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Le record de temps passé dans l’espace est tombé !

Le Russe Oleg Kononenko a dépassé son compatriote Gennady Padalka, avec plus de 879 jours en orbite. Il en affichera plus de 1100 lorsqu’il rentrera sur Terre.

Un événement historique vient d’avoir lieu à bord de la Station spatiale internationale. À compter du 4 février 2024, l’astronaute russe Oleg Kononenko est officiellement l’être humain qui a passé le plus de temps dans l’espace. Il dépasse ainsi son compatriote Gennady Padalka, qui a accumulé 878 jours, 11 heures, 29 minutes et 48 secondes à bord de l’ISS entre 1998 et 2015.

Kononenko en est actuellement à son cinquième voyage près des étoiles, soit autant que Padalka au terme de sa carrière. Il y est arrivé en septembre dernier pour une mission d’un an. Lorsqu’il reposera le pied sur la Planète bleue, son compteur affichera donc 1110 jours — la première fois qu’un astronaute atteint les quatre chiffres. Mis bout à bout, cela représente plus de trois années complètes en orbite. À titre de comparaison, notre Thomas Pesquet national a passé un total de 196 jours, 17 heures et 49 minutes dans l’espace.

Un combat constant contre les forces de la nature

Il est de notoriété publique que les astronautes sont parmi les humains les plus qualifiés au monde. Ils doivent disposer d’aptitudes physiques comparables à celles d’un athlète professionnel, d’un bagage technique extrêmement solide dans une ou plusieurs disciplines techniques et/ou scientifiques (physique, biologie, ingénierie…), et bien entendu d’un mental d’acier. Et même si les candidats se bousculent au portillon, seuls quelques individus aux profils particulièrement exceptionnels sont retenus. Et même les heureux élus ne sont pas tous logés à la même enseigne. Rejoindre le corps des astronautes d’une agence spatiale ne suffit pas à s’assurer une longue carrière ; seuls les plus fiables et compétents peuvent y prétendre. Être sélectionné à cinq reprises est donc déjà un sacré exploit.

Mais la difficulté ne s’arrête pas là. En effet, la physiologie humaine n’est pas bien adaptée à ces conditions de microgravité. Puisque l’influence gravitationnelle de la Terre est moindre à 400 km d’altitude, la distribution des fluides dans l’organisme change considérablement, avec des conséquences importantes pour l’organisme. La pression intracrânienne augmente, le fonctionnement des reins et des yeux sont affectés, et ainsi de suite. En outre, cela contribue aussi à la perte de masse osseuse qui est souvent diagnostiquée au moment du retour sur Terre.

Oleg Kononenko
Oleg Kononenko à bord de la Station spatiale internationale en 2008. © NASA

Mais le facteur le plus important à ce niveau, c’est tout simplement le fait que les astronautes ne reposent pas sur leurs deux jambes pendant toute la durée du séjour. Les muscles ont donc tendance à s’atrophier, et l’équipage doit donc s’astreindre à des sessions d’exercice quotidiennes pour limiter ce déclin inévitable. Les astronautes ont donc besoin d’un minimum de plusieurs mois pour récupérer entièrement, et même parfois de plusieurs années lorsqu’il s’agit de missions longues. Pouvoir encaisser autant de temps en orbite n’est donc pas donné à tout le monde.

En plus de ce tribut physique, les astronautes doivent aussi payer une grosse facture psychologique. Le premier élément, c’est la séparation totale avec le reste de l’humanité, et surtout avec les proches. « En rentrant à la maison, je réalise que mes enfants ont grandi sans leur papa pendant des centaines de jours. Personne ne pourra me rendre ce temps », a expliqué Kononenko à l’agence de presse russe TASS. Les anciens voyageurs de l’espace doivent aussi vivre en sachant qu’ils ont bien plus de chances de développer un cancer que le reste de la population. Car malgré la présence de boucliers spécialement prévus à cet effet, l’ISS est aussi beaucoup plus exposée aux radiations cosmiques que la surface de la Terre.

Une dévotion au service de l’humanité

Malgré toutes ces contraintes, les astronautes n’hésitent pas à donner de leur personne pour faire progresser la science. Un dévouement qui bénéficie évidemment au futur de l’exploration spatiale, mais aussi au quotidien de tous les terriens. Même si ces contributions peuvent parfois sembler abstraites et anecdotiques, c’est loin d’être le cas. Par exemple, les recherches menées à bord de l’ISS ont déjà permis de nombreuses avancées dans en médecine, sur des thèmes tels que l’ostéoporose, les maladies cardiovasculaires…

Cette belle aventure touche cependant à sa fin. À l’horizon 2030, l’ISS va être mise à la retraite lors d’un saut de l’ange flamboyant après environ trois décennies de bons et loyaux services. Il est donc plus ou moins acquis que Kononenko conservera le record de temps passé à bord de l’ISS, puisque c’est là que se sont déroulées toutes ses missions.

En revanche, il est presque certain que son record de temps passé dans l’espace finira par tomber un jour. L’humanité est embarquée dans une nouvelle course à l’espace, et de plus en plus d’acteurs gouvernementaux et privés cherchent à normaliser la vie en orbite et sur d’autres planètes. On pense par exemple à Elon Musk et à son projet de fonder une colonie permanente sur Mars. Et grâce aux progrès technologiques auxquels nous assistons en ce moment, une nouvelle génération d’astronautes qui a grandi en suivant les aventures de Kononenko et ses collègues à bord de l’ISS pourra bientôt prendre le relais.

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