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Frais de port sur les livres : Amazon dépose un recours

Amazon riposte contre l’arrivée des frais de port minimum sur la vente de livres.

Les frais de port vont bientôt être obligatoires sur la vente de livres par correspondance. Une décision actée depuis le 30 décembre 2021, avec la promulgation de la loi Darcos et la validation de la proposition de l’Arcep. Le suspens avait pris fin en décembre 2022, alors que le ministère de la Culture confirmait la mise en place d’un tarif maximal de 3€. Pour les vendeurs, il sera toutefois possible de contourner cette obligation à partir de 35€, montant à partir duquel les frais de port pourront passer à 1 centime d’euros. Les livraisons en librairie, en revanche, resteront gratuites.

Ce tarif légal sera bientôt obligatoire pour tous les vendeurs de livres neufs, sans dérogation possible par le truchement d’un programme de fidélité. Derrière cette décision, c’est évidemment Amazon qui est visé. Le géant du e-commerce doit en effet sa popularité à la vente de livres, développée au début des années 2000 grâce à des frais de port très bas, qui constituaient son argument de vente principal.

C’est donc pour restaurer une certaine équité entre le GAFAM et les librairies de quartier que le gouvernement a légiféré. Une décision qui sans surprise, ne plait pas à Amazon. Premier concerné par la mesure, le leader mondial de la vente par correspondance a déposé un recours pour “excès de pouvoir” devant le Conseil d’État, contestant au passage la légalité de l’Arrêté du 4 avril 2023 qui vise à imposer aux consommateurs des frais de port obligatoires pour l’achat de livres en ligne.

Amazon veut agir “dans l’intérêt du consommateur”

C’est promis, le recours déposé par Amazon vise d’abord à protéger les droits et le pouvoir d’achat des consommateurs. En appuyant son argumentaire par les “fortes réserves émises par la Commission européenne“, l’entreprise dénonce aujourd’hui “une dérogation non justifiée à la législation applicable, l’absence de démonstration de l’adéquation et de la proportionnalité de la mesure proposée, ainsi que le fait qu’aucune option alternative n’ait été évaluée“.

Pour Frédéric Duval, le directeur général d’Amazon France, les risques derrière les frais de port à 3€ sont multiples : “Cette mesure va pénaliser les lecteurs, les auteurs et la lecture en général et nous appelons à faire valoir le droit dans l’intérêt des consommateurs. Elle va porter un coup sévère au budget des Français et limiter leur accès aux livres à un moment où le pouvoir d’achat est une de leurs préoccupations premières“.

Deux offres complémentaires ?

Évidemment pour Amazon, pas question de détruire les petits commerces. “L’offre en ligne et celle des libraires sont en réalité complémentaires : près d’un livre sur deux vendu par Amazon est expédié vers des petites villes et campagnes, c’est-à-dire vers des territoires souvent dépourvus de librairies“. C’est avant tout pour pallier les zones blanches privées de réseaux de librairies que le géant du e-commerce officierait. Pour preuve, 20% des points de vente dédiés à la littérature en France se situeraient à Paris intramuros, tandis que 35 000 communes françaises seraient privées de librairie physique.

Selon Amazon, l’arrivée des frais de port obligatoires entraînerait une hausse de 40% du prix du livre au format poche, proposé en moyenne à 7,50€ (source IFOP). Face à cette inflation surprise, un quart des Français serait ainsi prêts à renoncer à une envie de lecture, tandis que les autres devront faire le choix de payer davantage, ou de se déplacer jusqu’à un point de vente dédié, mettant en péril le modèle économique d’Amazon. Un cercle vicieux qui conduirait à une baisse générale de la vente sur le marché, et à un manque de revenu pour les éditeurs et les auteurs.

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2 commentaires
  1. > C’est donc pour restaurer une certaine équité entre le GAFAM et les librairies de quartier

    Absolument contre-productif.
    Amazon continuera de vendre des livres, au pire il se feront une plus grosse marge grâce à cette loi.
    Et pour les “gros” lecteurs, Amazon vendra encore plus d’abonnement “Prime”.

    Si le gouvernement voulait vraiment restaurer une certaine équité, il ferait en sorte qu’Amazon paye ses impôts en France, plutôt que de suivre aveuglément les directives de l’UE qui rendent possible cette situation qu’ils sont si prompt à dénoncer (en oubliant que c’est eux qui ont voté pour).

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