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Les États-Unis vont surveiller le voisinage de la Lune de (très) près

Avec CHPS, les États-Unis veulent surveiller l’espace entre la Terre et la Lune pour des raisons logistiques… mais aussi éminemment stratégiques.

L’US Space Force – l’équivalent spatial de l’US Air Force – a récemment dévoilé une partie de ses plans pour l’avenir. Dans une vidéo passée complètement inaperçue sur YouTube mais néanmoins repérée Ars Technica, l’agence s’est fendue d’une annonce plus lourde de conséquences qu’il n’y paraît : elle va augmenter sa portée opérationnelle jusqu’à la Lune.

Jusqu’à présent, l’USSF pouvait opérer dans un périmètre qui s’étendait jusqu’à environ 35 km de la Terre. Mais cela va bientôt changer avec l’introduction du Cislunar Highway Patrol System (CHPS). Ce système a vocation à “multiplier par mille la portée opérationnelle des Etats Unis”. Le gouvernement américain souhaite ainsi garder un œil sur toute la zone entre la Terre et la Lune en permanence, avec une attention toute particulière pour cette dernière.

Un satellite “gendarme” en faction permanente

Concrètement, ce CHPS prendra la forme d’un satellite qui partira s’installer à environ 437 000 km de la Terre; une distance supérieure à celle de la Lune, dont l’orbite culmine à 405 000 km de notre planète. Il deviendra alors l’une des premières bases de l’infrastructure lunaire qui devrait, un jour, permettre de démocratiser les allers-retours entre notre berceau et son satellite.

La vidéo explique que ce vigile placé à la frontière de notre voisinage cosmique jouera plusieurs rôles distincts. Dans un premier temps, il s’occupera de la gestion du trafic. Il jouera le rôle de tour de contrôle, un peu à la manière d’un policier affecté à la circulation; son objectif sera surtout d’éviter les collisions entre les nombreux vaisseaux qui pourraient transiter à proximité de la Lune dans un futur relativement proche.

Le CHPS  prêtera aussi main forte pour tous les éléments qui relèvent de la “logistique orbitale”. En revanche, il est encore difficile de deviner ce que cache ce terme nébuleux pour l’instant; il pourrait s’agir d’éléments comme la gestion du fret à destination de la Lune. L’USSF affirme qu’il servira également à la “communication, à la navigation et aux manœuvres indispensables aux Etats Unis et à ses alliés commerciaux, scientifiques et exploratoires”.

Pour les États Unis, il s’agit d’une démarche d’anticipation de la ruée vers l’espace et la Lune qui semble se dessiner. Les enjeux économiques sont énormes; d’ici quelques décennies, il pourrait s’agir de l’un des secteurs les plus florissants au monde. Avec CHPS, l’USSF espère donc poser les bases d’une logistique spatiale et lunaire qui pèsera bientôt très lourd.

Big Brother en orbite ?

Mais il existe également une autre lecture possible de cette situation qui se cache sous quelques détails sémantiques. Il ne s’agit pas que de commerce et d’industrie; au-delà de l’aspect exploratoire et logistique; c’est aussi une question éminemment stratégique, comme en témoigne le vocabulaire utilisé.

En effet, l’espace dit “cislunaire” (situé entre la Terre et la Lune) est une zone immense et donc par définition difficile à contrôler; un point délicat sachant qu’il est possible d’y placer des tas d’équipements déterminants dans les relations internationales comme des satellites espions ou même des armes orbitales. Un point évidemment très important pour l’USSF.

Dans la vidéo, on apprend que l’agence va veiller au “développement pacifique” et à l’ “utilisation responsable” de l’espace. Elle se chargera aussi “d’assurer la sécurité” des missions dans cette zone reculée. “Sur Terre ou à des centaines de milliers de kilomètres de là, l’USSF apportera la technologie nécessaire pour explorer l’espace en toute sécurité, garder un œil sur nos adversaires, et apporter des systèmes de défense nationale critiques à la Lune et au-delà”, explique la vidéo.

Assurer le “développement paisible” de l’espace

Une formulation qui a de quoi faire froncer quelques sourcils. Car à chaque fois qu’une grande nation parle de “veiller au développement paisible” ou “d’assurer la sécurité” d’une zone hors de son territoire national, c’est souvent qu’elle s’y intéresse de très près… et surtout qu’elle compte bien jouer des coudes pour s’assurer d’avoir voix au chapitre.

Rappelons que l’espace est une zone légalement neutre; ces déclarations sont donc tout sauf anodines. On pourrait même les qualifier de particulièrement entreprenantes. Concrètement, les États-Unis se posent de facto en futur gendarme de l’espace; ils annoncent non seulement qu’ils comptent bien occuper et contrôler une partie de la Lune et de la zone qui nous en sépare, mais également qu’ils espèrent y faire valoir leur vision des choses.

Avec CHPS, il est donc très probable que les États-Unis souhaitent garder un œil sur l’activité spatiale et surtout lunaire des autres nations. En plus de son rôle logistique, le satellite pourrait par exemple servir à suivre le développement de ses alliés, mais aussi et surtout des pays avec lesquels l’Oncle Sam entretient des relations compliquées, notamment la Chine et la Russie.

Il sera donc très intéressant de suivre le développement de ce programme, mais aussi et surtout d’observer la façon dont les relations internationales vont s’articuler autour du contrôle de l’espace et de la Lune au cours des années à venir.

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3 commentaires
  1. “… d’ici quelques décennies, il pourrait s’agir de l’un des secteurs les plus florissants au monde.” 🤣🤣🤣🤣🤣.
    Aucune chance, il ya Mille fois plus de ressources et d’argent à faire rien qu’en Antarctique, sans parler ce ce qui se trouve sous les océans, qui reste relativement cher a explorer mais infiniment moins coûteux/dangereux/hasardeux a exploiter que ce que pourrait offrir la lune…

  2. Mais de quoi tu parle lol un peu hs l’article parle pas une seule foi d’exploiter les ressource de la lune mdr c du militaire et tourisme et tout sa

  3. Ah ! L’USSF veut “veiller au développement paisible…” hummm. Face à la Russie et surtout la Chine !
    Chine qui a déjà 10 ans d avances dans ces projets qui plus est, avance aux pas de charges ! Ou plutôt aux “pas de Tirs” ! Alors pas de temps à perdre ! Pour l Europe il faut déjà gérer notre espace le plus proche !
    Il va y avoir du monde autour de la Lune d ici peut ! Attention les “bousculades” !

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