Mais pourquoi la plateforme Etsy déclare la guerre aux fanfictions ?

Qu’il s’agisse du Seigneur des Anneaux, de Harry Potter ou de Batman, et même des One Direction il y a quelques années, presque tous les phénomènes culturels ont eu droit à leur lot de fanfictions. Ces aventures parallèles imaginées par les fans, bien souvent adressées aux adolescents, sont devenues un moyen de rendre hommage aux œuvres. L’occasion pour une communauté de s’approprier l’univers d’un auteur, en explorant des pistes narratives écartées de l’histoire originale.

Si elles se cantonnent généralement à une existence numérique sur les forums dédiés, certaines fanfictions trouvent un succès inattendu. C’est par exemple le cas de la saga érotique 50 nuances de Grey, d’abord présentée comme une suite à l’histoire d’amour tumultueuse de Bella Swan et Edward Cullen dans Twilight. Avec l’explosion des plateformes de lecture en ligne, les fanfictions se sont imposées comme un genre à part entière, souvent relié au phénomène Dark Fantasy.

Qui veut la peau des fanfictions ?

Sur Etsy notamment, les produits dérivés à l’effigie de Dramione (histoire d’amour fantasmée entre les personnages de Hermione Granger et Draco Malefoy) ont pignon sur rue. Pour plus d’une centaine de dollars, il est aussi possible de s’offrir des versions physiques des fanfictions les plus appréciées des lecteurs et des lectrices. Des versions plus ou moins luxueuses en fonction des vendeurs, qui cartonnent sur le site de vente en ligne.

Le problème, c’est que les auteurs de ces fanfictions n’ont pas les droits nécessaires pour vendre de genre de productions. Si l’industrie s’est toujours montrée tolérante face aux récits de fans en ligne, leur monétisation passe beaucoup moins. Le cas avait déjà été soulevé en 2022, alors que le projet The Bridgerton Musical prenait de l’ampleur. D’abord présenté comme un simple compte TikTok de fan reprenant en chanson l’univers de la série Netflix La Chronique des Bridgerton, le show avait finalement remporté un Grammy Awards du meilleur album de comédie musicale, et projetait de partir en tournée à Londres. De quoi pousser Netflix à sévir, en portant plainte contre ses créatrices Abigail Barlow et Emily Bear.

Les fanfictions écrites n’échappent pas à la règle. Si bon nombre d’auteurs et autrices se sont ouvertement positionnés en faveur du genre, d’autres apprécient moins l’exercice, à l’image des ayants droits de J.R.R. Tolkien, qui poursuivaient un auteur pour avoir commercialisé des fanfictions basées sur la série Le Seigneur des Anneaux (ce dernier les avait au préalable attaqués pour vol de droit d’auteur, estimant que les descendants de Tolkien avaient volé son idée sur le spin-off des Anneaux de Pouvoir).

Voler des fanfictions, la nouvelle tendance Etsy

Si les fanfictions   souffrent déjà d’un certain flou juridique, cette nouvelle tendance née sur Etsy vient enfoncer encore un peu le clou. Repérée par le média américain 404, elle consiste pour des relieurs, artistes, ou des entrepreneurs dans l’âme, à faire imprimer des fanfictions ne leur appartenant pas, pour les revendre ensuite à prix d’or. Parfois, la reliure luxueuse apporte une valeur ajoutée au produit. Parfois, il s’agit d’une simple auto-édition. Dans tous les cas, le phénomène ne passe pas chez les auteurs, qui se retrouvent, eux aussi, confrontés à ses violations de propriété intellectuelle. Sur Reddit, l’artiste Onyx Elm a ainsi pris la décision de supprimer l’ensemble de ses productions lié au fandom Dramione, jusqu’à présent accessible gratuitement en ligne.

Sur certaines pages de vente, la notion de droit d’auteur semble être un concept assez brumeux. Ainsi, un vendeur explique en guise de justification : “Cette fanfic a été abandonnée par l’auteur original pendant plus d’une décennie et elle est si éloignée de sa source qu’elle est considérée comme une parodie. Je ne serai pas poursuivi pour cela, ni personne d’autre, et l’auteur de la fic originale n’en pâtira pas“. Pas sûr que cela suffise devant un tribunal.

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