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Le conflit Israël-Palestine sur X : Bruxelles menace Elon Musk

La modération des contenus sur X est de nouveau dans l’œil du cyclone. Elle fait actuellement l’objet d’une passe d’armes entre l’Union européenne et Elon Musk, en plein conflit entre Israël et le Hamas.

Le Proche-Orient est de nouveau plongé dans une guerre depuis quelques jours. Un conflit qui, comme la guerre en Ukraine, se vit en direct sur les réseaux sociaux. Facebook ou X (anciennement Twitter) sont devenus un nouveau champ de bataille, inondé de photos et des vidéos par milliers. Le problème est que de nombreux contenus, présentés comme issues du conflit en Israël, sont faux. Des images d’archives, antidatées, issues de jeux vidéo ou accompagnés de légendes erronées, pullulent et il n’est pas toujours simple de faire le tri.

Le réseau social X est dans le viseur de Bruxelles

Face à la situation, le commissaire au numérique a décidé de prendre la parole. Dans une lettre directement adressée à Elon Musk, Thierry Breton menace X de plateformes pour diffusion de « contenus illégaux ». « Suite aux attaques terroristes du Hamas contre Israël, nous avons des indications sur l’utilisation de X/Twitter pour diffuser des contenus illégaux et de la désinformation dans l’UE », écrit Thierry Breton sur le réseau social. La lettre, datée du mardi 10 octobre, a notamment été diffusée sur X.

Directement cité, Elon Musk n’a pas esquivé le sujet et a répondu au commissaire au numérique directement sur X. « Notre politique est que tout soit ouvert et transparent, une approche que je sais soutenue par l’UE », rétorque le milliardaire. « Merci de dresser la liste des violations auxquelles vous faites allusion sur X, afin que le public puisse les voir », ajoute-t-il, avant de conclure par un « Merci beaucoup », en français dans le texte.

Thierry Breton réplique avec un « Vue, merci » avant d’ajouter en anglais. « Vous êtes bien conscient des signalements de vos utilisateurs – et des autorités – sur les faux contenus et l’apologie de la violence. C’est à vous de montrer que vous passez de la parole aux actes. Mon équipe reste à votre disposition pour veiller au respect du DSA [Digital Services Act] que l’UE continuera à appliquer rigoureusement ».

Le mot revient – à l’heure de ces lignes – à Elon Musk. « Nous agissons au grand jour. Il n’y a pas de tractations en coulisses. Veuillez nous faire part de vos préoccupations de manière explicite sur cette plateforme ».

<blockquote class=”twitter-tweet” data-conversation=”none”><p lang=”en” dir=”ltr”>We take our actions in the open. <br><br>No back room deals. <br><br>Please post your concerns explicitly on this platform.</p>&mdash; Elon Musk (@elonmusk) <a href=”https://twitter.com/elonmusk/status/1712091639131353202?ref_src=twsrc%5Etfw”>October 11, 2023</a></blockquote> <script async src=”https://platform.twitter.com/widgets.js” charset=”utf-8″></script>

Que dit cette lettre ?

Dans cette lettre, Thierry Breton et l’UE rappellent à Elon Musk « les obligations très précieuses » qui sont à sa gestion en matière de modération des contenus. Concrètement, il fait référence au règlement sur les services numériques (DSA).

« Tout d’abord, vous devez faire preuve d’une grande transparence et d’une grande clarté quant au contenu autorisé par vos conditions, et appliquer vos propres politiques de manière cohérente et diligente. Cela est particulièrement important lorsqu’il s’agit de contenus violents et terroristes qui semblent circuler sur votre plateforme. Les derniers changements que vous avez apportés aux politiques d’intérêt public du jour au lendemain ont laissé de nombreux utilisateurs européens dans l’embarras », peut-on lire dans la lettre.

« Deuxièmement, lorsque vous recevez des notifications de contenu illégal dans l’UE, vous devez agir rapidement, avec diligence et objectivité et retirer le contenu en question lorsque cela est justifié. Des sources qualifiées nous ont signalé que des contenus potentiellement illégaux circulaient sur votre service malgré les signaux d’alerte émis par les autorités compétentes », indiquer Thierry Breton.

Il ajoute : « Troisièmement, vous devez mettre en place des mesures d’atténuation proportionnées et efficaces pour faire face aux risques que la désinformation fait peser sur la sécurité publique et le discours civique. Les médias publics et les organisations de la société civile font largement état de cas d’images et de faits falsifiés et manipulés circulant sur votre plateforme dans l’UE, tels que de vieilles images réaffectées de conflits armés sans rapport avec le sujet ou des séquences militaires provenant en fait de jeux vidéo. Il s’agit manifestement d’informations fausses ou trompeuses. Je vous invite donc à vous assurer d’urgence que vos systèmes sont efficaces et à informer mon équipe des mesures de crise prises ».

Le commissaire au numérique termine en réclamant que « Compte tenu de l’urgence, j’attends également de vous que vous soyez en contact avec les autorités compétentes chargées de l’application de la loi et avec Europol, et que vous répondiez rapidement à leurs demandes ». Il demande « une réponse rapide, précise et complète à cette demande dans les prochaines vingt-quatre heures ». Dans le cas contraire, il avertit X en précisant « qu’à la suite de l’ouverture potentielle d’une enquête et d’une constatation de non-conformité, des sanctions peuvent être imposées ».

Ce n’est pas la première fois que Twitter et sa version X sous Elon Musk font l’objet de critiques. On observe aussi des tensions entre le milliardaire et la Commission européenne depuis le rachat du réseau social. Le responsable souffle depuis le chaud et le froid, alternant entre la mise en place d’une nouvelle politique de modération et le retrait du code de bonne pratique de l’UE contre la désinformation.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Elon Musk s’est aussi attiré de nombreuses critiques en invitant ses 160 millions de followers à s’informer via deux comptes connus pour diffuser de fausses informations. S’il a fait machine arrière en supprimant son post, celui-ci a pu être vu des millions de fois.

Rejoindre Bluesky, la provocation de Thierry Breton

La mise en garde de l’UE aurait pu s’arrêter là, mais Thierry Breton a décidé d’aller un peu plus loin. Sur X, il invite les internautes à quitter la plateforme d’Elon Musk pour le suivre sur Bluesky. Cette énième alternative à Twitter a le vent en poupe et se distingue en étant décentralisée. Le projet a été imaginé il y a quelques années par Jack Dorsey, alors dirigeant de Twitter.

« Bonjour! Même si l’herbe n’est pas (toujours) plus verte de l’autre côté, le ciel est parfois… plus bleu [Bluesky ou ciel bleu en français]. Restons en contact! », écrit-il dans un message accompagné d’une image de son profil Bluesky. Une publication qui intervient quelques heures seulement après le message adressé à Elon Musk.

Néanmoins, Bluesky n’a pas le poids de X et n’a jamais eu à faire face à des défis de modération comparable à ceux de la plateforme d’Elon Musk.

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1 commentaire
  1. Musk avait annoncé la couleur en virant tout ses modérateurs.
    X n’est qu’une plateforme en libre service sans filtres sauf éventuellement les sujets qui fâche le patron…

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