Connaissez-vous le fédivers ? Contraction des mots « fédération » et « univers », c’est un collectif décentralisé de serveurs fonctionnant en respectant les normes open-source. Cette structure permet une interconnexion fluide entre diverses plateformes, offrant ainsi aux utilisateurs la liberté de (se) suivre et d’interagir à travers différents réseaux sociaux. Comme l’explique Evan Prodromou, entrepreneur et technologue, « vous pouvez avoir un compte sur un service et poster sur d’autres services. Les autres peuvent lire vos publications ; ils peuvent se connecter à vous ».
La décentralisation au cœur du projet fédivers
Cette approche peut se comparer aux premiers jours d’internet, avant l’émergence de sites de médias sociaux centralisés. Elle rappelle la fonctionnalité de l’email, où différents domaines peuvent interagir sans entraves. Evan Prodromou, souvent crédité comme un des pionniers du fédivers, souligne que cette initiative vise à revenir à l’essence des réseaux sociaux : les relations humaines plutôt que les plateformes.
Avec l’arrivée de Meta et son application Threads dans le fédivers, la dynamique du réseau social ouvert est amenée à changer. Threads utilisera le protocole ActivityPub qui autorise la communication entre différents serveurs. Cette intégration n’est pas sans inquiéter de nombreux utilisateurs qui s’interrogent sur la conservation de l’esprit initial du fédivers face à l’influence d’une grande entreprise technologique.
Néanmoins, des experts, comme le scientifique Brian Keegan, voient dans cette intégration une opportunité d’élargir et d’enrichir le fédivers. Il explique que l’arrivée de Meta pourrait améliorer l’expérience utilisateur et attirer un plus grand nombre d’internautes. Toutefois, il existe une réticence au sein de la communauté du fédivers, des utilisateurs craignant que Meta n’altère l’intégrité et les valeurs de cet espace unique.
Le fédivers se distingue par son modèle de fonctionnement décentralisé qui offre aux utilisateurs un contrôle accru sur leurs interactions et leur contenu. Contrairement aux plateformes traditionnelles, il n’utilise pas d’algorithmes pour manipuler les flux d’informations. Les serveurs du fédivers, qui nécessitent évidemment des financements pour leur maintenance, ne dépendent pas principalement de revenus publicitaires, ce qui favorise une approche plus centrée sur l’utilisateur qui est invité à mettre directement la main à la poche.
Cette structure permet également une meilleure modération des contenus, réduisant l’exposition à la désinformation et aux discours haineux. Cependant, Brian Keegan met en garde contre le risque de création de « chambres d’écho » dans lesquelles les utilisateurs évoluent dans une bulle coupée du reste du monde. Des ajustements sociaux au sein du fédivers sont nécessaires pour maintenir un équilibre.
Threads a commencé son intégration dans le fédivers, en permettant aux utilisateurs de Mastodon (une des réalisations les plus connues du réseau décentralisé) de suivre une poignée d’abonnés Threads. Il reste encore beaucoup de travail avant de terminer la passerelle entre les deux réseaux sociaux, mais Meta donne clairement l’impression de vouloir y aller.
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