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En 2023, SpaceX va battre un record soviétique vieux de 40 ans

Le record de lancements en un an appartient toujours au légendaire lanceur R-7 soviétique… mais le Falcon 9 attend en embuscade.

Deux jours avant la date officielle du Nouvel An, le lanceur Falcon 9 a réalisé son dernier vol de l’année. Ce feu d’artifice prématuré a conduit à la mise en orbite d’EROS C3, un satellite israélien. Mais son importance est aussi symbolique ; il a permis à SpaceX d’égaler un record historique et très significatif pour l’avenir de la firme.

Pour commencer, le départ de ce poids plume d’à peine 400 kilogrammes représentait le 170e lancement consécutif réussi par SpaceX. Un chiffre ahurissant qui témoigne de la fiabilité exceptionnelle du Falcon 9. Le flagship de la firme continue de s’imposer comme une valeur sûre et d’enchaîner les tirs avec une régularité déconcertante — des performances excessivement rares dans cette branche ô combien hasardeuse de l’industrie.

C’était aussi le 160e lancement où la firme a réussi à récupérer ses boosters. Là encore, c’est tout simplement phénoménal. Rappelons qu’avant la preuve de concept historique de SpaceX, en 2015, cette technologie relevait encore de la science-fiction. Il s’agit aujourd’hui d’un standard incontournable ; cette approche est désormais considérée comme le futur de l’industrie spatiale, et toute la concurrence est en train d’ajuster ses plans pour emboîter le pas aux troupes de Musk.

La R-7 pas encore détrônée… pour le moment

Mais il reste un chiffre encore plus important. Car avec le lancement d’EROS C3, SpaceX a aussi signé son 61e lancement du Falcon 9 en l’espace d’un an. Elle a ainsi égalé un record qui remonte à plus de 40 ans.

A cette époque, c’était l’Union soviétique qui était la championne incontestée de cette catégorie. Sa fusée R-7 Semyorka, immédiatement reconnaissable à ses boosters pointus, a joué un rôle déterminant pendant la guerre froide ; avec 61 succès en 64 lancements, elle a permis au gouvernement Khrouchtchev d’expédier une foule de satellites en orbite pour contrer son ennemi américain.

© SpaceX

Depuis la chute de l’URSS et la fragmentation du bloc soviétique, la R7 restait tout simplement intouchable. Le Falcon 9 est le premier appareil à contester cette domination. Et ce n’est probablement qu’un début.

Car SpaceX ne se satisfait pas d’avoir égalé ce record, loin de là. Fidèle à sa réputation, Musk affiche ouvertement son ambition d’aller plus vite et de viser toujours plus haut. En septembre dernier, le milliardaire affirmait vouloir dépasser la barre des 100 lancements en 2023. De quoi laisser la R-7 dans le rétroviseur une bonne fois pour toutes.

Gare aux embouteillages sur le pas de tir

Comme toujours avec Musk, c’est un objectif excessivement ambitieux. Car même pour un titan industriel comme SpaceX, augmenter la cadence de plus de 50 % ne s’improvise pas ; c’est une transition qui va demander des efforts absolument colossaux.

En premier lieu, cela signifie qu’il va falloir augmenter le rythme de production des nouveaux lanceurs et des moteurs. Il faudra aussi accélérer leur remise en service après la récupération. Ces deux points demanderont déjà énormément de travail aux équipes d’ingénieurs. Et il ne s’agit que de la partie technique.

Les multiples pas de tir du Kennedy Space Center vont être mis à rude épreuve en 2023. © NASA/Frank Michaux

Il faudra aussi contourner des obstacles logistiques très importants. Cela commencera par la disponibilité des structures de lancement. Car c’est une chose de produire des fusées, encore faut-il avoir un endroit d’où les faire partir. Or, il n’y a pas énormément de pas de tir qui peuvent accueillir des lanceurs lourds de ce calibre. Pour atteindre son objectif de 100 tirs réussis en un an, SpaceX va donc devoir optimiser la gestion de ces installations afin de réduire autant que possible le délai entre deux lancements.

Cela concerne notamment le pas de tir LC-39A du Kennedy Space Center. A lui tout seul, il a servi à 18 des 61 lancements du Falcon 9 en 2022. Pour coller à la feuille de route de SpaceX, il devra pouvoir assumer 20, voire 25 ou même 30 lancements en 2023. Le constat est le même du côté des pas de tir LC-40 à Cap Canaveral (9 tirs en 2022), et SLC-4E sur la côte ouest des États-Unis (25 lancements par an).

SpaceX sur la voie royale

Connaissant le tempérament de fonceur de Musk, il mettra sans aucun doute les petits plats dans les grands pour atteindre cet objectif. La seule vraie inconnue concerne le déploiement du fameux Starship, ce nouveau véhicule révolutionnaire qui doit faire passer toute l’aérospatiale dans une nouvelle dimension. Son baptême de l’orbite est censé être imminent depuis plusieurs mois. Tout indique donc que son vol inaugural aura lieu courant 2023.

Dans un premier temps, il ne devrait pas prendre trop de place dans la logistique opérationnelle de SpaceX. Le Falcon 9 continuera d’être le principal argument de la firme à court terme ; qu’il dépasse les 100 lancements ou pas, il semble donc peu probable que la R-7 conserve son record à la fin de l’année. Décidément, 2023 s’annonce comme un très grand cru pour les amoureux de l’espace !

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Source : Twitter

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