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NASA : Capstone à nouveau dans la tourmente sur la route de la Lune

Décidément, le sort s’acharne contre le programme Artemis.

Décidément, le programme Artemis n’en finit plus d’enchaîner les déconvenues. En plus des déboires du SLS qui reste cloué au sol suite à des problèmes techniques (voir notre article), c’est désormais la petite sonde Capstone qui a rencontré de nouveaux soucis.

Capstone, c’est un petit engin qui a hérité d’un rôle central dans le programme Artemis ; il servira d’éclaireur afin d’ouvrir la voie à l’installation du Lunar Gateway (voir notre article). Cette station spatiale servira d’avant-poste lunaire, avec l’objectif de faciliter la logistique des missions interplanétaires. Pour cette raison, le Gateway sera notamment une pièce très importante des missions Artemis qui doivent ramener l’humain sur la Lune autour de 2025.

Mais pour cela, il faudra déjà que Capstone arrive à destination. Et s’il n’y a pas encore de raison de céder au catastrophisme, il faut tout de même admettre que la sonde ne s’est pas montrée très rassurante depuis son départ, le 28 juin dernier. Dans un communiqué daté du 12 septembre, l’agence a indiqué que la sonde avait à nouveau dysfonctionné le 8 septembre dernier.

Capstone fait des cabrioles, et c’est une mauvaise nouvelle

Elle a été victime d’un glitch informatique; une valve d’un de ses huit propulseurs est restée coincée en position ouverte, ce qui a eu pour effet de faire tourbillonner l’engin hors de tout contrôle. Habituellement, pour corriger cette situation, les véhicules spatiaux s’appuient sur un dispositif appelé roue de réaction.

C’est un élément indispensable de tout véhicule spatial. Elle est constituée de plusieurs roues qui tournent chacune autour d’un axe précis à grande vitesse (on parle de volants d’inertie). Son objectif est de permettre à l’engin de s’orienter dans l’espace en faisant varier la vitesse de rotation des différentes roues (voir le principe de conservation du moment angulaire).

Le problème, c’est que l’influence de cette roue est limitée; lorsque l’engin tourne à cette vitesse, elle est incapable de stabiliser l’engin rapidement. Une situation très problématique, car le fait de pouvoir contrôler l’orientation de la sonde est indispensable à sa survie, comme l’explique la NASA dans son communiqué.

« Le véhicule a tenté de communiquer pendant environ 24 heures avant que la moindre donnée ait été récupérée. A ce stade, le véhicule n’était pas dans une configuration stable, il perdait de la charge électrique, et le système se réinitialisait périodiquement », explique l’agence.

Des problèmes d’orientation, d’énergie et de température

Un diagnostic très inquiétant. En effet, une fois hors de contrôle, la sonde peut dévier de sa trajectoire, ce qui réduit la durée de vie de la mission. Mais il y a encore plus grave ; cela signifie aussi que Capstone ne peut pas orienter ses panneaux photovoltaïques de façon à collecter assez d’énergie solaire.

Dans cette situation, ses réserves d’énergie s’amenuisent petit à petit, ce qui est particulièrement inquiétant. La NASA serait en effet incapable de redémarrer Capstone si cette dernière tombait en panne sèche. Une perte qui aurait des conséquences très importantes sur la suite du programme Artemis.

Toutes les équipes en charge de la sonde ont donc travaillé d’arrache-pied pour résoudre cette situation. Heureusement, ils ont réussi à régler une partie de ces problèmes à temps. Le communiqué indique que l’agence a réussi à reprendre le contrôle sur la partie logicielle.

La NASA pare au plus pressé

Cela a permis aux ingénieurs de mettre fin aux réinitialisations intempestives. Ils ont donc pu reconfigurer l’engin pour limiter les déperditions d’énergie. La sonde s’est remise à produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme ; il n’y a donc plus de risque imminent de perdre définitivement Capstone.

Les symptômes les plus dangereux désormais gérés, la NASA va devoir aborder d’autres soucis moins urgents mais tout aussi significatifs. La température de certains instruments, par exemple, commence à augmenter de façon inquiétante. Ce n’est pas indiqué explicitement dans le communiqué, mais ce début de surchauffe est peut-être lié au fait que la NASA a dû désactiver certains radiateurs pour préserver de l’énergie.

Quoi qu’il en soit, il faudra impérativement « améliorer la situation thermique » dans les plus brefs délais, dixit la NASA. Dans le cas contraire, toutes les mesures ô combien importantes que la sonde doit réaliser pourraient être sujettes à caution, ce qui serait là encore problématique pour la suite du programme.

De plus, l’engin tourne toujours sur lui-même de façon complètement anarchique. Cela l’empêche de recharger ses batteries correctement et de corriger sa trajectoire. Il faudra donc stabiliser Capstone une bonne fois pour toutes pour qu’elle puisse poursuivre sa mission.

La NASA pourra alors passer à la phase du diagnostic pour déterminer précisément l’origine du dysfonctionnement. Autant dire que l’agence va avoir du pain sur la planche ces prochains jours. Mais le jeu en vaut la chandelle, connaissant l’importance de cette minuscule sonde pour la suite des événements.

Un deuxième dysfonctionnement important en deux mois

Ce n’est pas la première fois que Capstone donne des sueurs froides à ses concepteurs. Le 4 juillet, elle a fait une première grosse frayeur à ses opérateurs lorsqu’elle a entièrement cessé de répondre aux sollicitations des équipes au sol. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. La NASA a fini par déterminer l’origine du problème, à savoir une commande mal formatée qui avait rendu la radio catatonique.

Une situation délicate, car si elle avait perduré, l’agence aurait dû repousser cette manœuvre à plus tard. La déviation aurait alors été plus importante, ce qui aurait forcé la sonde à dépenser davantage de carburant pour corriger sa trajectoire d’approche, réduisant ainsi son espérance de vie.

Heureusement, la NASA a réussi à rétablir le contact deux jours plus tard, le 6 juillet — juste à temps pour réaliser une manœuvre de correction de sa trajectoire (voir notre article).

Il ne reste qu’à espérer que le programme Artemis finisse mieux qu’il a commencé, entre les galères de Capstone et celles du SLS dont le grand départ ne cesse d’être repoussé (voir notre article).

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