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SpaceX : le Starship approche, et la concurrence se « fait dessus »

Un lobbyiste interviewé par Politico affirme que l’arrivée prochaine du Starship, futur fer de lance de SpaceX, suscite un mélange d’admiration et d’horreur chez ses concurrents démunis.

Depuis que la conception du fameux Starship a commencé, le futur fer de lance de SpaceX est régulièrement présenté comme la prochaine grande révolution de l’aérospatiale. Et même si Musk a l’habitude d’exagérer, il faut bien admettre que ce véhicule affiche un potentiel absolument incroyable.

Comme souvent dans ce domaine, ce baptême très attendu a déjà été reporté à plusieurs reprises. C’est d’autant plus compréhensible que les défis techniques sont énormes. Pour rappel, le Starship a vocation à devenir le véhicule spatial le plus polyvalent, mais aussi le plus puissant au monde. Et surtout, il est conçu pour être entièrement réutilisable.

SpaceX, un titan en pleine bourre

Ce dernier point, en particulier, suffit déjà à en faire un appareil hors norme. D’ailleurs, c’est déjà grâce à cette philosophie que les lanceurs Falcon 9 de SpaceX ont complètement transformé l’aérospatiale. Cette approche permet de réaliser des économies substantielles dans un domaine où tout coûte extrêmement cher, et cela représente un avantage compétitif énorme ; ce n’est pas un hasard si la firme domine outrageusement ce secteur depuis quelques années déjà.

SpaceX honore régulièrement des contrats avec la NASA et des entreprises privées. La firme affiche des états de service impressionnants, avec des tas de voyages vers l’ISS et un grand nombre de mises en orbite à son actif. Elle a également hérité de missions très prestigieuses, notamment pour le compte du Pentagone. Les troupes de Musk ont aussi remporté l’appel d’offres pour la conception du HLS, le véhicule qui ramènera des humains sur la Lune lors de la mission Artemis III (voir notre article).

Or, cet écart va vraisemblablement se creuser encore davantage avec la mise en service du Starship. Et à mesure que le vol inaugural s’approche, un vent de panique commence à souffler sur le reste de l’industrie.

C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête de Politico. Le média américain a interviewé un lobbyiste américain qui travaille pour la concurrence, et qui a longtemps fait partie des détracteurs de SpaceX. Mais ces derniers mois, il a fini par se rendre à l’évidence ; il n’y est pas allé de main morte au moment d’aborder la situation de ses clients.

La concurrence fait grise mine

« They are shitting the bed », a-t-il affirmé. En fonction du contexte (et en version plus polie), cette formule fleurie peut vouloir dire « Ils sont en train de se faire dessus » ou « Ils sont en train d’aller droit dans le mur ». Mais dans les deux cas, l’interprétation est la même : il règne une fébrilité palpable chez les concurrents de SpaceX, qu’ils soient privés ou institutionnels.

Cela concerne notamment la NASA et ses partenaires industriels historiques, comme Boeing, Lockheed Martin et Northrop Grumman. Ensemble, ils ont développé le Space Launch System (SLS), un énorme lanceur qui est aujourd’hui la clé de voûte du programme Artemis. C’est cet engin qui a emporté la capsule Orion dans l’espace le 16 novembre dernier (voir notre article).

Le Starship est tourné vers l’avenir, mais ce n’est pas le cas du SLS, le dernier mastodonte de la NASA. © NASA/Joel Kowsky

Mais les l’avenir de cet engin s’annonce tout sauf radieux. En plus de son coût hallucinant (plusieurs dizaines de milliards pour le développement, et plus de 2 milliards par lancement), il a le gros défaut de ne pas être réutilisable. Des contraintes importantes qui en font un candidat tout sauf idéal pour les prochains grands rendez-vous. En particulier pour les efforts de colonisation qui nécessiteront de très nombreux lancements.

De plus, la chaîne logistique de SpaceX lui permettra de lancer ses engins assez régulièrement. Le SLS, de son côté, volera beaucoup moins souvent. Son second vol, prévu pour la mission Artemis II, n’arrivera vraisemblablement pas avant 2024.

Il pourrait donc plus ou moins tomber aux oubliettes avec l’arrivée du Starship. « Si le SLS ne peut pas voler plus d’une fois toutes les quelques années, ça ne sera pas un concurrent significatif à l’avenir, en particulier quand le Starship volera », insiste le lobbyiste.

