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En pleine grève des scénaristes, des arbres élagués font polémique

Les scénaristes américains qui manifestent en ce moment accusent un studio de les avoir privés d’ombre pour les forcer à décamper.

Il n’y a pas que la France qui souffre d’une terrible vague de chaleur en ce moment. C’est aussi le cas aux États-Unis, et tout particulièrement à Los Angeles, qui est déjà connue pour ses températures très élevées en temps normal. Pourtant, les locaux ont remarqué que des tas d’arbres avaient été complètement ratiboisés dans une zone bien précise de la capitale culturelle de l’Ouest américain — une décision paradoxale, sachant que la végétation joue un rôle fondamental dans la régulation de la température en milieu urbain. Et selon plusieurs sources, l’explication se trouve vraisemblablement dans la grève des scénaristes qui frappe le cinéma américain en ce moment.

Depuis le début du mois de mai, les scénaristes affiliés à la Writers Guild of America ont pris la décision d’entrer en grève pour exiger une réévaluation de leur rémunération, qui a tendance à stagner alors que l’industrie du film américain génère des revenus toujours plus importants.

Ce mouvement social a déjà eu des conséquences extrêmement concrètes. De nombreux talk-shows sont annulés et des tournages commencent déjà à accumuler un retard considérable, comme nous l’expliquions dans notre article.

Résultat : Hollywood est paralysé, et la facture commence à être salée pour les studios qui refusent la moindre concession au moteur créatif de leur industrie. Dans ce contexte, l’élagage de très nombreux arbres devant les locaux d’Universal Studios, où les manifestants ont installé un piquet de grève, a généré une étrange controverse.

Des arbres très utiles aux manifestants

En effet, ces arbres jouent un rôle aussi important qu’inattendu dans le mouvement social : ils sont de précieux alliés pour manifestants. S’ils ont été capables de camper des journées entières devant le QG d’Universal, c’est en partie à cause de ces ficus qui leur offrent une protection salvatrice contre la canicule.

En plus de prodiguer de l’ombre, de nombreuses études ont déjà prouvé que la végétation fait baisser considérablement la température aux alentours. Cet effet est d’autant plus marqué dans les îlots de chaleur urbains comme Los Angeles. Sans eux, le risque d’insolation augmente donc considérablement. Et apparemment, cela a donné des idées à l’état-major d’Universal, qui y verrait une manière d’abréger les protestations.

Fâcheuse coïncidence ou choix délibéré ?

En effet, de nombreux observateurs affirment que l’élagage des arbres serait plus qu’une simple coïncidence. Ils y voient un acte délibéré des hautes sphères d’Hollywood, afin de forcer ce mouvement très médiatisé à remballer ses pancartes. Depuis que les arbres ont été mis à nu, les manifestants arguent que la chaleur devient quasiment intolérable devant le QG d’Universal.

« En coupant ces arbres, ils font la même chose qu’avec nos conditions de travail — ils essaient d’étouffer la situation, mais nous n’allons pas les laisser faire », a déclaré Dee Thompson, un acteur et producteur interrogé par le Los Angeles Times.

La polémique a enflé petit à petit ces derniers jours. Elle a fini par prendre une ampleur telle que le studio a été forcé de réagir. « L’élagage des ficus sur Barham Boulevard a généré des complications inattendues pour les manifestants », a reconnu un représentant de NBCUniversal dans les colonnes du Los Angeles Times. « Mais ce n’était pas notre intention », s’est-il défendu. « Nous continuons de communiquer ouvertement avec les responsables syndicaux sur le site pour avancer ensemble. »

Une enquête ouverte par la mairie

Cette réaction timide n’a pas franchement convaincu les grévistes, qui ont donc fait appel à la mairie. En effet, les arbres en question ne sont pas la propriété du studio. Ils appartiennent à la municipalité. Cet élagage improvisé constitue donc une infraction non négligeable, d’autant plus que la mairie n’a pas délivré d’autorisation pour cette opération. Résultat : Kenneth Mejia, un des responsables du bureau municipal qui gère les espaces publics à Los Angeles, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur cette affaire.

À l’heure actuelle, il est très difficile de déterminer ce que risque le studio. Ce qui est certain, en revanche, c’est que cela va encore compliquer la vie des manifestants. Récemment, la chaleur a par exemple forcé ceux qui campaient devant les locaux de Disney ou Warner Bros à plier bagage. Et il n’est pas exclu que l’élagage de ces arbres force les manifestants d’Universal à faire de même. Cela serait évidemment bénéfique pour le studio, pour qui le mouvement social est très problématique en termes d’image.

En plus de menacer la santé des grévistes et de nuire aux autres résidents de la zone, cette affaire pose aussi de nombreuses questions sur la gestion de l’espace public aux États-Unis, où les insolations sont déjà la première cause de mortalité liée à la météo— loin devant les tornades, les ouragans et les inondations. Il conviendra donc de suivre les retombées de cette histoire qui pourrait sembler anecdotique, mais qui est finalement pleine d’implications concrètes.

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