassées de ces samourais maltraités. Pas d’angélisme, aucun n’est un enfant de chœur, et pourtant ces hommes captivent. Par leur abnégation et leur jusqu’au-boutisme. Un manga à l’élégance terreuse qui donne à voir une sorte de Kurosawa couché avec force sur du papier.

Chez Delcourt. 6 tomes. Disponible à 7,99 € le volume. Série terminée

Le Journal de mon Père

Bien placé dans les plus grandes œuvres de Jiro Taniguchi, ce one-shot (au départ en 3 tomes) raconte, comme souvent chez l’auteur, une tranche de vie empreinte d’une belle humanité. Elle met en scène Yoichi, un homme qui revient dans son village d’enfance 15 ans après en être parti. La raison est aussi simple que tragique, la mort de son père. Et c’est en prenant part à son enterrement qu’il se remémore soudain quelques passages de son enfance. Yoichi commence alors à rechercher toutes les traces de la vie de son père afin de recomposer ses souvenirs et de renouer post-mortem avec une personne qui a été pour lui un quasi-étranger. Une magnifique histoire racontée avec une sensibilité renversante par un Taniguchi qui ne sombre jamais dans un pathos forcé. Au contraire, il expose ce qu’est un sentiment, comment il fonctionne, comment il s’accroche de façon durable à l’esprit, même en jachère.

En découvrant la vie de ce père méconnu, Yoichi apprend dans le même temps de lui-même, d’où viennent ses angoisses actuelles, comment s’est façonné son monde sans cette figure paternelle. Ne pas venir le voir était un choix, pas une impossibilité et Taniguchi donne avec finesse la différence fondamentale entre les deux attitudes et ses conséquences. Une approche assez similaire à celle de Quartier Lointain, mais qui s’entoure d’une certaine mélancolie coupable profondément juste et moins d’une sorte de volonté de répondre à des questions personnelles. Le Journal de mon Père, aux contours adoucis par le dessin aux influences européennes de Taniguchi, riche en expressivité, est une belle œuvre douce-amère marquante.

Chez Casterman. 1 tome. Disponible dans sa nouvelle édition souple, ou cartonnée à 19,95€/25€ le volume.

Ashita No Joe

Défricheur du shonen moderne, Ashita no Joe a été publié de 1968 à 1973 dans le fameux magazine japonais Weekly Shonen Jump. Adoptant un postulat réaliste, la série se concentre sur le jeune Joe, un gamin orphelin qui passe son temps dans les bas-fonds de Tokyo. Une cadre éducatif pas optimal qui va amener Joe à faire diverses rencontres de marginaux, dont Danpei, un vieux boxeur qui va le prendre sous son aile jusqu’à l’arrestation de Joe. Un séjour en prison/maison de correction qui va l’amener à croiser la route de deux figures marquantes, Kanichi Nishi et surtout l’ancien champion Toru Rikiishi, à la fois but à atteindre et rival éternel. Une fois libre, Joe va alors se consacrer à la boxe, reprenant Danpei comme entraîneur. Très doué et à même d’utiliser des techniques redoutables, comme le Double-Cross Counter Punch, il devient l’un des grands boxeurs de son époque au sein d’une carrière qui devient sa vie, à la fois sociale et physique.

Un destin hors du commun, du gamin des rues à un boxeur star qui est une métaphore d’un certain passage à l’âge adulte avec des rêves et surtout des existences brisées. Plusieurs grands drames émaillent le manga, dont un qui a même poussé de nombreux fans de l’oeuvre de Kajiwara (Takamori) et Chiba à organiser de réelles obsèques pour le décès d’un des personnages, dans lesquelles un moine bouddhiste était présent pour chanter des sutras. Un témoignage de l’énorme influence qu’a eu le manga au Japon, non seulement par son contexte – des adolescents un peu paumés au cœur pur qui essayent de s’en sortir – et sa narration, axée sur le fait de se surpasser sans cesse, quitte à opérer les plus grands sacrifices. Avec son esthétique marquée années 70, Ashita no Joe dispose d’une ambiance particulière, comme un vieux film noir et blanc d’époque, et de personnages attachants, potes dessinés aux destins compliqués. La fin de la série est d’ailleurs d’une beauté froide particulièrement touchante.

Chez Glénat. 13 tomes. Disponible dans sa dernière édition (2010/2012) à 10,75€ le volume. Série terminée

GTO

GTO c’est l’histoire d’un jeune homme, un peu voyou, pas mal à l’ouest, qui décide de se trouver un boulot dans un lycée pour conquérir les étudiantes sur place. A sa plus grande surprise, il devient effectivement prof et se retrouve face à des ados bien moins âgés que les demoiselles qu’il visait. Casse-cou à tendance je m’en foutiste, Ekichi Onizuka doit désormais faire avec son obligation d’enseigner l’éducation civique, tout recul est banni. Et c’est devant cette mission qu’il prend au départ à la légère qu’il va évoluer personnellement tout en donnant à ses élèves le soutien dont ils avaient besoin. Car la série, outre son côté humoristique avec des moments bien débiles, se penche sur la société japonaise et la manière dont sa jeunesse est orientée dès ses études.

Onizuka est ce prof bizarre que tout le monde a eu, mais qui sous ses traits étranges dispense des idées qui si elles ne germent pas tout de suite, deviennent des appuis sur lesquels se compose une vision de la vie. Et c’est le cas ici, où Ekichi prouve à chacun que le combat est au centre de son auto-détermination, mais un combat pour soi, dans lequel il faut mettre toutes ses forces, peu importe le résultat. Équilibré avec talent entre déconnage et moments touchants, GTO est typiquement le genre de série qui laisse une trace durable si elle est parcourue à l’âge adéquat. A noter qu’une suite « Paradise Lost » est actuellement en cours (7 tomes en France, 10 au Japon).

Chez Pika. 13 tomes. Disponible dans son Edition Double à 10,90€ et dans une toute nouvelle édition « 2017 » à 3€ le volume, actuellement en cours. Série terminée

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