Passer au contenu

Dossier : ce qu’il faut savoir sur l’impression 3D

Étude de cas : Imprimante 3D Up Easy 120 L’extrusion consiste donc à prendre un matériau, au hasard du plastique, et le fondre avant de le…

Étude de cas : Imprimante 3D Up Easy 120

L’extrusion consiste donc à prendre un matériau, au hasard du plastique, et le fondre avant de le déposer sur un plateau mobile. Une fois solidifié, on obtient un objet en trois dimensions.

Nous avons testé le procédé grâce à l’imprimante Up Easy 120, qui nous a gentiment été prêtée par la société française A4 Technologies. Elle se spécialise plutôt sur le secteur éducatif, insistant sur le fait que l’outil pourrait révolutionner la façon dont les étudiants de filières technologiques travaillent.

Extérieurement, l’objet est nettement plus simple, et nettement moins encombrant que l’on pourrait l’imaginer. Elle viendra sans trop problème trouver sa place sur un bureau avec ses 245 x 260 x (h) 350 mm et ses 5 kilos.

MA-EASY120_b
La Easy 120, avec tout l’attirail nécessaire

L’installation n’est pas non plus particulièrement complexe, il suffira simplement de la connecter à une prise de courant et de la relier à un ordinateur grâce à un câble USB. Reste ensuite à installer les drivers (ainsi que le logiciel dédié à l’impression) et le monde merveilleux de l’impression 3D s’ouvre devant vous. Enfin en théorie.

Mano a mano

Une fois branchée, l’imprimante va encore requérir un peu d’installation et de paramétrage. Il va falloir mettre en place une plaque sur le plateau de l’imprimante qui sera tenue par des pinces. Alvéolée, c’est elle qui permettra à la première couche de plastique de bien se fixer et c’est cette première couche qui servira elle-même d’attache à la pièce prototypée à proprement parler.

Un plateau qu’il faudra également ajuster. Si sa position par défaut est trop éloignée de la buse, la première couche ne sera pas bien accrochée à la plateforme, ce qui se traduira inévitablement par une pièce ratée. Trop proche et la buse viendra “gratter” la plaque, sur les premières couches, ce qui n’est pas non plus idéal, quoiqu’un peu moins grave.

DSC02680
Le Companion Cube de gauche n’a pas bien accroché

La démarche est donc essentielle, malheureusement, elle est assez fastidieuse. Le plus simple reste de le faire à l’aide d’une feuille de papier pliée en deux que l’on glisse entre la buse et la plaque. Cela correspond grosso modo à une épaisseur de 0,1 mm, soit l’espace désiré correspondant au niveau de précision de la machine. Il faut ensuite chercher à remonter petit à petit le plateau, jusqu’à ce que la feuille soit presque coincée entre les deux, mais pas tout à fait. Il ne faudra pas forcément le refaire à chaque impression, mais tout de même assez régulièrement.

La bonne nouvelle est que l’on se rend assez vite compte que quelque chose ne va pas, on pourra donc arrêter l’impression rapidement pour procéder au recalibrage. Conscient que la démarche est fastidieuse, A4 propose désormais à son catalogue une deuxième version de son imprimante pouvant se régler automatiquement à l’aide d’un capteur infrarouge.

Une solution système D qui fait ses preuves une fois qu’on a bien compris le truc. Toujours dans le domaine du paramétrage, il faut aussi bien veiller aux origines des axes X et Y (Z étant la hauteur) pour que tout se passe bien. C’est plus simple à faire pour ces axes et, si les impressions se passent sans problème, il ne faudra pas le faire souvent. Il ne sera nécessaire que si, pour une raison quelconque, le plateau venait à être bloqué durant une impression, ce qui déréglerait les origines. Dernière chose, – que l’on aurait pu faire avant d’ailleurs – placer la bobine de plastique ABS sur l’imprimante puis l’amorcer dans le mécanisme.

