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Pourquoi un père de famille sabotait-il les communications de son village ?

Un père de famille apparemment sans histoire, domicilié dans une bourgade tranquille, a estimé qu’un brouilleur multibandes, très cher et illégal, était la seule arme valable contre les mauvaises habitudes numériques de sa progéniture.

C’est une histoire pour le moins cocasse qui s’est récemment déroulée dans la commune landaise de Messanges. Dans un billet d’actualité, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) explique qu’elle s’est trouvée saisie d’une plainte plutôt étrange : pendant la nuit, une bonne partie des habitants se retrouvaient privés d’Internet. Il ne s’agissait pas d’une panne, mais de la réaction d’un père de famille excédé par les mauvaises habitudes de ses enfants !

L’histoire a commencé près du Service Régional de Toulouse de l’ANFR, qui a dépêché une équipe pour enquêter sur cette affaire mystérieuse. La division a alors envoyé un véhicule-laboratoire, spécialement équipé pour repérer n’importe quel souci dans le domaine des ondes. Et très vite, l’écran de son analyseur de spectre lui a présenté un graphique anodin pour un non initié, mais apparemment très évocateur pour un professionnel; aucun doute, il s’agit bien de la marque caractéristique d’un brouilleur d’ondes.

Un relevé spectral du brouillage enregistré par l’ANFR. © Agence Nationale des Fréquences

Un véritable jeu de pistes

Et c’est là que tout se complique, car l’ANFR rappelle que ces engins sont tout simplement interdits aux particuliers sur le territoire français. Ce sont des engins qui peuvent être très dangereux lorsqu’ils sont mal utilisés, dans la mesure où ils pourraient par exemple bloquer certaines communications urgentes, voire vitales. En utiliser un, ou même le simple fait d’en posséder un est donc passible d’une lourde amende.

L’ équipe de l’ANFR s’est donc mise à la recherche du propriétaire de l’engin pour aller lui demander des comptes. Pour ce faire, les agents ont eu recours à un engin baptisé radiogoniomètre monté sur leur véhicule. Il s’agit d’un instrument qui permet de déterminer la direction d’émission d’une onde; bien pratique en temps de guerre pour identifier la position d’aéronefs ennemis… ou en temps de paix pour faire la chasse aux signaux de brouillage. Il ne leur a donc pas fallu bien longtemps pour débusquer l’origine du signal.  Ils ont donc fait appel aux forces de l’ordre pour aller discuter du problème avec l’intéressé, un père de famille qui aurait reconnu les faits immédiatement.

© Agence Nationale des Fréquences

L’arme fatale contre l’addiction de ses ados

Reste la question la plus importante : pourquoi un résident sans histoire d’une petite bourgade tranquille se serait-il procuré du matériel de classe militaire, capable de brouiller aussi bien le réseau mobile que Wi-Fi ? Le motif invoqué prête plutôt à sourire : il était bien parti en guerre… mais contre ses propres enfants ! En effet, ceux-ci n’avaient apparemment plus à se passer des réseaux sociaux, en particulier depuis le début de la pandémie et des confinements. Une mauvaise habitude qui commençait à empiéter sérieusement sur leur temps de sommeil.

Excédé de les retrouver en ligne à trois heures du matin, il a fini par choisir la solution la plus radicale. Ni une ni deux, il a sauté les étapes du contrôle parental, de la confiscation, et autres moyens plus diplomatiques pour passer directement au stade du sabotage pur et simple. Une sacrée escalade qui pourrait lui coûter très, très cher; en effet, l’ANFR rappelle que la possession et l’utilisation illicite d’un brouilleur sont “l’une et l’autre soumises à une sanction pénale allant jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 30.000€ d’amende”. Pour l’instant, il s’en est tiré avec 450€ de frais d’intervention et une convocation pour confiscation de l’engin; les voisins, eux, ont retrouvé leur connexion. Morale de cette histoire : en cas d’adolescent récalcitrant, le brouilleur n’est pas une option viable. À bon entendeur !

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Source : ANFR

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