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Artemis : le SLS a décollé, la grande reconquête de la Lune a commencé !

Un succès retentissant, mais la grande aventure du programme Artemis ne fait que commencer.

Tout vient à point à qui sait attendre, dit l’adage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les amoureux de l’espace ont dû prendre leur mal en patience ces derniers temps, à cause des déboires à répétition du lanceur lourd SLS (voir notre article). Mais il ne s’agit désormais plus que d’un mauvais souvenir : la fusée s’est enfin élancée vers la Lune, donnant ainsi le coup d’envoi de la première mission du grand programme Artemis.

Un programme aussi ambitieux que chaotique

La tension était palpable sur le pas de tir du Kennedy Space Center, la légendaire base de lancement localisée en Floride. C’est là que ce colosse de métal de plus de 2600 tonnes (une fois rempli) pour environ 100 mètres de haut attendait patiemment son heure, dorloté par une armada d’ingénieurs et de techniciens aux petits soins.

À deux heures du lancement rien n’était encore joué et la “red team”, une équipe d’ingénieurs d’élite, est venue observer la fusée au plus près pour s’assurer qu’aucune fuite d’hydrogène n’était en cours. Finalement la fusée a pu décoller comme prévu autour de 7 heures du matin, heure française.

Ces dernières années, l’engin a connu un parcours pour le moins compliqué. Le développement a été officialisé en 2011 pour des raisons avant tout politiques, et la construction en elle-même a débuté en 2013. À cette époque, l’objectif était de l’expédier vers notre Lune à l’horizon 2017. Mais ce projet est tombé à l’eau dès 2014, car les fondations du Vertical Assembly Center, l’immense hangar qui a servi à assembler l’engin, ont bougé en cours de route.

© NASA

Au fil des mois puis des années, le calendrier a encore continué de glisser suite à de nombreux problèmes techniques, remaniements logistiques et pépins administratifs. Aujourd’hui, le coût de développement total dépasse allègrement les 20 milliards de dollars, ce qui a valu de nombreuses critiques aux instigateurs du projet.

Mais désormais, l’engin va enfin pouvoir montrer ce qu’il a dans le ventre. Pour tenter de justifier son coût astronomique, il va déjà falloir que le reste de la mission se passe comme prévu.

Comment va se dérouler la mission ?

Deux heures après le lancement, le dernier étage, s’est désolidarisé du lanceur pour mettre sa précieuse cargaison sur la trajectoire de la Lune. En l’occurrence, il s’agit de la capsule Orion accompagnée d’une dizaine de petits satellites de classe CubeSat.

À partir du 6e jour (soit autour du 22 novembre), tout ce beau monde commencera sa phase d’approche de la Lune ; on parle d’injection translunaire. Cette étape commencera par un survol de notre satellite à relativement basse altitude (un peu plus de 100 km de la surface). Cette manœuvre d’assistance gravitationnelle permettra d’exploiter la gravité de la Lune pour propulser le véhicule vers son orbite de destination, bien plus éloignée.

Le plan de vol d’Artemis I. Les délais présentés sur ce schéma ont été ajustés depuis. © NASA / Kathryn Hambleton

Trois jours plus tard, le 25 novembre, l’engin finira son insertion dans une orbite dite rétrograde. Cela signifie que la capsule tournera dans le sens inverse de la rotation de la Lune autour de la Terre.

Cette manœuvre durera 3 jours. Une fois cette étape franchie, l’escadron passera les 6 journées suivantes à tourner dans le sens inverse de la rotation de la Lune autour de la Terre. Et c’est à ce moment, tout au début du mois de décembre, que les choses sérieuses vont commencer.

Que va faire la capsule Orion près de la Lune ?

Artemis I est avant tout une mission préparatoire qui doit ouvrir la voie à Artemis II. Cette dernière, attendue en 2024, empruntera plus ou moins le même trajet — mais avec des astronautes à son bord. Car pour l’instant, ce sont encore des mannequins qui ont pris la place des humains dans le véhicule. Les équipes au sol de la NASA vont donc collecter une quantité de données immenses pour s’assurer que tout sera en ordre le moment venu.

L’escadron de CubeSats, quant à lui, sera justement chargé de moissonner ces fameuses données sur le déroulement de la mission. Mais ils mèneront aussi des travaux scientifiques complémentaires. On peut par exemple citer l’expérience BioSentinel qui emportera des micro-organismes vivants au voisinage de la Lune. L’objectif : étudier l’impact de ce milieu sur le matériel biologique pour ouvrir la voie aux prochaines étapes d’Artemis, dont l’objectif ultime est la reconquête de la Lune. La NASA conduira aussi de expériences de science des matériaux ou encore des test de communication, pour ne citer qu’eux.

Quand reviendra-t-elle sur Terre ?

Autour du 1er décembre, Orion mettra un gros coup d’accélérateur pour commencer à s’extraire de son orbite rétrograde ; cette manœuvre prendra environ cinq jours. Il reprendra ainsi le chemin de la Terre. Après une dernière phase d’approche de six jours, il devrait effectuer sa rentrée atmosphérique au bout de la 25e journée. Si tout se passe comme prévu, il se reposera dans l’Océan Pacifique le 11 décembre.

Un prototype de la capsule Orion lors de la phase de test, en 2018. © NASA

 

Et après ?

Une fois récupérée, la capsule sera soumise à une inspection poussée. Les informations que la NASA en tirera seront très importantes ; elles contribueront notamment à la sécurité des astronautes dès la prochaine mission.

Il ya cependant de quoi être optimiste ; car les multiples pépins du lanceur ont aussi permis à la NASA de dompter la bête. Les ingénieurs savent désormais à quoi s’attendre avec le SLS, et quels éléments surveiller pour préparer Artemis II et III plus sereinement.

Une vue d’artiste de l’Human Landing System (HLS), l’engin qui permettra aux astronautes de se poser sur la Lune à l’occasion d’Artemis III. © NASA

Mais il ne faut pas non plus compter sur l’agence pour se précipiter. Car même si Artemis I est une mission très importante, la suite du programme sera encore plus complexe d’un point de vue technique. La présence d’humains à bord forcera les ingénieurs à redoubler de vigilance. Car c’est une chose de perdre un lanceur hors de prix, c’en est une autre de risquer la vie d’humains en chair et en os, sans parler des familles et des proches qui comptent sur leur retour.

Mais pour en arriver là, il faudra déjà que la mission Artemis I revienne intacte. Il ne reste donc plus qu’à croiser les doigts et à souhaiter un excellent périple à Orion, en espérant que la suite du programme sera un peu moins éprouvante !

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