Réglages Software

L’aspect matériel réglé, on en arrive donc à l’impression elle-même, elle passera nécessairement par le logiciel de l’imprimante. Sous ses airs années 90, le logiciel est assez complet et permettra de faire à peu près ce que l’on veut par rapport à l’impression en tant que telle. Ce n’est, en revanche, pas l’endroit pour modéliser une pièce, il faudra un logiciel dédié, ou trouver des pièces déjà prêtes dans une bibliothèque (au format .STL). On citera notamment Thingiverse, un site où nous avons trouvé la plupart des pièces que nous avons imprimées.

On pourra y modifier la taille de la pièce, sachant que la limite “utile” est de 13 x 13 x 13 cm. En théorie, on peut imprimer des pièces de 15 x 15 x 15, mais l’issue est incertaine. A4, conseille donc de ne pas dépasser les 13 cm d’arête (notamment à cause des pinces qui mordent légèrement sur la plaque). C’est aussi elle qui permettra de modifier les paramètres d’impression telle que la densité de la pièce. Un paramètre qui joue sur la solidité de la chose. Plus c’est dense, plus c’est solide, mais c’est aussi plus long et plus consommateur de matériau, on y reviendra.

DSC02674
13 x 13 x 13

Le logiciel servira aussi à choisir l’orientation de l’objet sur le plateau, il faudra veiller à ce qu’elle soit le plus à plat possible. Comme nous le disions dans la première partie, l’extrusion à un gros défaut : elle ne permet pas vraiment de créer des objets trop verticaux comme le montre notre “Tour Eiffail”. Un exemple typique qui donne un bon exemple des limites de l’imprimante. C’est cette verticalité qui pose le plus de problèmes.

DSC02735
La structure interne de la Tour Eiffel ne fonctionne pas

Une fois que l’on a bien compris le principe, le résultat est très souvent convaincant. Les pièces ne sont pas aussi lisses que celles sorties d’un usinage classique, mais c’est suffisamment fin pour se faire oublier. C’est un peu moins propre au niveau de la partie en contact direct avec le ou les supports.

DSC02762

Pour les parties suspendues, l’imprimante va en effet créer une sorte d’échafaudage (visible dans l’image ci-dessus) afin de créer la pièce à la bonne hauteur. Une fois la pièce terminée, il faudra la détacher, ce qui se fera sans trop de problèmes pour peu qu’on l’on ait une bonne prise (c’est un peu plus compliqué pour les faces du “Campanion Cube” qui nécessitent une pince à épiler), mais cela laissera inévitablement des traces. Il faudra donc prendre en compte ce paramètre lors de l’impression, sans oublier l’orientation de la pièce. Résultat : Il faudra parfois réfléchir avant l’usinage et trouver le meilleur compromis.

DSC02732
Les parties en contact avec le support sont un peu moins glorieuses

Patience et longueur de temps

Lorsque l’impression est lancée, le logiciel va calculer le modèle couche par couche, et l’imprimante se met en branle en annonçant à la seconde près la durée de l’impression et la quantité de matériaux nécessaire. L’estimation est d’ailleurs assez précise.

Et là, le choc. Comptez souvent plusieurs heures en fonction du taux de remplissage et bien évidemment de la taille de l’objet, mais aussi de la présence ou non de détails. Comptez près de 4h30 pour un objet peu complexe comme ce Mickey et jusqu’à 36 heures pour un cube de 13 x 13 x 13, avec la densité réglée au maximum. Comme le montre l’image ci-dessous, la durée d’impression d’un cube de 3 x 3 x 3 variera sensiblement en fonction du taux de remplissage. Évidemment, plus l’objet est gros, plus la différence sera notable.

cube-3-3
Du moins rempli au plus rempli (cube de 3x3x3 cm)

On sera donc vite tenté d’opter pour des pièces aérées, mais elles manquent parfois de solidité. On choisira donc plus volontiers une densité supérieure, le taux plein n’apporte en revanche pas grand-chose pour une durée et un coût en matériau supplémentaires qui nous ont semblé trop importants.

