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Des méduses cyborg pour explorer l’océan à notre place

L’humanité n’a exploré qu’une infime portion du volume des océans, et il nous reste des tas de choses à apprendre sur cet environnement indispensable à la vie. Des cyber-méduses pourraient changer la donne.

Des chercheurs américains ont dévoilé un projet assez insolite mais très intéressant : créer des méduses cyborg pour explorer les régions les plus inaccessibles des océans.

Contrairement à certaines autres espèces marines comme les orques ou les seiches, qui affichent des capacités cognitives assez incroyables, les méduses ne brillent pas franchement par leur intelligence. Elles disposent d’un système nerveux extrêmement rudimentaire qui ne comprend même pas de cerveau à proprement parler, et ça se sent ; ces animaux ne peuvent pas faire grand-chose de leur journée à part manger et se reproduire. Même leur capacité à nager est assez limitée, et elles sont largement tributaires des courants.

En revanche, leur anatomie particulière fait qu’elles sont capables de s’aventurer dans pratiquement toutes les régions de l’océan. C’est un superpouvoir qui intéresse beaucoup les chercheurs de Caltech, une prestigieuse université de recherche américaine, et tout particulièrement le professeur d’ingénierie mécanique John Dabiri. Avec son équipe, il essaie de transformer des méduses en véritables drones biologiques en les « améliorant » avec différents appareils électroniques.

Des méduses à la sauce Cyberpunk

La pièce maîtresse, c’est une sorte de chapeau en matériaux composites qui se place directement sur l’ombrelle de la méduse. Cette structure a pour effet d’augmenter leurs performances hydrodynamiques — l’équivalent aquatique de l’aérodynamique. Par conséquent, les individus ainsi coiffés peuvent nager de manière plus efficace.

Mais le vrai intérêt de ce couvre-chef imprimé en 3D, c’est qu’il peut héberger une grande variété de composants électroniques. Par exemple, l’équipe y a intégré une sorte de pacemaker testé par Dabiri plus tôt dans sa carrière. Il délivre de minuscules impulsions électriques au niveau du centre nerveux qui gère la fréquence des ondulations ; en pratique, cela permet d’accélérer la vitesse de déplacement de la méduse sans les faire souffrir. « Puisque ces méduses n’ont pas de système nerveux central ou de récepteurs à la douleur, nous pouvons faire cela sans leur infliger de souffrance », explique Dabiri.

Et contrairement à ce que suggère l’intuition, cela n’a pas pour effet d’épuiser les cobayes. C’est même tout le contraire, car le mode de déplacement des méduses est incroyablement efficient ; le coût en énergie de ces mouvements augmente nettement moins vite que la vitesse. « Une méduse qui nage trois fois plus vite qu’en temps normal n’utilise que deux fois plus d’énergie », expliquent les auteurs. Or, puisqu’une méduse se nourrit par filtration, elle peut collecter davantage de nutriments par unité de temps en nageant plus vite, ce qui rend cette approche viable sur la durée.

Une nouvelle façon d’explorer les océans

Ce chapeau peut aussi héberger de nombreux capteurs pour mesurer la température, la salinité, la concentration en oxygène, et un tas d’autres variables pour documenter la dynamique de l’océan. Ce sont des données extrêmement importantes, notamment dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Or, les humains ont énormément de mal à avoir une bonne vision d’ensemble, notamment parce qu’il est très difficile de collecter des informations dans les régions les plus profondes. Dabiri veut donc s’appuyer sur ces méduses cyborg pour combler cette lacune.

« Il est de notoriété publique que les océans sont critiques pour déterminer le climat des continents. Et pourtant, nous savons étonnamment peu de choses dessus, surtout sur les régions les plus éloignées de la surface », explique-t-il. « Nous voulons résoudre le problème avec un concept original, inspiré par l’un des rares animaux qui ont réussi à explorer l’intégralité des océans ».

« On sait que les méduses peuvent survivre à de grandes profondeurs, à des pressions que même les systèmes les plus sophistiqués ont du mal à encaisser. Grâce à ces animaux, on peut donc espérer couvrir les portions les plus profondes de l’océan, et l’étudier sur des durées suffisamment longues pour mieux comprendre le lien entre l’océan, le changement climatique, et l’impact des humains sur cet environnement », conclut-il. « J’ai vraiment hâte de voir ce que l’on pourra apprendre en observant ces régions de l’océan pour la première fois. »

Le texte de l’étude est disponible ici.

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Source : Caltech

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