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En pleines élections, un deepfake de Joe Biden sème la zizanie aux États-Unis

Les États-Unis abordent une période électorale importante pour le pays et le reste du monde, et l’intervention d’un deepfake du Président montre qu’il va falloir être de plus en plus vigilant quant à l’impact sociétal de l’IA générative.

En novembre prochain, les citoyens des États-Unis se rendront aux urnes lors une élection sous haute tension, marquée par le retour aux affaires du sulfureux Donald Trump. Mais alors que le processus n’en est encore qu’au stade des primaires, qui permettent aux démocrates et aux républicains de choisir leurs futurs représentants, l’intelligence artificielle est déjà en train de jouer les trouble-fêtes. Une situation qui n’augure rien de bon pour la suite des événements.

Cela fait déjà un certain temps que des experts sonnent l’alarme par rapport à la menace que représentent les deepfakes, ces enregistrements audio ou vidéo altérés, voire entièrement générés par des systèmes IA pour usurper l’identité d’une personne. Le potentiel de désinformation massive associé à cette technologie est d’autant plus important en période électorale, dans un contexte où ces trucages sont devenus si sophistiqués que la majorité des humains n’est plus capable de les identifier.

Un deepfake met la pagaille dans le New Hampshire

Et c’est précisément ce qui est arrivé dans le New Hampshire, d’après un rapport de NBC News relayé par Reuters. Cet état du nord-est des États-Unis joue traditionnellement un rôle très important dans l’élection présidentielle. C’est notamment parce qu’il s’agit de la toute première région à voter lors des primaires. Un statut qui lui confère un poids stratégique considérable. Le New Hampshire peut être le point de départ d’un effet boule de neige susceptible de faire pencher significativement la balance en faveur du camp qui y sort vainqueur.

Ces derniers jours, de nombreux votants affiliés au parti démocrate ont reçu un étrange appel de Joe Biden en personne, qui les incitait à faire l’impasse sur le vote crucial de ce mardi. “C’est très important que vous gardiez votre vote pour les élections de novembre. Voter ce mardi ne ferait qu’aider les républicains dans leur quête de réélire Donald Trump”, expliquait-il.

Mais comme vous l’avez certainement déjà deviné, il ne s’agissait pas du véritable Président des États-Unis. Les votants ont été confrontés à un deepfake particulièrement convaincant, sans doute produit par un partisan d’un opposant qui souhaitait mettre des bâtons dans les roues du camp démocrate. Donald Trump, de son côté, a vigoureusement nié toute implication.

Un signal d’alerte pris très au sérieux

Heureusement, l’information a été débunkée par plusieurs médias locaux et le service de presse de la Maison-Blanche. Le démenti est arrivé assez rapidement pour que les électeurs qui sont tombés dans le panneau aient tout de même le temps d’aller voter. En revanche, il n’est pas exclu que cette supercherie numérique ait quand même eu un impact, notamment chez les personnes âgées qui pourraient avoir raté l’information.

Mais même si l’incident ne fera probablement pas basculer l’élection, il s’agit tout de même d’un signal d’alarme qui doit être pris très au sérieux. Il valide les craintes des garants de ces élections, et montre de manière criante comment ces nouveaux outils technologiques peuvent nuire très concrètement au processus démocratique.

D’autres élections majeures pourraient en faire les frais

Tout le monde va donc devoir en tirer les leçons qui s’imposent. Aux États-Unis, mais aussi dans le reste du monde. Car le pays de l’Oncle Sam n’est pas le seul à aborder une période électorale cruciale, dans un contexte d’instabilité géopolitique majeure à l’échelle de toute la planète. On peut par exemple citer l’élection du Parlement européen. Elle aura des implications pour tout le Vieux Continent et ses relations avec le reste du monde.

Il y aura aussi l’élection générale en Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde. Plus de 1 300 000 000 citoyens vont choisir leurs représentants locaux et les membres des deux chambres du parlement national. C’est un pays qui pèse de plus en plus lourd dans la géopolitique mondiale, et le résultat du vote pourrait là encore avoir des retombées significatives. Or, dans ces grandes puissances émergentes où l’accès à l’information et à l’éducation est généralement plus hétérogène qu’en Occident, l’impact d’un deepfake viral pourrait être d’autant plus important.

Au total, ce sont plus de deux milliards de personnes vont passer aux urnes en 2024. Il conviendra donc de prêter une attention toute particulière à ces nouveaux outils technologiques au potentiel destructeur considérable, surtout qu’ils vont sans doute continuer de se perfectionner au fil du temps.

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Source : Reuters

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