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Frayeur en orbite : le miroir du JSWT percuté par une micrométéorite

Plus de peur que de mal, heureusement; le télescope reste entièrement fonctionnel malgré un “effet détectable au niveau des données”.

[Article mis à jour le 23/09/2022 à 21h15]

Le James Webb Space Telescope, nouveau fer de lance de l’astronomie mondiale qui doit dévoiler ses premières images scientifiques le 12 juillet prochain, vient de donner du souci aux équipes de la NASA. L’agence a avoué que l’engin avait été percuté par une “micrométéorite plus grosse que prévu” sur l’un des 18 segments hexagonaux du miroir principal.

Ces objets sont des minuscules morceaux de roche souvent plus petits que des grains de sable qui parcourent donc le cosmos à très grande vitesse. Malgré leur taille, ils peuvent donc provoquer des dégâts considérables lors d’une collision. Le JWST est conçu pour absorber ce genre d’impacts; ils sont de toute façon inévitables sur le long terme.

Nous savons que le Webb devrait composer avec les aléas de l’environnement spatial, qui comprend des rayonnements UV violents, des particules chargées du soleil, des rayonnements cosmiques provenant de sources exotiques dans la galaxie… et des impacts occasionnels de micrométéorites“, explique Paul Geithner, l’un des responsables du JWST à la NASA.

Puisque les miroirs du Webb sont exposés à l’espace, les chercheurs s’attendent à ce que ces impacts occasionnels de micrométéorites dégradent progressivement les miroirs du télescope au fil du temps. C’est d’ailleurs l’un des principaux facteurs qui vont limiter sa durée de vie, qui est aujourd’hui estimée à dix ans.

Un assortiment de micrométéorites fondues, puis solidifiées sous forme de sphérules. © Shaw Street – Wikimedia Commons

Plus de peur que de mal et pas de séquelles à long terme

D’après le communiqué de la NASA, le télescope a déjà encaissé quatre de ces impacts depuis le début de la procédure de déploiement. Mais le dernier en date était significativement plus puissant que les autres. L’agence n’a pas précisé sa taille exacte, mais elle a admis que l’impact, survenu à la fin du mois de mai, a provoqué un “effet détectable dans les données”.

Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. L’impact était certes plus violent que prévu, mais pas suffisamment pour mettre l’engin en péril. La NASA s’est empressée de rassurer son public en expliquant que le l’effet constaté restait “marginal”. “Les performances de Webb sont toujours bien au-delà de nos attentes, et l’observatoire est encore capable de produire toute la science pour laquelle il a été conçu”, explique l’institution.

james-webb-space-telescope
© NASA

La suite des opérations de cette merveille technologique à 10 milliards de dollars n’est donc pas hypothéquée par cet incident. Mais la NASA devra tout de même tenir compte de cet événement. En effet, l’impact a généré une légère distorsion au niveau du miroir touché. Une imperfection synonyme de perte de précision.

Et contrairement à Hubble, le JWST n’a pas du tout été conçu pour être réparable en cas de pépin physique. Mais tant que la déformation reste légère, il est assez facile pour les astronomes de la corriger en ajustant la position du miroir, puis éventuellement en procédant à une étape de post-traitement informatique.

Le James Webb pourra-t-il éviter un accident ?

Cela repose donc la question de la longévité du télescope. En effet, autour du point de Lagrange L2, le Webb est privé de la magnétosphère protectrice de la Terre; il est donc d’autant plus susceptible d’être touché. Évidemment, les astronomes ont fait leur travail de recherche en amont; ils ont ont scruté l’endroit pendant de longues années, jusqu’à ce qu’ils estiment avoir une bonne idée de la population de micrométéorites locale. C’est sur la base de ces informations qu’ils ont pris leur décision. La durée de vie estimée de l’observatoire tient compte de ce facteur.

En revanche, il ne s’agit que d’une estimation; il est impossible de surveiller activement la moindre particule de roche qui passerait à proximité du point L2. Les ingénieurs savent donc pertinemment que l’engin sera victime de plusieurs impacts de ce genre lors de sa carrière.

Au bout du compte, le télescope a tout de même eu de la chance qu’aucun système critique ne soit touché, et la NASA en est bien consciente. Il faut donc toucher du bois pour que les micrométéorites de ce genre ne reviennent pas déranger le JWST trop souvent. C’est une situation inconfortable, car ces objets sont à la fois dangereux et trop petits pour être détectés correctement lorsqu’ils voyagent seuls.

La NASA peut éventuellement manœuvrer pour faire pivoter l’engin et le protéger contre certains phénomènes, comme une pluie d’astéroïdes; mais dans le cas de petits objets isolés comme celui-ci, il s’agit malheureusement d’un événement “inévitable qui relève du hasard“.

La première image scientifique arrive bientôt

Tout est donc bien qui finit bien; en définitive, le JSWT n’a pas été fauché à l’aube de son illustre carrière, et à moins d’un terrible accident, il reste fin prêt pour son inauguration officielle. Après des décennies de conception, des milliards de dollars engloutis, des mois de déploiement et de calibration minutieuse, la NASA va enfin dévoiler sa toute première image réalisée dans le cadre d’une étude scientifique; nous vous donnons donc rendez-vous le 12 juillet prochain pour fêter officielle l’entrée dans une nouvelle ère de l’astronomie.

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2 commentaires
  1. > L’agence a avoué que l’engin avait été percuté

    “Avoué” ? Rien que ça ?
    Le verbe “annoncer” aurait été tellement mieux adapté…

  2. Le télescope étant positionné a proximité du point de Lagrange, il faut s’attendre à ce qu’un tas de petits ou gros cailloux se trouvent concentrés dans les environs, heureusement, l’espace est… spacieux 😉

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