DSC02781
Les 4 taux de remplissage se traduisent ainsi

Avec ces paramètres, vous aurez de quoi faire avec une bobine de 700 grammes. Les plus gros modèles dépassaient rarement les 50 grammes. Notre imprimante a tourné presque sans discontinuer pendant une semaine et nous n’avons pas réussi à épuiser la bobine. En cas de besoin, A4 la propose à 46 euros hors taxes.

Sortie d’usine(age)

Une fois finie, il faudra encore détacher la pièce de la plaque de l’imprimante. Il faudra utiliser une petite spatule en métal pour décoller la première couche de la plaque. C’est assez difficile et il faudra prendre le coup de main. On conseille d’ailleurs d’utiliser un gant, pour éviter de se blesser au cas où la spatule métallique glisserait, on en a fait les frais.

Si l’objet est simple, on s’amusera ensuite à décoller le ou les échafaudage(s) en ABS. Selon la pièce, on devra encore fignoler à la pince à épiler. Les plus pointilleux pourront également poncer les parties en contact avec lesdits échafaudages. Les geeks amateurs de bibelots pourront également s’amuser à la peindre, une version moderne du soldat de plomb en somme.

On l’aura compris tout au long de ce test : l’impression 3D n’en est pas encore vraiment plug and play, et il faut un certain temps d’apprentissage pour s’en servir dignement. Toutefois, si les premières heures sont difficiles, on prend assez vite le coup de main et lancer une impression n’est pas si compliqué.

IMG_20130101_124837

Pour le grand public, la technologie est intéressante, mais elle nécessite tout de même deux prérequis. Le premier est d’avoir de l’argent à investir dans une imprimante : la UP Easy 120 est tout de même proposée à près de 2000 euros TTC. Il existe certes des modèles moins onéreux, mais qui risquent de proposer une qualité d’impression/fiabilité inférieure.

Le second est tout de même de maîtriser les logiciels de conception 3D. S’il existe des bibliothèques, elles pourront vite devenir insuffisantes. Si elles regorgent de bibelots en tout genre, il est évident que le potentiel est nettement plus large dès que l’on est en mesure de créer ses propres pièces.

Autrement dit, monsieur tout le monde ne pourra pas encore trouver dans l’impression 3D la révolution attendue, faute d’un écosystème encore trop peu fourni et d’un prix encore un peu élevé. Les “prosumers” trouveront peut-être un peu plus de satisfaction. C’est une autre histoire pour les professionnels. Rendez-vous dans la troisième partie.

Sommaire

1. Un peu d’histoire
3. L’impression 3D, pour quoi faire ?

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

19 commentaires
  1. Je ne comprends pas l’utilité d’une imprimante 3D pour les multinationales genre samsung et tout si ils ont des usines pour fabriquer des objets deja, Par contre, le particulier et les petits pro genre les maquettes en archi oui la ca peut etre utile.

  2. Quel est l’utilité pour les multinationales possédant déjà des usines surement plus performantes des imprimantes 3D ? Du genre samsung et tout.
    Apres j’en aurai bien besoin pour faire des maquettes.

  3. Perso je maîtrise bien la conception/modélisation de produits en 3D et j’hésite limite à me lancer dans ce domaine …

  4. Pouvoir s’imprimer l’armure d’IronMan …. ouah. Par contre, d’un point de vue écologique je pense que l’impression 3D n’est peut être pas une bonne chose. Les objets jetables en plastique en veux tu en voilà …

  5. Pour les industriels, y a 2 intérêts d’avoir des imprimantes 3D: le prototypage rapide (comme son nom l’indique, pour faire des prototypes rapidement et à moindre coût surtout, Smoby en utilise une pour ça) et la fabrication de pièces comme sur une chaîne de production, sauf avec des avantages de vitesse, de flexibilité, etc… C’est utilisé par exemple pour fabriquer des pièces d’avions.

  6. Travaillant dans ce domaine depuis plus de 10 ans, le prototypage 3D se démocratise enfin.
    La fabrication additive se développe de plus en plus et devient de plus en plus précise.
    Nous n’entendons pas encore se terme dans les blogs ou autre, cela s’appelle du frittage de poudre laser ou frittage de poudre par faisceau d’électrons. Oui le non est un peut barbare mais le concept est tout simplement révolutionnaire ! (métal ferreux, non ferreux style Alu voir même céramique). Associé à la numérisation 3D, aujourd’hui tout devient reproductible.

