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On sait désormais ce qui cause les invasions de criquets

Les invasions de criquets sont devenues une véritable plaie pour certains pays. Parfois, ces gigantesques nuées menacent même la sécurité alimentaire des régions touchées, qui restent sans réponse face à ce fléau. La recherche travaille à limiter leur impact, et la découverte d’une phéromone impliquée dans le processus pourrait bien offrir de vraies pistes.

© Joshua Hoehne – Unsplash

On l’aurait presque oublié avec la pandémie, mais 2020 a également été le théâtre d’autres phénomènes dévastateurs de grande ampleur. On peut par exemple citer les gigantesques nuées de criquets migrateurs qui ont ravagé l’Afrique de l’Est, laissant derrière eux des milliers d’hectares de cultures, de forêts et de pâturages complètement dévastés. Des chercheurs du monde entier travaillent à endiguer ce phénomène visuellement très impressionnant, qui impacte directement la sécurité alimentaire déjà parfois précaire des zones touchées. Aujourd’hui, une première étape a été franchie dans cette direction avec l’identification d’un des composés chimiques qui serait impliqué dans tout ce grabuge.

Comment se forment ces nuées ?

Cela fait un certain temps que les chercheurs se doutaient qu’il s’agissait d’une phéromone, mais encore fallait-il mettre la main dessus et il semble que cela soit désormais chose faite. Il s’agit de substances chimiques sécrétées par des tas d’être vivants, chez qui elles servent de moyens de communication chimiques. Dans le cas de nombreux insectes migrateurs comme ces criquets, c’est l’action des phéromones qui leur permet de se “mettre d’accord” inconsciemment sur la marche à suivre. Lorsqu’un individu remarque qu’il est entouré de quelques centaines d’autres individus, et que toutes les conditions sont réunies en termes de météo et de nourriture, il va émettre cette phéromone tout juste découverte, le 4VA. En plus de participer à rameuter tous les autres criquets aux alentours, cette substance semble jouer un rôle dans leur transformation. Ces criquets auparavant solitaires devenus grégaires et particulièrement voraces, vont eux-même émettre la fameuse phéromone, lançant ainsi une réaction en chaîne qui peut aboutir à de gigantesques nuées insatiables.

Comment peut-on utiliser le 4VA des criquets contre eux ?

L’identification du 4VA fournit une bonne base de travail aux chercheurs. Maintenant que le mécanisme à l’origine de ces attroupements dévastateurs se précise, reste à se servir de ces nouvelles connaissances pour endiguer le phénomène de façon raisonnable, sans devoir pulvériser des quantités astronomiques d’insecticides extrêmement nocifs. La première solution envisagée est de les piéger. Les auteurs de l’étude ont par exemple expérimenté des pièges à criquets recouverts de 4VA en guise d’appât, avec un franc succès. Reste que cette méthode est très difficile à appliquer à grande échelle. Une autre piste prometteuse serait d’utiliser de développer un produit écologique, mais capable de “boucher” les récepteurs au 4VA pour empêcher cette réaction en chaîne.

La piste de la modification génétique ?

Il existe une autre piste : celle de la modification génétique. Il s’agirait d’introduire des criquets génétiquement modifiés, privés du récepteur au 4VA, avec l’espoir que cette mutation se répande dans la population. Cela les empêcherait donc de passer de la forme solitaire à la forme grégaire, ce qui empêcherait à son tour la formation d’immenses nuées insatiables. Une technique qui pourrait permettre un contrôle “durable et vert” de ces nuées à condition d’imposer une “évaluation stricte de la sûreté biologique avant application”, d’après Le Kang, de l’Académie des sciences chinoise. Ce serait en effet absolument nécessaire, car ces criquets pèlerins sont des acteurs absolument majeurs de ces écosystèmes. Tout y est interconnecté : changez une seule variable, comme la capacité des criquets à former des nuées, et vous pouvez déclencher une cascade de conséquences environnementales aussi désastreuses qu’impossibles à mesurer. Mais cette solution n’est pas la plus enthousiasmante pour un tas de raisons évidentes, et il vaudra certainement mieux se rabattre sur d’autres solutions moins extrêmes et moins hasardeuses qui sont aussi explorées sur la base de cette idée.

L’article de Nature explique que 4VA n’est probablement pas l’unique responsable de l’agrégation de ces insectes. L’ étude fourni toutefois une bonne base pour développer ce qui sera certainement un cocktail de plusieurs phéromones à même de juguler ces phénomènes qui engendrent de graves famines dans certains pays.

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Source : Science Alert

3 commentaires
  1. Tiens ça fait penser au film “Mimic” de Guillermo del Toro. Espérons juste qu’en vrai ça marche ^^

  2. Tiens et personne ne se pose la question de traiter un problème humain (la famine) au niveau de l’humain lui-même ? Bah non on se dit que c’est vachement plus efficace de tripatouiller l’eco-système plutôt que de s’y adapter comme n’importe quel autre être vivant sur cette planète.

  3. Donc dans des zone où réside des difficultés de nutrition on essai d’arrêter des nuage de protéine !?

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