Un changement de paradigme lourd de conséquences

Rand Simberg, un ingénieur et consultant qui connaît très bien les coulisses de cette industrie, est même encore plus sévère. « Une fois que la fiabilité du nouveau système sera démontrée avec un grand nombre de vols, ce qui pourrait arriver d’ici quelques mois, ça rendra immédiatement tous les autres lanceurs obsolètes », martèle-t-il.

Ce qui est désormais évident, c’est que personne ne pourra proposer un véhicule plus performant avant l’entrée en scène du Starship. Les concurrents n’ont donc plus d’autre choix que de ronger leur frein dans ce que Politico décrit comme un « mélange d’admiration et d’horreur ».

© SpaceX

Le mois dernier, Musk avait suggéré que le Starship pourrait avoir droit à son baptême de l’orbite au cours du mois de décembre. Une fois cette étape franchie, il faudra encore répéter l’expérience à plusieurs reprises pour prouver la fiabilité de l’engin, ce qui prendra quelques mois au strict minimum.

Mais à ce stade, l’industrie verra débarquer un mastodonte sans équivalent, et nous assisterons probablement à une transformation profonde de l’aérospatiale mondiale. En effet, il ne s’agit pas que de l’Amérique du Nord ; les performances du Starship et son coût seront probablement si intéressants que d’autres agences pourraient céder à ses sirènes, au grand dam de la concurrence. On pense notamment à l’ESA, qui s’est trompée dans les grandes largeurs en développant son prochain lanceur Ariane 6 (voir notre article).

Autant dire que la chute promet d’être particulièrement rude pour les géants historiques qui se reposent sur leurs lauriers depuis quelque temps déjà. Il ne reste plus qu’à préparer le pop-corn !

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8 commentaires
  1. J’ai lu les mêmes commentaires dans les années 70 avant la mise en service de la navette spatiale. Elle devait révolutionner le spatial, et à des coûts défiant toute concurrence. Jamais Ariane ne pourrait lancer ses fusées, tellement l’écart de prix serait immense. On a vu ce que ça a donné.

  2. La société Space X et par la Elon Musk préparent le fondement de ce qui permettra à l’espèce humaine, l’humanité de s’affranchir des ressources terrestres en allant chercher de l’eau et donc de l’hydrogène et oxygène ailleurs, des ressources métalliques…
    En ces temps de Musk bashing un peu de clairvoyance ‘e fait pas de mal.

  3. Pourquoi la Nasa aurait peur de Spacex? C’est elle qui a grassement financé spaceX et qui doit continuer à le faire au travers de lancements institutionnels réputés surfacturés.
    Le ton de l’article fait vraiment très cour d’école ,et fait pas mal d’hypothèses sur un truc ( au demeurant impressionnant), mais qui n’a jamais volé
    “suscite un mélange d’admiration et d’horreur”
    “il faut bien admettre que ce véhicule affiche un potentiel absolument incroyable”
    “un vent de panique commence à souffler sur le reste de l’industrie”
    “Ils sont en train de se faire dessus la chute promet d’être particulièrement rude pour les géants historiques”
    “Il ne reste plus qu’à préparer le pop-corn !”

  4. Article complètement subjectif. Quelques éléments pour objectiver:
    – le système de fusée réutilisable à été le fait d’arme de Space X au prix de nombreuses gamelles (voir sur YouTube les essais)
    – les constructeurs historiques sont déjà à la manœuvre pour ne pas laisser Space X tout seul sur ce marché
    – quand on voit le taux d’échec des satellites Starlink (panne au déploiement, panne tout court,…) il faut relativiser un minimum le savoir faire de Musk sur le spatial
    – le seul intérêt de cette navette est à but commercial avec des vols hors de prix pour quelques milliardaires (+ si affinité avec l’ISS). Cramer des tonnes d’oxygène pour ça et rejeter des saloperies dans l’atmosphère pour ça. WTF

    Bref, prenez du recul et respirez un bon coup. Ça vous permettra d’arrêter les articles de fanboy.

  5. Les moteurs “Raptor 2″(méthane) ne seraient non plus d’une fiabilité suffisante{Après les dommages (des ‘static fires’ déjà) constatés} .

  6. L’article n’est pas du tout mais alors pas du tout de parti pris, intelligemment argumenté et superbement soutenu par une enquete de fond.
    D’ailleurs tous les autres journalistes se font dessus après l’avoir lu, c’est bien une preuve irréfutable !

  7. Moi, je n’y connais rien ! Mais je pense que les navettes étaient un bon début et ça avait l’air très avancé pour l’époque !!!! ( Années 80) ! Pourquoi ces retours en arrière , et tout d’un coup , ces relances de projet , grâce à ce milliardaire ? L’argent ne fais pas le bonheur … Mais ça aide à les financer .

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