  7. Les bijoutiers testent des modèles imprimés en basse définition, puis en HD pour en tirer des moules ou juste valider des concepts… Avantage: Gain de temps et d’argent, avec une estimation précise des poids et volumes des produits fini.

  8. J’ai quelques doutes sur la donnée suivante “une maison en 20heures” parce que bon je suis pas un expert en construction mais rien que le temps de séchage des dalles, les raccordements eau/elec ça doit bien prendre plus de 20h =p

  9. @oleo Bah si les produits sont en plastiques ça doit bien se recycler. Par exemple les objets que le jdg a imprimé pour le test de l’imprimante si ils en veulent plus doit bien avoir moyen de refondre le tout et d’en refaire une bobine !

  10. Bel article, avec des infos fiables.

    @oleo : Etant donné le prix des pièces imprimées en 3D, le problème écologique ne se pose pas vraiment, on ne les jette pas. D’autant plus que ce sont des thermoplastiques (pour la technologie FDM) et donc c’est parfaitement recyclable si l’envie te prend te jeter tes pièces à 66€ HT le kilo.

  11. L’impression 3D est déjà bien développée dans les milieux intéressés.
    Les industriels font déjà des prototype via cet outil, on entre dans la phase démocratisation avec une ouverture de plus en plus grande au public et avec des modèles abordable prés à l’emploie. (fini le temps ou pour avoir une imprimante 3d pas tros cher (relativement au prix de l’époque) il fallait l’acheter en kit et la monter soit même avec pas mal de connaissances).

    Pour le coté écolo, le plastique n’est pas le seul matériaux disponible et à la vitesse à laquelle cela évolue on pourra imprimer avec tout et n’importe quoi lorsque la technologie sera mature.
    Aujourd’hui avoir une imprimante 3d pour un particulier lambda cela sert à rien. Il y a des niches dès qu’on fait du modélisme, de la robotique, …
    C’est clairement l’outil de production du future car il permet d’obtenir des formes impossible avec des moyens traditionnels et avec un gain de temps. D’ailleurs les temps d’impression sont très bon, en rapport avec ceux d’il y a ne serait-ce que 2 ou 3 ans auparavant.

    Hâte d’être dans 10 ou 15 ans, quand on aura dès outils totalement démocratisé car fonctionnel avec des catalogues de produit imprimable énorme.

    Et hâte de voir les batailles sur les brevets, et l’évolution de la vente de vaisselles et autres petit mobilier (pourquoi acheter des assiettes et autre si je peux les imprimer chez moi, avec en plus le même design).

  12. @Crambers : un jour, certainement.

    2000 euros, c’est encore au dessus de mes moyens, mais je pense que d’ici quelques années, on pourra en trouver dans le 500 euros et là, je vais probablement m’y mettre.

  13. Lire dans le journal du geek un article disant que l’impression 3d ne sert a rien chez monsieur tout le monde.. hum..
    J’en vends des imprimantes en kit , a monsieur tout le monde justement et je peux vous dire qu’une fois qu’on a VU et TOUCHé , les idées viennent toutes seules , et l’envie aussi.

    Je rêve de journalistes / écrivains de blog qui arrêteraient de penser pour les gens et leur disent quoi faire ou non ( ca c’est pas pour vous! ) . Faites le tests , vous seriez surpris de la réactivité de “monsieur tout le monde” , justement ! C’est vraiment un manque de respect évident.

  14. Ce qui me fascine dans l’impression 3D c’est quelle peut s’appliquer dans n’importe quel domaine d’activité ! Dernièrement dans le magazine Information Entreprise du mois de Juillet j’ai vu que l’impression 3D s’utilisait dans la communication et le marketing. Une agence s’est d’ailleurs spécialisé dans la fabrication d’objet de communication par impression 3D, leur site est pas mal : http://www.designobjet3d.fr/ !
    Bientôt tout se fera par impression 3D !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *