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Elon Musk s’en prend à Microsoft et Bill Gates au sujet de l’IA

Le PDG de SpaceX et Tesla a aussi glissé une insulte à peine dissimulée à Bill Gates dans le dernier épisode de cette idylle entre techno-milliardaires.

Elon Musk n’a jamais été un grand fan de Bill Gates et de Microsoft. En parallèle, cela fait aussi plusieurs années qu’il partage volontiers ses craintes sur le potentiel destructeur de l’intelligence artificielle. On pouvait donc s’attendre à ce qu’il n’apprécie guère les initiatives du titan numérique dans ce domaine. Et cela s’est vérifié récemment ; sur Twitter, le milliardaire a frontalement attaqué l’entreprise. Il estime qu’elle a fait tout son possible pour poser une chape de plomb sur cette technologie, ouvrant la porte à un certain nombre de dérives contre lesquelles il met le public en garde depuis longtemps.

L’intervention de Musk concerne directement OpenAI, développeur de l’incontournable modèle GPT qui met toute la tech à feu et à sang depuis des mois. Pour rappel, le magnat entretient des rapports assez particuliers avec la firme. Il a joué un rôle considérable dans son développement en investissant 100 millions de dollars.

Le point important, c’est qu’il l’a fait à une époque où la firme était exclusivement une organisation à but non lucratif (OBNL). Mais depuis, la situation a largement évolué. Car comme souvent Microsoft a rapidement flairé le potentiel gigantesque d’OpenAI. Dès 2019, quatre ans après la création de l’entreprise, elle s’est donc empressée d’y investir un milliard de dollars.

Une photo du site web de ChatGPT
ChatGPT, le produit phare d’OpenAI, nous donne déjà un avant-goût de notre futur à l’ère de l’IA. © Jonathan Kemper – Unsplash

Et depuis, Microsoft continue de phagocyter OpenAI. Elle a encore rajouté 2 milliards supplémentaires en 2021, puis s’est engagée à verser 10 milliards de plus en janvier 2023. Une façon de réserver une place au soleil sur ce nouveau marché ultra-prometteur, autant en termes d’innovation pure que de potentiel commercial.

Dans la foulée, OpenAI a changé de modèle. Terminée, l’organisation à but non lucratif ; il s’agit désormais d’une entreprise dite à « capped profits ». Cela signifie qu’elle peut générer des bénéfices à hauteur de 100 fois les investissements collectés.

Le spectre d’un nouveau quasi-monopole

En s’adjugeant ainsi la part du lion, Microsoft n’a pas seulement contribué au développement de l’IA. Contrairement à Musk qui a simplement fourni des fonds sans contrepartie immédiate, la firme de Redmond est aussi devenue actionnaire majoritaire. Elle a ainsi obtenu un accès inédit à sa technologie, et en possède désormais la propriété intellectuelle.

Et le fait qu’une entreprise si puissante dispose d’un tel contrôle à ce niveau inquiète de nombreux observateurs, à commencer par Musk.

« Microsoft a gagné un accès exclusif à la base de code complète d’OpenAI », a-t-il indiqué sur Twitter. « ChatGPT est entièrement hébergé sous Microsoft Azure [la plateforme cloud de Microsoft, NDLR]. Au bout du compte, ils ont accès à tout, y compris les pondérations des modèles », précise-t-il.

Si cela inquiète tant le PDG de SpaceX et Tesla, c’est que le machine learning est parti pour jouer un rôle déterminant dans le futur de l’humanité. On peut donc considérer que la maîtrise de l’IA relève de l’intérêt public. Or, en faisant main basse sur le champion incontesté de ce domaine, l’entreprise privée qu’est Microsoft a potentiellement posé les bases d’une nouvelle situation de quasi-monopole. Même si nous en sommes encore loin, la crainte du camp de Musk, c’est que Microsoft essaie de verrouiller tout un pan de l’écosystème technologique comme elle l’a déjà fait avec Windows.

Des craintes sur la gestion des données

L’autre souci, c’est que l’IA repose entièrement sur la collecte et le traitement des données. Si elle devient aussi omniprésente que prévu dans les applications grand public et les moteurs de recherche, Microsoft (ou plus précisément, Azure) héritera donc d’un rôle de plaque tournante. Elle sera chargée de traiter et de sécuriser une quantité invraisemblable d’informations personnelles. 

Une prérogative qui était jusqu’à présent réservée à des entités comme Google ou les réseaux sociaux de Meta. Or, ces dernières années, nous avons vu émerger de plus en plus de scandales sur l’usage que les grandes corporations font de ces informations.

Évidemment, il ne s’agit pas d’accuser Microsoft de quoi que ce soit pour le moment. Mais cette situation nous rappelle qu’au-delà du monopole technologique, il faudra impérativement rester conscients de tout ce que cela implique pour la confidentialité de ces outils basés sur l’IA (voir Cambridge Analytica).

Et si Musk s’associait à Mozilla ?

On peut d’ailleurs dresser un parallèle entre les inquiétudes de Musk et le constat posé par Mozilla. Récemment, le groupe a annoncé la création d’une toute nouvelle startup dont la mission est de mettre en place un écosystème IA décentralisé, et par conséquent moins exposé à l’influence des géants du numérique.

Dans ce contexte, les tweets d’Elon Musk pourraient être une aubaine pour la fondation. Le milliardaire est suivi par un nombre invraisemblable d’internautes, et ces quelques messages pourraient attirer l’attention du grand public sur cette situation. Et, par extension, apporter de l’eau au moulin de Mozilla.

Mais le combat s’annonce rude. Microsoft va sans aucun doute déployer des efforts importants pour consolider sa position. Après tout, nous parlons d’une industrie qui pourrait peser plus de mille milliards de dollars d’ici dix ans. Et cela vaut aussi pour les autres géants du numérique. La plupart d’entre eux vont probablement prendre le train en marche à un moment donné.

Il conviendra donc d’observer attentivement ce bras de fer entre les titans du secteur et les défenseurs de l’open source qui souhaitent faire bénéficier le public de la puissance de l’IA sans intermédiaire. En tout cas, Musk semble avoir choisi son camp… surtout qu’il ne porte toujours pas Bill Gates dans son cœur, comme on le constate avec ce tweet où il accuse le fondateur de Microsoft de ne pas comprendre grand chose à cette technologie.

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5 commentaires
  1. Si je me souviens bien, Microsoft a investi 1 mia en 2019 (pas 10), puis s’est engagé l’année passée (ou début 2023) à verser 10 mia sur plusieurs années.

    1. Bonjour @ouille,
      Effectivement, vous avez vu juste; j’avais inversé les montants de l’investissement initial de 2019 et de la promesse de janvier 2023. Les chiffres ont été corrigés.
      Bien cordialement, et en vous remerciant de votre vigilance,

  2. Peut etre que la compréhension de Mr Gates est “limité” mais il a su voir à linstant T, l’énorme potentiel. Cet homme là a 50 ans d’avance voir d’avantage.

  3. Musk est un gamin jaloux dès qu’un autre réussi quelque chose. Il a (pour le moment) raté le boom de l’IA, il pourra se rattraper en investissant dans une autre boîte, car contrairement à ce qui est affirmé dans cet article, c’est loin d’être un sujet monopolistique. Les plus grosses compagnies de la tech de tous les grands (et moins grands) pays du monde y sont investies. La concurrence y ait formidable et contrairement à ce que la presse non spécialisée affirme, Open AI n’a PAS de technologie disruptive, incroyable, en avance ou révolutionnaire. C’est juste que les autres (Google, Amazon, Apple, Meta) avancent plus prudemment car ils sont beaucoup plus surveillés sur les questions d’éthique et de responsabilité sociétale. Ils ne prendront pas le risque d’être accusés d’avoir sorti une IA raciste, sexiste ou… mythomane comme peut l’être chat-GPT.

  4. Engineering, je suis d’accord sur le gamin elon musk et sur le fait qu’open ai a pas de tech révolutionnaire, par contre dire qu’ils sont pas en avance c’est factuellement faux, et penser que si amazon & co sont pas encore à ce niveau c’est “seulement parce qu’ils veulent être prudents”, alors qu’ils font sauter tous les gardes fous dès qu’ils peuvent se faire un peu de blé, c’est franchement naïf . et idem pour le côté monopole je trouve pas la phrase de l’article a laquelle vs faites fais réference, mais le risque c’est pas que l’ia EST deja monopolistique, c’est qu’elle PEUT le devenir avec des maneuvres comme celle de microsoft

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