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Artemis 1 : le SLS valide un test fondamental pour le retour sur la Lune

Malgré une fuite qui a fait craindre un nouvel échec, le retour de l’Homme sur la Lune commence à se préciser.

Mieux vaut tard que jamais ! Lundi 20 juin, le Space Launch System (SLS) de la NASA, l’immense lanceur sur lequel reposera la prochaine mission lunaire Artemis I, a enfin passé avec succès son wet dress rehearsal (WDR). Il s’agit d’un test déterminant pour la suite des opérations, et les ingénieurs peuvent enfin dormir sur leurs deux oreilles après plusieurs échecs consécutifs.

Il s’agit d’une séquence de test et d’entraînement pour les ingénieurs et les équipes au sol. L’objectif est de s’approcher autant que possible des conditions réelles du lancement. Ou, plus précisément, de la séquence d’événements qui permettra d’y aboutir.

L’étape la plus importante du WDR consiste à tester le remplissage des réservoirs. Cela implique de charger 2,6 millions de litres d’hydrogène et d’oxygène liquides à très basse température. Ces deux éléments seront vaporisés puis combinés au moment du lancement et pendant toute l’ascension afin de propulser l’engin. C’est de la présence de ces fluides que vient le terme wet (“mouillé” en anglais) dans le nom.

Le wet dress rehearsal enfin validé après trois échecs

La NASA avait procédé à une première tentative le 1er avril (voir notre article). Mais l’agence n’est pas parvenue à pressuriser correctement un connecteur censé faire le lien avec le réservoir. Les équipes n’ont donc pas pu procéder au remplissage des réservoirs, ni aller jusqu’au fameux compte à rebours fictif qui aurait conclu le test.

Cet engin à plusieurs milliards et ses créateurs ont donc dû prendre leur mal en patience. Un retard qui n’était pas particulièrement surprenant; puisque les WDR se déroulent rarement comme prévu du premier coup. Mais voilà; depuis, la mégafusée polémique de la NASA a continué de faire des caprices.

Les techniciens ont connu deux échecs supplémentaires début avril avant de décider de rapatrier le SLS vers l’atelier pour procéder à des examens plus poussés. Depuis deux mois, la NASA s’affairait donc à résoudre tous les problèmes rencontrés lors de ces trois tentatives.

Ils ont ainsi réparé plusieurs éléments critiques, dont la valve responsable du premier échec. Ils ont aussi dû mettre à jour une part significative du versant logiciel. Et bien leur en a pris, puisque l’engin est revenu en bien meilleur état. “C’était absolument la meilleure chose à faire pour résoudre les problèmes que nous avions rencontrés sur le pas de tir”, affirme la NASA par l’intermédiaire de l’administrateur Jim Free.

La capsule Orion juchée sur le SLS, lui-même perché sur l’immense plateforme de transit. L’ensemble est si énorme qu’il est difficile de le photographier entièrement sans rencontrer des problèmes de perspective, comme on le constate dans les coins ! © NASA, Aubrey Gemignani

Le SLS a (presque) son ticket pour la Lune

Mais même avec toutes ces précautions, cette 4e tentative de WDR a bien failli tourner court suite à … une nouvelle fuite d’hydrogène. Heureusement, cette fois, il ne s’agissait pas d’un élément endommagé. L’incident était simplement dû à une connexion mal verrouillée à l’endroit où les deux étages de la fusée doivent se séparer. La fuite a été rapidement maîtrisée et la connexion rétablie.

Après cet incident, le test a enfin pu être mené jusqu’à son terme; le lancement a donc été simulé avec succès dans son intégralité – c’est-à-dire jusqu’à ce que le compte à rebours atteigne T-30 secondes. C’est enfin une première victoire d’envergure pour la mégafusée polémique, minée par les retards, les explosions de budget et longtemps embourbée dans une collaboration difficile avec Boeing (voir notre article).

“C’est un grand jour pour notre équipe”, explique Charlie Blackwell-Thompson, directeur du lancement du programme. Et l’expression est bien méritée. Après avoir repoussé une dernière fois le lancement qui était prévu en Juin depuis l’échec d’avril, la NASA a réaffirmé à plusieurs reprises son ambition de lancer la mission Artemis 1 en août 2022.

© Boeing

Un lancement prévu à l’automne

Et cette fenêtre de lancement semble désormais très proche. La NASA va désormais analyser scrupuleusement les données collectées lors du WDR, et si tout est conforme à ses attentes, elle pourra alors verrouiller officiellement une date de lancement.

La prochaine fenêtre surviendra le 23 août prochain. En revanche, sur le calendrier de la NASA, elle est désignée comme une fenêtre de mission “courte”. Elle ne sera donc probablement pas compatible avec la mission. Pour disposer d’une telle fenêtre, il faudra patienter jusqu’au 29 août, ou sinon jusqu’au 2 septembre.

A cette date, le SLS décollera donc pour la fameuse mission Artemis 1. Cette aventure inaugurale consistera à emporter une capsule Orion en orbite autour de la Lune pour tester l’intégralité des équipements en conditions réelles. Elle pourra ainsi poser les bases de la mission Artemis 2. Celle-ci ramènera des astronautes en orbite lunaire. Nous arriverons alors à Artemis 3, prévue autour de 2026; c’est lors de cette dernière mission du programme Artemis que les astronautes se poseront sur notre satellite pour la première fois depuis Apollo 17 en 1972.

Le retour sur la Lune se précise, mais l’avenir du SLS reste incertain

Un rendu du camp de base Artemis tel qu’imaginé par la NASA. © NASA

Le projet SLS aura été un long chemin de croix, mais il va enfin pouvoir essayer justifier les milliards de dollars engloutis par le développement. Et cette étape s’annonce encore plus compliquée que le wet dress rehearsal.

Pour rappel, le SLS fait beaucoup jaser pour les mêmes raisons que notre Ariane 6 européenne; c’est un véhicule qui n’a pas encore décollé une seule fois, mais qui est déjà à la traîne sur le plan technologique, ce qui a poussé de nombreux observateurs à le qualifier de “mort-né” (voir notre article).

En effet, le SLS est un lanceur à usage unique; le plus gros de la structure reviendra s’écraser au beau milieu de l’océan… une philosophie qui fait froncer de nombreux sourcils à une époque où les lanceurs réutilisables de SpaceX ont entièrement redéfini cette industrie au point de changer la feuille de route de tous les grands acteurs du secteur.

Il y a donc de quoi être sceptique quant à l’avenir du SLS, d’autant plus que le programme actuel de la NASA envisage d’exploiter ce lanceur déjà rétrograde avant même son inauguration jusqu’en… 2030.

Mais quoi qu’il en soit, le passage du wet dress rehearsal reste une étape enthousiasmante pour tous les amoureux de l’espace; le retour sur la Lune se rapproche désormais de jour en jour, et avec un peu de chance, cette perspective suscitera un grand frisson collectif qui fera oublier les galères du SLS pendant quelque temps . Nous vous donnons donc rendez-vous à l’automne pour cette mission à ne rater sous aucun prétexte.

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